Des experts veulent renforcer le soutien de l'OMS
La question des urgences sanitaires est fondamentale dans la gouvernance sanitaire en Afrique. Selon certaines études, l’Afrique représente plus de la moitié des urgences sanitaires dans le monde. C’est pour cette raison que la Direction régionale des urgences a regroupé une quinzaine d’experts à Pointe Sarène, pour recueillir leurs conseils.
Une quinzaine d’experts sanitaires africains et du monde sont en conclave, au Sénégal, pour réfléchir sur la gestion des urgences sanitaires en Afrique. Cette rencontre, organisée par la Direction régionale des urgences en Afrique, a pour objectif de mettre à profit l’expérience de ces professionnels de la gouvernance sanitaire pour une meilleure gestion de la question dans la zone.
Selon Abdou Salam Guèye, ‘’c’est une rencontre d'experts qui ont été choisis parmi un lot assez important de plus de 600 experts en Afrique, pour venir conseiller notre directrice régionale en matière d'urgence. Quand on parle d'urgence, c'est la prévention, la préparation, la réponse et le recovery en cas d'urgence. Ils vont travailler sur des thématiques qui englobent les ressources humaines, la préparation et surtout les aspects de financement des urgences. Et ce sont des conseils qui seront transmis à notre directrice régionale pour que ça soit mis en œuvre’’.
En effet, le directeur régional des Urgences en Afrique explique que l’Afrique est une zone très touchée par les urgences sanitaires. Dans ce sens, M. Guèye renseigne qu’une ‘’partie de ces situations est liée à des épidémies. Il y a d'autres parties qui sont liées à des catastrophes, que ça soit des catastrophes naturelles ou bien créées par les êtres humains’’. Il précise aussi que l’Afrique représente plus de la moitié des urgences sanitaires dans le monde. Et c’est pour cette raison que l’OMS est beaucoup impliquée dans la gestion de ces situations d’urgence dans cette zone plus ou moins défavorisée financièrement. ‘’Comme on sait que l'Afrique n'a pas beaucoup de ressources, le rôle de l'OMS devient beaucoup plus important. On travaille avec nos 47 pays membres pour les accompagner dans la détection, la préparation et la réponse des urgences. La plupart du temps, 80 % des urgences en Afrique sont liées à des maladies et 20 % à des catastrophes’’.
Spécifiquement, le cas du Sénégal n’est pas très spécial. ‘’Le Sénégal a le même statut que les autres pays en Afrique. Mais dans la moyenne, le Sénégal a beaucoup d'urgences qui sont liées aux maladies sur les 20 dernières années’’.
Mais, assure M. Guèye, ‘’ceci ne montre pas seulement que le Sénégal est plus vulnérable, c'est aussi parce que le Sénégal a un système de détection des urgences qui est assez efficace et des laboratoires tels que l'Institut Pasteur qui permettent de détecter presque toutes les urgences’’.
En ce qui le concerne, le ministre de la Santé, Ibrahima Sy, venu présider la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, a annoncé ses attentes par rapport aux résultats. ‘’Nous attendons des recommandations fortes, réalistes, innovantes et mesurables. Parce que quand nous parlons des questions d'urgence sanitaires en Afrique, les questions qu’on se pose sont : nos systèmes sanitaires sont-ils très bien préparés ? Est-ce que nos populations sont bien informées ? Est-ce que nos personnels de santé sont bien sensibilisés par rapport à cette question pour réagir à temps ?’’. Pour le ministre de la Santé et de l’Action sociale, la question des urgences sanitaires est gérée à un niveau central, ‘’alors qu'aujourd'hui, quand on parle de la riposte, elle doit se faire aussi au niveau local’’.
Donc, indique-t-il, ‘’on doit s'assurer aussi qu'au niveau local, on a tous les dispositifs : le personnel de santé qui maîtrise le protocole et toutes les procédures qui permettent de réagir à temps et d'éviter au maximum les risques beaucoup plus importants pour les populations. Cela se fera surtout avec l'aide de nos partenaires techniques et financiers, dont l'OMS, mais aussi une bonne prise en charge des besoins des structures de santé dont les postes de santé, les centres de santé qui sont dans le domaine primaire, parce qu'il faut que les structures sanitaires prennent en charge cette dimension des soins de santé primaires qui concernent à peu près 65 % de la population’’.
Donc, ‘’j'attends d'avoir des résultats satisfaisants pour voir comment les intégrer dans notre dispositif de gestion des urgences, parce qu’au Sénégal, on a le Centre d'opération d'urgences sanitaires qui est là, mais moi je trouve qu'il est à un niveau très central et on a besoin de décentraliser la gestion des urgences sanitaires au niveau de nos collectivités territoriales à travers les postes de santé et les centres de santé, en passant par les hôpitaux’’, a annoncé le ministre.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)