Macky Sall réaffirme la séparation des pouvoirs
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En visite à Paris ou il a assisté à la remise du prix Félix Houphouët-Boigny au chef de l'Etat français, le président Macky Sall a indiqué être étranger à la situation actuelle de Karim Wade incarcéré par la Cour de répression de l'enrichissement illicite pour acquisition de biens mal acquis.
Macky Sall a une fois de plus repoussé toute idée de règlement de comptes après l'incarcération de Karim Wade. Interpellé sur ''l'opération mains propres'' lancée par son gouvernement et qui a conduit à l'incarcération de Karim Wade, le Président de la République a fait la distinction entre sa politique de défense et de protection des ressources publiques, matérialisée par la réhabilitation de la Cour de répression de l'enrichissement illicite, et la justice administrée par des magistrats. «La volonté politique était de réhabiliter cette cour de répression, de dire que cette cour évalue ce qui a été fait», a-t-il indiqué dans un entretien avec la chaîne télé France24.
«Elle le fait à travers ses différents segments, un parquet spécial qui finit de transférer sa réquisition à une commission d'instruction autonome qui apprécie et qui peut prendre tout ou rien de ce qui lui a été présenté», a poursuivi le président Sall. «Il appartient à la commission d'instruction et à la justice et au besoin, plus tard, à la cour elle-même de dire si ce qui a été reproché à telle ou telle personne est fondée ou non. C'est la décision de la justice, je ne peux pas, par conséquent, me prononcer sur ce que la justice doit faire.»
Le chef de l'Etat venait d'assister à la remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, attribué au président français François Hollande. Macky Sall est resté droit dans ses bottes quand le journaliste l'a interpellé avec étonnement sur la capacité à pouvoir détourner «un milliard d'euros» dans un pays aussi pauvre que le Sénégal. «Ce n'est pas moi qui l'accuse, a-t-il répliqué, je ne peux pas non plus dire qu'il a détourné ou pas. Quoiqu'il y a des principes dans la vie et dans notre justice il y a la présomption d'innocence et également le droit de la défense. Nous somme une justice indépendante au Sénégal, il aura sa défense et c'est à ce moment qu'on saura si les allégations sont fondées ou pas. Et il ne m'appartient pas de toute façon de faire un commentaire là-dessus''.
Interpellé sur la situation au Mali, Macky Sall s'est dit confiant de la tenue de l'élection présidentielle à la date du 28 juillet prochain. "Je ne désespère pas que, d’ici le 10 juin (Ndlr: échéance donnée par le chef de la diplomatie française Laurent Fabius pour un accord avec les Touareg) on trouve un accord qui permette d’aller vers l’élection", a-t-il confié. Dans sa lancée, il a réaffirmé la vigilance du Sénégal face aux «menaces terroristes» ambiantes. D'où l'état d'alerte dans lequel se trouve la police du Sénégal depuis plusieurs mois, surtout par rapport à ce pays frontalier qu'est le Mali.
A propos de la prochaine visite de Barack Obama à Dakar, le chef de l'Etat a estimé que c'est un hommage qui est ainsi rendu à la «vieille démocratie» après les remous de la présidence Wade.
ANTOINE DE PADOU