Aïdara, (é)chèques et mat…
«Nos soucis d’argent vont commencer», devrait-on ironiser au sujet d’un ancien président passé pour être un distributeur automatique de milliards, un fleuve qui ne tarit pas, même coupé à la source.
L’ancien chef de l’Etat est riche. Immensément riche et ce n’est pas le diffamer que de le dire. «900 millions à Samuel Sarr - 400 millions à Madické Niang - 600 millions à Aïdara Sylla - 50 millions pour l’Institut libéral - 25 millions pour les militants…» Des chiffres qui donnent froid dans le dos. Surréalistes même ! Car celui qui peut décaisser en une fois autant d’argent sans disposer d’une caisse noire, doit être nécessairement assis sur une fortune. Inépuisable. Digne des aventures d’un pauvre bûcheron dans un récit des Mille et Une Nuits.
Macky Sall et ses alliés ont compris, ils ont tout compris, d’où leur volonté d’anticiper l’effet d’une bombe à retardement entre les mains des libéraux. Une arme de destruction massive qui risquait de faire mal, très mal au nouveau pouvoir : le nerf de la guerre. Voilà donc tout l’enjeu, de ces bruits qui commencent à tympaniser : la traque des biens mal acquis, qui tarde à porter ses fruits. Malheur à qui peine à justifier sa fortune…s'il n'est pas dans le camp du pouvoir.
Jusqu’ici, on connaît la destination de ces fonds, ces ordres de paiement, mais on préfère jouer à l’autruche quant à leur provenance légale, leur origine licite. Puisqu’il est à la mode, sous nos tropiques, de traquer l’argent sale, l’argent illégal, l’argent illicite. Comble du ridicule, lorsqu’on crie à tout-va, être à la poursuite d’un voleur présumé, dont on cerne tout y compris l’identité, la domiciliation. Ridicule comme cette justice, qui se plaît à tourner en rond, hésitant à demander à un président et à un parlement acquis à sa cause, d’examiner la levée immédiate de cette coupable incongruité qui sert de bouclier à ces anciens chefs d’Etat, afin qu’ils ne soient plus protégés en cas de manquement grave, qu’ils puissent être poursuivis en dehors de la haute trahison. Échec et mat...
Pris la main dans le sac, Aïdara le marchand, pour avoir oublié de bien mémoriser la formule magique, risque d’être décapité, s’il n’est découpé en mille morceaux. Alors que le bûcheron, lui, reste serein, nullement inquiété, arrivant toujours à déjouer les manœuvres visant à le capturer.
Mais, en châtiant le marchand, l’objectif des justiciers, n’était nullement de faire justice, mais de se protéger, de préserver leur trésor propre, leur butin à eux, en somme, leurs arrières, tout en prenant le soin de ménager le bûcheron, devenu le roi. Car aux échecs comme dans la réalité, le roi est menacé, mais, le roi, n’est jamais capturé. Et ce n’est pas demain la veille.
MOMAR MBAYE