Assad refuse de quitter le pouvoir, Khatib visite la région d'Alep
Le président syrien Bachar al-Assad a une nouvelle fois exclu de quitter le pouvoir, se disant décidé à combattre les rebelles qui ont réussi dimanche à prendre une importante académie de police à Alep après une bataille ayant fait 200 morts.
Alors que les rebelles avancent dans la province d'Alep, Ahmed Moaz al-Khatib a effectué dimanche sa première visite en Syrie en tant que chef de l'opposition, se rendant dans des localités de cette région du nord du pays contrôlée par la rébellion. Dans une rare interview publiée dimanche, M. Assad s'est aussi déclaré prêt à discuter avec les opposants s'ils déposent les armes alors que le conflit dévastateur entre le 15 mars dans sa 3e année sans aucun règlement en vue. "Aucun patriote ne peut penser à vivre en dehors de son pays. Je suis comme tous les patriotes syriens", a-t-il expliqué au Sunday Times, écartant de nouveau tout départ comme l'exigent l'opposition, les pays occidentaux et plusieurs pays arabes pour permettre une transition politique.
Son principal allié régional, l'Iran, a même annoncé samedi sa participation à l'élection présidentielle prévue en 2014. "Le président Assad, comme d'autres, participera à la prochaine élection", a dit le chef de la diplomatie Ali Akbar Salehi devant son homologue syrien Walid Mouallem. "Nous sommes prêts à négocier avec tout le monde, y compris des militants qui déposent les armes", a ajouté M. Assad dans cette interview filmée la semaine dernière dans sa résidence à Damas. "Nous pouvons engager un dialogue avec l'opposition, mais pas avec les terroristes".L'opposition rejette, quant à elle, toute négociation qui n'aboutirait pas à un départ de M. Assad.
Fin février, M. Mouallem a pour la première fois évoqué un dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit qui, selon l'ONU, a tué plus de 70.000 personnes depuis son déclenchement par une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression. L'ONU s'est proposée de "faciliter" un dialogue entre l'opposition et une délégation du régime "crédible et habilitée" à discuter. M. Assad s'est aussi dit peiné pour les victimes du conflit en notant que "des milliers de familles ont perdu des êtres chers (...)" en soulignant que "personne ne peut sentir leur peine plus que nous".
Assad "délire"
Il a fustigé l'attitude de Londres favorable aux rebelles. "Comment peut-on s'attendre à ce qu'ils (les Britanniques) réduisent la violence alors qu'ils veulent envoyer du matériel militaire aux terroristes et n'essaient pas de faciliter le dialogue entre Syriens". En réaction, le chef de la diplomatie britannique William Hague a accusé M. Assad de "délirer" en refusant d'admettre sa responsabilité dans le "massacre" dans son pays, où l'ONU a déploré des "crimes contre l'Humanité". Entre-temps, le chef de l'opposition Ahmed Moaz al-Khatib s'est rendu à Menbej et Jarablous, deux localités au nord-est d'Alep. Dans une vidéo tournée à Menbej, on le voit souriant, des passants l'embrassent chaleureusement.
Selon un responsable de l'opposition, il a évoqué avec des responsables locaux "les élections qui se tiennent aujourd'hui à Gaziantep" en Turquie, pour élire un Conseil provincial chargé de gérer les affaires dans la province d'Alep où la rébellion a enregistré des avancées importantes. Ainsi, les insurgés se sont emparés de la quasi-totalité de l'académie de police à Khan al-Assal (nord) à l'issue de combats qui ont tué en huit jours 120 soldats et policiers et 80 rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Près de la frontière turque, des combattants du Front jihadiste Al-Nosra et d'autres insurgés ont pris le contrôle d'une prison à Raqa, libérant "des centaines" de détenus, a ajouté l'ONG. Et dans Damas, deux obus sont tombés près de la place des Omeyyades sans faire de victimes.
Dans le nord-ouest du pays, 15 rebelles sont morts lors d'une offensive de l'armée dans le Jebel Turcoman, près de Lattaquié, selon l'OSDH. L'armée dit avoir repris le contrôle de huit hameaux et de la localité de Beit Alwan. Enfin, le président Assad n'exclue pas des représailles à un raid israélien qui selon des sources américaines a visé en janvier des objectifs militaires près de Damas: "Engager des représailles ne veut pas dire que l'on va rendre missile pour missile et balle pour balle. Nous n'avons pas à annoncer quelle sera notre manière à nous de procéder", a-t-il dit.
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