Toujours Up
Mounirou Ba à l’état-civil, ce gamin de la banlieue a gravi les échelons en imposant un style particulier dans l’animation. Né trois mois après le décès de son père en 1982, il répond au sobriquet de B-boy pour identifier le rappeur et l’animateur qu’il est devenu.
Il est 16 heures dans les locaux du groupe Walfadri, la bande annonce de l’émission Ndary show tonne sur la fréquence de Walf 3. La promotion du Hip Hop amorce son compte à rebours pour deux heures d’horloge. B-boy, le concepteur et animateur, s’installe sur la platine pour régaler de décibels les branchés du genre. Avec une belle diction en anglais, il séduit et assure sur les ondes. Sa voix remplit le microphone dans une balade musicale dont le menu est un contraste homogène de rap champagne ou underground, reggae, soul. Bref, c’est la totale du lundi au vendredi.
Les premiers pas de B-boy dans l’animation ont commencé dans les rues de Guédiawaye en 1997. Son oncle avait mis un matériel à sa disposition. «J’étais beaucoup sollicité pour animer des cérémonies telles que les baptêmes, mariages, etc», confie-t-il. A l’occasion de ses différentes prestations, B-boy avait l’habitude de se donner en spectacle le temps d’une pause comme s’il ne voulait pas quitter le manteau du rappeur. Quelques années auparavant, il fonde «Black misters» avec Cheikh Sadibou Ndiaye, un ancien camarade de classe. «On était dans la même classe de sixième au collège Banque Islamique de Guédiawaye», se souvient-il devant la table de console du studio. Hélas, une zone d’ombre surgit pour le dissuader d'embrasser une carrière de rappeur. «Un jour, ma mère m’a notifié son désaccord pour la simple raison qu’un noble n’a pas pour vocation de chanter.» B-boy ne l’entend pas de cette oreille. Il se cache pour les séances de répétitions chez un de ses amis d’enfance avec lequel il était membre d’African boys, son nouveau groupe de Rap.
Le fruit de l’ambition
Après l’échec de cette dernière tentative, l’envie d’animer une émission de radio consacrée au Hip Hop le prend. C’est un nouveau challenge pour lui qui n’a pas cessé de tourner en rond sur son avenir dans le Hip Hop. Ayant grandi aux côtés d'oncles adeptes de la musique anglaise et d’un grand frère professeur d’Allemand, B-boy reçoit de plein fouet l’influence de la langue de Shakespeare. Il emmagasine les chansons de Dire Straits et UB 40 pour faire de l’anglais son meilleur atout. DJ Omzo de Rewmi Fm et le journaliste Amadou Mountaga Sarr l’encouragent à faire des demandes auprès des radios de la place. C’est en 2008 que son rêve se réalise enfin. Oxy-jeunes Fm, la radio communautaire de Pikine, lui donne une chance. B-boy se rappelle : «Partout où je proposais d’animer une émission pour le Rap sénégalais, on me répondait qu’il y avait déjà quelqu’un pour ça. J’ai pensé à une tranche d’horaire pour le Hip Hop américain, et les responsables d’Oxy-jeunes Fm l’ont acceptée.»
B-boy fait son baptême du feu avec Bottom line, sa première émission. Son taux d’audience explose. Il bénéficie d’une autre heure pour le plaisir des mélomanes. En 2011, il quitte la radio de ses débuts, avec l'ambition d’avoir plus de visibilité, ce qui l’amène à adresser une demande au groupe Walfadjri. Awa Diop Ndiaye, la responsable culturelle et Directrice des programmes, réceptionne son dossier. «C’était quelques semaines avant l’élection présidentielle de 2012. Elle avait promis de me répondre plus tard. C’est par la suite qu’elle m’a mis en contact avec DJ Jules», résume-t-il le film de son arrivée à la radio du Front de terre, siège du Groupe Walf.
Depuis cette date, B-boy confirme et parvient à convaincre avec le Ndari show sur Walf 3. Aujourd’hui, il signe timidement son entrée sur le petit écran avec l’émission Hip Hop Nation sur Walf tv tous les lundis et mardis. Jusqu’où ira-t-il ?
ALMAMI CAMARA
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