Publié le 20 Jan 2013 - 23:17
SANTE

 Le froid qui soigne

 

 

Il sait se faire glaçant, pénétrant, réfrigérant, voire fatal, si on y est exposé de manière prolongée sans en être suffisamment protégé. Le froid, pourtant, n’est pas qu’ennemi. Au contraire. Le froid soulage, soigne et sauve. Médicalement, on lui reconnaît bon nombre de vertus. En langage scientifique, l’usage du froid à des fins thérapeutiques a un nom: la «cryothérapie».

 

  1. Antalgique et anti-inflammatoire

 

 

Le froid est d’abord connu pour son pouvoir antalgique. Chacun l’a expérimenté, il anesthésie les tissus et calme les brûlures et les douleurs. Mais c’est aussi un très bon anti-inflammatoire, qui permet de réduire les œdèmes et de diminuer les inflammations causées par une poussée d’arthrite ou par des traumatismes (entorse ou une dent arrachée), par exemple. L’application de glace sur la peau, non sans un linge pour la protéger, est d’ailleurs la première mesure à prendre en cas d’entorse, de déchirures musculaires et ligamentaires.

2. Le froid qui brûle

 

En chirurgie, son usage est très précieux, et ce, dans plusieurs disciplines médicales. En dermatologie, on a recours à l’azote liquide pour détruire toutes sortes de lésions, qu’elles soient superficielles (verrues) ou plus importantes (tumeurs). Selon les cas, la source de froid est soit pulvérisée soit véhiculée à travers une sonde. Des traitements par voie internes sont également possibles. En ophtalmologie, la cryochirurgie est utilisée pour traiter les cataractes ou les décollements de la rétine.

 

3. Le froid conserve

 

Les banques de sperme, quant à elles, ne s’en passent pas. Les spermatozoïdes y sont congelés avec de l’azote liquide et conservés dans des bonbonnes en vue d’une éventuelle fécondation future. En transplantation aussi, l’usage du froid est essentiel. Une fois prélevés, les organes sont conservés dans de la glace avant d’être transplantés chez le receveur. Ce conditionnement permet de les garder intact pour la nouvelle vie qui les attend.

 

Sur le cerveau, l’hypothermie modérée (33°C de température corporelle, maintenue pendant 24 heures) a un effet neuro-protecteur, comme l’explique le Dr Mauro Oddo, médecin adjoint au service de médecine intensive adulte au CHUV de Lausanne et spécialiste en neuro-réanimation: «La mise en hypothermie volontaire et contrôlée de l’organisme, pratiquée en médecine intensive, améliore nettement le pronostic des patients victimes de coma après arrêt cardiaque. Plusieurs études ont montré que ce type de traitement augmente la survie et améliore le pronostic neurologique dans tel cas.»

 

4. Le froid protège les cellules

 

Après un arrêt cardiaque, lorsque le cœur se remet à battre et que la circulation sanguine reprend, il se produit toute une série de mécanismes secondaires (libération de radicaux libres toxiques) risquant d’endommager le cerveau.

 

«L’instauration rapide d’une hypothermie thérapeutique modérée (entre 32°C et 34°C) exerce son effet neuro-protecteur principalement en diminuant l’étendue de la lésion. Cela permet d’augmenter les chances de survie avec une bonne récupération neurologique», explique le Dr Mauro Oddo. De plus, sous l’effet d’un froid modéré, le métabolisme cérébral ralentit et le cerveau supporte davantage la privation d’oxygène partielle qui résulte de l’arrêt cardiaque.

 

Plus largement, l’hypothermie aurait également un effet protecteur dans le cas d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’hypertension intracrânienne, d’infarctus du myocarde, de choc septique et après transplantation hépatique, «parce qu’il diminue l’inflammation et préserve les cellules», détaille le Dr Oddo. Ses propriétés thérapeutiques continuent de faire l’objet de nombreuses recherches.

 

Slate

 

 

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