L’État lance le projet d’accompagnement des déplacés de retour au bercail
Maimouna Dièye, Ministre de la Famille et des Solidarités, a procédé, samedi dernier, au lancement du Projet d’accompagnement des déplacés de retour en Casamance (PADC), qui vise essentiellement à faciliter la réinsertion de nos compatriotes ressortissants de la Casamance, contraints par le conflit de quitter leur terre, leurs maisons et souvent une partie d’eux-mêmes pour préserver leurs familles.
Selon Madame la Ministre, ce projet est né de la vision du chef de l’État Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui a mis en place un plan ambitieux pour la Casamance, dénommé le Plan Diomaye pour la Casamance. Ce projet a été adopté par le Conseil interministériel du 8 octobre 2024 pour un coût global de 53 629 248 187 F CFA.
Madame Dièye a rappelé que le conflit casamançais a entraîné la désertion de nombreuses localités de cette partie du Sénégal, avec des populations déplacées qui ont trouvé refuge dans d’autres contrées à l’intérieur du pays ou dans des localités de pays voisins. Mais à la suite de l’amélioration considérable des conditions de sécurité dans la zone, beaucoup d’entre elles (parfois absentes depuis plusieurs décennies) ont décidé de revenir sur leurs terres d’origine.
Elle a, à cette occasion, indiqué que le Plan Diomaye pour la Casamance est articulé aux orientations de l’Agenda national de transformation Sénégal 2050 qui promeut, entre autres, la consolidation de l’unité nationale et des solidarités à travers différents axes stratégiques relatifs notamment à la mise en place d’un système de santé performant et accessible à tous, au renforcement de l’accès aux services sociaux de base, au soutien à l’économie sociale et solidaire, à la promotion des modes de production et de consommation durables, et à la mise en place d’infrastructures de connectivité.
« Le Projet d’accompagnement des personnes déplacées de retour en Casamance (PADC) vise à contribuer à l’atteinte des objectifs stratégiques déclinés dans le Plan Diomaye pour la Casamance, dont la finalité est manifestement la restauration, voire le renforcement, de l’équité sociale et territoriale favorisant le sentiment d’appartenance à une même nation et entretenant la flamme de l’unité et de la cohésion nationale’’, a fait savoir Maimouna Dièye.
La ministre s’exprimait en présence des autorités administratives, militaires, politiques, religieuses, coutumières, des responsables de la société civile, des partenaires techniques et financiers, mais également des populations, notamment déplacées.
Pour elle, le PADC s’inscrit dans la continuité et la consolidation des actions du Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma), pour accompagner la réinstallation des familles déplacées, initiées entre 2017 et 2023 dans les régions de Ziguinchor (notamment à Bissine, Mahmouda, Effock, Santhiaba Manjaque, Djirack et Youtou) et de 23 villages appartenant aux communes de Djibanar, de Kaour, de Yarangbalante et de Simbandi Balante (département de Goudomp) dans la région de Sédhiou.
Pour 2025, le projet cible un total de 992 ménages
La cérémonie de lancement a servi de cadre à Madame la Ministre pour procéder à la réception de matériaux de construction pour 133 ménages déplacés de retour ainsi qu'à la remise de trois ambulances médicalisées : une pour l’hôpital de La Paix de Ziguinchor, une pour la commune de Djibidione (département de Bignona) et une pour la commune de Diaobé Kabendou (région de Kolda).
Maimouna Dièye a révélé que pour l’année 2025, le projet cible un total de 992 ménages des régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, qui seront dotés de matériaux de construction, de latrines, d’équipements d’allègement de travaux et d’aménagement de périmètres maraîchers et agricoles pour le développement d’activités génératrices de revenus, notamment à travers l’agriculture et des activités connexes.
‘’En somme, le projet vise à contribuer au relogement des populations déplacées de retour par la fourniture de matériaux de construction pour des habitats permanents, l’accès à des soins de santé de qualité, à l’eau potable, à la scolarisation, à la pratique de cultures vivrières et à l’écoulement de leurs produits, à l’accès aux services numériques et téléphoniques ainsi qu’au désenclavement à travers la construction de pistes’’, a-t-elle précisé.
Elle a poursuivi qu’en ce qui concerne l’autonomisation économique des femmes, le Puma s’engage à créer des projets socioéconomiques agricoles, pastoraux et de transformation des produits locaux pour la promotion économique des jeunes et l’autonomisation des femmes. Le but étant de rendre progressivement ces communautés résilientes et autosuffisantes en élargissant leurs possibilités d’initiatives.
La ministre de la Famille et des Solidarités renseigne qu’à travers le PADC/Phase pilote 2024-2025, d’un coût total de 4 698 000 000 F CFA, les populations qui sont en train de revenir chez elles après des années d’absence peuvent se sentir rassurées. Car ces moments de retour, aussi chargés d’espoir soient-ils, ne sont pas sans défis. Mais c’est aussi une chance : celle de se reconstruire et de retrouver la chaleur d’une communauté solidaire. Elle a également souligné que ce projet occupe une place de choix dans le plan d’actions prioritaires du Plan Diomaye pour la Casamance et a salué la synergie avec l’Anrac qui contribue à une mise en œuvre efficace du PADC.
‘’À vous déplacés de retour qui avez traversé l’épreuve de l’exil, je veux d’abord dire ceci : vous n’êtes pas seuls. Aujourd’hui, c’est une nation entière qui se tient à vos côtés, consciente de vos souffrances et déterminée à vous soutenir dans cette transition. Votre courage et votre résilience sont une leçon pour nous tous. Notre engagement est clair : il s’agit non seulement de vous réinstaller dans des conditions dignes et sûres, mais aussi de favoriser votre autonomisation’’, a-t-elle promis.
De son avis, la Casamance a toujours été une région d’une richesse humaine, culturelle et naturelle exceptionnelle. Et le retour à une paix définitive et à la prospérité est un défi national qu’il incombe de relever ensemble. ‘’À travers vos histoires de résilience et votre aspiration à vous reconstruire, c’est tout un peuple qui trouve l’inspiration de continuer à croire en un avenir meilleur. Chaque pas que nous faisons aujourd’hui est un pas vers une Casamance où il fait bon vivre, une Casamance réconciliée avec elle-même. Nous serons là à chaque étape pour marcher avec vous. Ensemble, faisons de ce retour des personnes déplacées un véritable renouveau’’, a-t-elle conclu.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)