400 milliards d’argent sale blanchis dans la sous-région
Le trafic de cocaïne dans la sous-région ouest africaine est plus que jamais florissant. Selon les experts, 900 millions de dollars annuels dont environ 400 millions sont blanchis régionalement.
‘’De par son mode opératoire spécial et l’ingéniosité de ses auteurs, la criminalité organisée traverse facilement les frontières et emprunte les mêmes moyens mis au service du développement et du bien-être des populations’’. Selon le représentant régional de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Pierre Lapaque, ''l’immensité et la porosité des frontières, la lenteur et la complexité des procédures judiciaires, l’absence ou les difficultés de coopération policière et judiciaire entre les États de la région sont les meilleurs alliés de la criminalité transnationale organisée’’.
Prenant part à la réunion d’experts d’Afrique de l’Ouest sur un mécanisme régional de poursuites judiciaires en matière de criminalité transnationale organisée ouverte depuis hier à Dakar, et devant prendre fin le 21 novembre prochain, Pierre Lapaque soutient : ''L’Afrique de l’Ouest est devenue au cours des dernières années une zone de consommation et même de production de drogue, au vu des dernières découvertes faites dans la région, en particulier au Nigeria et en Guinée en ce qui concerne les drogues de synthèse’’. Poursuivant son exposé, il confie que ''les estimations financières des bénéfices générés par le trafic de cocaïne dans la région s’élèvent à environ 900 millions de dollars annuels dont environ 400 millions sont blanchis régionalement''.
20 000 armes introduites dans la sous-région
Selon ses estimations, ''c’est ainsi près de 1,3 milliard de pertes pour les économies des pays de la région dans les secteurs de la santé, du travail et autres''. Par ailleurs, M. Lapaque soutient qu'‘’environ 10% des médicaments qui circulent dans la région sont contrefaits et, comble d’ironie, nuisibles à la santé, avec dans certains pays des pics à plus de 30%’’. Pour ce qui est des armes à feu, ''ce sont 10 à 20 000 qui ont été introduites dans la sous-région à la suite du conflit libyen et plus d’une cinquantaine d’actes de piraterie commis en une seule année’’.
Face à ce tableau du reste sombre, le ministre de la Justice sénégalaise qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cette réunion, a jugé nécessaire l’instauration d’une coopération pour pouvoir lutter efficacement contre ce phénomène. Il s’agira pour les pays ouest africains, selon Aminata Touré, ‘’en mutualisant leurs expériences et leurs pratiques, de réfléchir sur la meilleure stratégie permettant à leurs systèmes judiciaires de coopérer, de s’entraider et de lutter ensemble contre ce fléau des temps modernes’’. ‘’Nous devons alors tous nous mobiliser, mettre davantage en commun nos ressources qui sont par ailleurs limitées dans le cadre de nos pays individuels mais, également, mettre en commun nos moyens pour mener à bien une lutte sans répit contre la criminalité transnationale organisée’’, a-t-elle insisté.
Revenant à la charge, Pierre Lapaque a proposé, pour lutter plus efficacement contre ce phénomène, la mise en place de réseaux transfrontaliers cohérents et efficaces de coopération policière et judiciaire. Cette coopération doit, selon lui, ‘’se faire conformément à la Loi, dans le respect des droits humains et de la souveraineté de chaque État’’.
Allant plus loin, la présidente de la Cour de justice de la Cdeao, Awa Nana Daboya, a appelé les juridictions nationales à s’engager avec toute la volonté nécessaire dans la mise en œuvre de l’arsenal juridique que concocte l’organisme sous régional pour réprimer ces crimes transnationaux.
ASSANE MBAYE
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