La déferlante des tidianes
La nuit tombe sur Tivaouane et les pèlerins ne cessent de venir de partout et par tous les moyens. Tivaouane vibre au rythme du Gamou. En route et avec ferveur dans le sillage de Maodo.
A l’appel de Maodo, les fidèles ont répondu présent. Et de fort belle manière, tous parés de leurs plus beaux habits, égrenant ces chapelets aux perles sacrées. Pour magnifier la naissance du Prophète de l’Islam, ils viennent et arrivent encore. Armés de croyance et de dévotion, leur force intérieure n’a d’égale que leur détermination à rallier la ville sainte. Ils ont bravé ces embouteillages qui commencent depuis Sébikhotane et cette fatigue présente sur les visages, pour être là.
Tivaouane refuse du monde. Les artères de la ville sont prises d’assaut par une déferlante humaine, venue de tous les coins du Sénégal et un peu partout dans le monde. Plus on s’approche de la zone des mosquées, concentrant la presque totalité des mausolées de la famille d’El Hadji Malick, plus le trafic devient lourd et difficile. C’est un lieu de ralliement, un lieu de sainteté pour les fidèles qui passent des heures entières dans ces rangs.
Ils veulent tous prier devant le tombeau de leurs marabouts. Les colonnes sont interminables, on connaît souvent leurs destinations mais jamais leurs origines. Elles sont longues, monstres et tentaculaires. Celle qui mène au mausolée de Serigne Mansour Borom Dara yi semble battre tous les records. ‘’Serigne Mansour nous manque déjà’’, souffle cette dame inconfortablement debout dans les rangs.
Celui de Serigne Ababacar Sy également ne désemplit pas ; il est chez les tidianes ce que Serigne Fallou est chez les mourides. Un éternel chouchou dont on ne se lassera jamais de chanter les louanges. La zone des mosquées est également le point de chute des Dahiras, ces associations religieuses qui viennent de partout pour célébrer l’événement. Sur les lieux, les membres érigent des tentes de fortunes, faites à l’aide de sacs de riz et de sacs d’oignon déjà utilisés.
Couchés sur des nattes étalées à même le sable, ils y passent souvent la nuit. ‘’Nous avons l’habitude, chaque année nous nous cotisons pour être là. C’est juste une où deux nuits, c’est facile à gérer’’, partage Abdou, ce pèlerin venu de Dakar. Ailleurs, des véhicules de toutes sortes mêlent leurs klaxons aux chants religieux qui s’imposent partout dans la cité. Dans la foule, au cœur de la mêlée, les charretiers sont bien présents. C’est presque le moyen de transport le plus prisé ici. La nuit tombe sur Tivaouane et la déferlante humaine ne cesse de grossir. Jour et nuit ne feront qu’un pour célébrer la naissance du fils d’Aminata et d’Abdalah.
Amadou NDIAYE (Envoyé spécial)
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