Publié le 24 Jul 2025 - 13:46
TRAITE DES PERSONNES À DES FINS D'EXPLOITATION SEXUELLE DANS LES ZONES AURIFÈRES    

Une prévalence de 51 % à  Kédougou

 

 

Le Centre de recherche et de sensibilisation sur la traite des personnes (Cenhtro) a publié, hier, les résultats de l'étude de  prévalence sur la lutte contre l'exploitation sexuelle dans les zones aurifères   de Kédougou. Menée en 2024, cette étude vise à engager les parties dans des discussions collaboratives sur les stratégies visant à maintenir les acquis du programme, à intégrer les approches efficaces dans les systèmes nationaux  et à améliorer l'efficacité de la lutte contre l'exploitation sexuelle. Il ressort que la prévalence de la traite des personnes à des fins d'exploitations sexuelles a augmenté en chiffres à Kédougou,  soit 51 % par rapport à l'étude réalisée  en 2021.

 

Le Centre de recherche et de sensibilisation sur la traite des personnes (Cenhtro) a réuni, hier, toutes les parties prenantes afin de divulguer les résultats de l'étude, dans le cadre de la lutte contre l'exploitation sexuelle dans les zones aurifères de Kédougou. L'étude finale de 2024 a révélé que sur les 842 femmes impliquées dans le commerce du sexe,  âgées de 18 à 30 ans interrogées, 51 % ont été identifiées comme victimes d'exploitation sexuelle, soit une augmentation notable de 30 % par rapport à l'étude de référence de 2021.

Cette dernière indiquait que sur 561 femmes impliquées dans le commerce du sexe, âgées de 18 à 30 ans interrogées, 20 % étaient victimes d'exploitation sexuelle dans les départements de Kédougou et de Saraya.

D'après l'étude, la plupart des cas d'exploitation sexuelle proviennent du Nigeria (82 %) et du Sénégal (10 %). Ces chiffres étaient respectivement de 68 % et de 13 % dans l'étude de référence.  

Malgré les résultats de l'enquête, certaines parties prenantes estiment que l'exploitation sexuelle a augmenté, tandis que d'autres affirment qu'elle a diminué, alors qu’une bonne partie a laissé entendre que ce phénomène demeurait un problème récurrent.

Vulnérabilité sociale et victime de coercition

L'étude révèle que les conditions de vie inadaptées avant l'exploitation sexuelle, à l'exemple de l'absence d'une alimentation correcte et de l'habitat dans des logements vétustes, sont identifiées comme facteurs incitant les femmes à rechercher des sources de revenus comportant des risques, augmentant ainsi l'exposition à la manipulation par les trafiquants.

Pire encore que ne le révélait l'étude de référence, les pratiques d'exploitation par le travail utilisées par les trafiquants pour contrôler les victimes et les empêcher de partir, demeurent les suivantes : salaires retenus, confiscation d’effets personnels, intérêts excessifs sur les prêts, prix exagérés sur les biens et les services. L'étude montre que 21 % des victimes ont été contraintes de vivre dans des logements fournis par l'employeur, dont la plupart étaient en mauvais état ; 57 % des victimes de la traite sexuelle à Saraya et à Kédougou ont déclaré avoir été contraintes à des actes sexuels pour rembourser des dettes.  Seuls 40 % des victimes avaient le contrôle  de leurs revenus, contre 52 % des non- victimes,  illustrant le contrôle financier exercé par les trafiquants. Les victimes ont également déclaré avoir subi des violences physiques de la part de leurs partenaires intimes.

Défis d'amélioration et de stratégies efficaces

Les personnes interrogées dans l'enquête ont mis l'accent sur la nécessité d'améliorer les soins et les services d'hébergement. "Si de nombreuses survivantes ont reçu des soins médicaux et un soutien psychologique, d'autres ont indiqué que les services étaient inadéquats ou difficiles d'accès".

L'enquête souligne la nécessité d'améliorer la communication avec les victimes, car les barrières linguistiques ont été mentionnées à la fois par les agents chargés de l'application de la loi aux frontières et par les travailleurs sociaux. L'étude note également la nécessité de faire en sorte que les victimes se sentent à l'aise et en sécurité pour dénoncer  les trafiquants et témoigner contre eux, et qu'elles ne craignent pas les représailles des trafiquants si elles les dénoncent.

Recommandations

Les parties prenantes ont émis des recommandations pour chacun des volets de la lutte contre la traite des personnes à des fins d'exploitation sexuelle. Elles ont suggéré l'identification et le soutien des initiatives prises au niveau local pour renforcer la coopération policière et judiciaire par des contacts interpersonnels, l'échange de renseignements et d'informations opérationnelles entre les acteurs. Les parties prenantes ont souligné la nécessité d'augmenter la capacité d'hébergement, d'améliorer le cadre physique et de renforcer les  équipements des centres d'accueil de Kédougou.

Elles ont aussi mis l'accent sur la promotion d'un engagement financier substantiel en faveur de la résilience et de l'épanouissement personnel et socioéconomique des victimes, grâce à un soutien gouvernemental et communautaire aux moyens de subsistance, à la génération de revenus, en impliquant les acteurs du secteur minier.

L'atelier de partage des résultats de l'étude finale a été marqué par la présence du représentant du ministère de la Justice, du gouverneur de Kédougou, de l'ambassade du Nigeria au Sénégal ainsi que plusieurs acteurs intervenant dans les zones aurifères de Kédougou.

F.BAKARY CAMARA

Section: 
DISTINCTION À L'ÉTRANGER : Cheikh Tidiane Gaye reçoit le titre de Docteur Honoris Causa en Roumanie
RAPPORT SUR L’UTILISATION DE MÉDICAMENTS CONTAMINÉS : Un fléau mondial
DÉMANTÈLEMENT D’UN RÉSEAU DE FAUSSAIRES À RUFISQUE La police de Rufisque arrête sept individus, dont trois retraités
JUGÉE POUR MAINTIEN FRAUDULEUX DANS UN SYSTÈME INFORMATIQUE Awa Ba évoque un conflit conjugal avec son ex-mari employeur
RECRUTEMENT DE 500 ENSEIGNANTS : Une avancée jugée insuffisante par le Sudes-ESR
RUPTURE TARIFAIRE DANS LES MÉDIAS : Quand la souveraineté fiscale du Sénégal bouscule les géants de l’audiovisuel
CYBERCRIMINALITÉ : Le doyen des juges inculpe Kocc Barma
Usage de chanvre indien
Trafic drogue - vol et violence à Thiès
175 kilos de chanvre saisis
AFRICA 7 AU CŒUR D’UN SCANDALE : Oumou Wane dénonce une “escroquerie en bande organisée”
Cames - université de Ziguinchor
Trafic de faux médicaments
Compétitivité portuaire : L’intégration régionale s’impose désormais comme un impératif stratégique, estime un responsable
NOUVELLE PROMOTION SORTIE DU CFJ : Trente-cinq nouveaux magistrats prêtent serment
SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : 91 millions de malades par an en Afrique, 137 000 morts
« RIMES DE LA RENAISSANCE » – HISTOIRE RAPPÉE : Contre l’oubli et la méconnaissance des héros nationaux
APRÈS PLUS D'UN MOIS DE CAVALE Pathé Baldé, qui a été interpellé avant-hier, sera déféré aujourd'hui
GRÈVE DANS LA JUSTICE : Ousmane Diagne sonne la fin de la récréation
RECRUTEMENT MASSIF À L’UNIVERSITÉ : Un premier pas vers la réforme ?