L’ex-maire Daour Niang Ndiaye traîné à la barre, avec 9 autres individus
Dix personnes dont l’ex-député maire de Pikine Daour Niang Ndiaye ont été attraites hier à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, pour escroquerie et occupation illégale de terrain appartenant à autrui.
Quelques semaines après avoir comparu devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour escroquerie foncière, l’ex-député maire Daour Niang Ndiaye a de nouveau été attrait hier pour les mêmes faits. Mais cette fois-ci, l’ancien édile de la ville de Pikine a fait faux bond. Seuls ses neuf co-prévenus dont une femme ont comparu devant le tribunal correctionnel de Dakar. Un terrain d’une superficie de 241 m² est à l’origine de cette poursuite initiée contre Daour Niang Ndiaye et compagnie. En fait, courant 2011, le nommé Famara Sarr a voulu acquérir un terrain dans la zone de Thiaroye sur mer, plus précisément au quartier Touba Thiaroye. A cet effet, il s’était rapproché du vieux Serigne Kébé qui l’avait mis en rapport avec le nommé Yakhya Samb. Après négociations, le vieux Samb a cédé à Famara Sarr un terrain qu’il avait acheté auprès de Daour Niang Ndiaye à 2 millions de francs Cfa.
''Vous êtes la 100ème personne à qui il avait vendu le terrain’’
Seulement, lorsqu’il a voulu construire sur le site, l’acquéreur s’est heurté au refus des populations, mais également du mécanicien Khassim Bodian qui occupait une partie du site. ‘’Un jour, Mor Ndiaye (un des prévenus poursuivis pour occupation illégale de terrain appartenant à autrui) m’a trouvé sur le site, en me faisant comprendre que Yakhya Samb m’avait escroqué, parce que j’étais la 100e personne à qui il avait vendu le terrain’’, a confié la partie civile à la barre. Famara Sarr d’ajouter l’air très déçu : ‘’Si je savais que le terrain était litigieux, je ne l’aurais ne jamais acheté’’. Entendu Yakhya Samb a affirmé avoir acheté le terrain en toute légalité. C’est pourquoi, il a soutenu à la barre : ‘’J’ai refusé de lui rembourser un centime sur les 13 millions qu’il m’a remis’’. Sur sa lancée, Yakhya Samb a expliqué avoir revendu le terrain, parce que son fils voulait construire sur un autre site acquis auparavant.
Un argument de défense battu en brèche par ses co-prévenus. Daour Ndir et Ibrahima Guèye, respectivement chef de quartier et président des habitants de la cité Pape Guèye, ont soutenu que le vieux Samb a cédé le terrain du fait d’un litige. Selon les explications du sieur Guèye, le terrain est une propriété collective, car après son lotissement, feu Pape Guèye l’avait cédé à la localité pour la tenue de manifestations religieuses comme les ‘’Gamous’’ et ‘’Magal’’. Aussi, ces deux responsables poursuivis pour occupation illégale de terrain appartenant à autrui ont-ils nié les faits. Ils n’ont pas été les seuls à opter pour la dénégation comme système de défense. Seul le menuisier Khassim Bodian a reconnu les faits. Toutefois, il a tenté de se dédouaner, en soutenant que son atelier n’était pas installé sur le site, mais dans la rue.
Suffisant pour que le conseil de la partie civile réclame la somme de 20 millions de dommages et intérêts. Me Maïmouna Dièye a réclamé le même montant à Yakhya Samb poursuivi pour escroquerie. ‘’Il a agi en connaissance de cause, car il a vendu le terrain à mon client tout en sachant qu’il ne pourrait jamais l’utiliser’’, a argué Me Dièye. Pour son confrère de la défense, il n’y a aucune manœuvre frauduleuse. Au contraire Me Ibrahima Diaw a estimé que la vente est légale, au regard de l’arrêté municipal délivré à son client. C’est pourquoi, il a sollicité la relaxe de Yakhya Samb. Il a demandé que la partie civile soit déboutée parce qu’elle devait plutôt saisir le tribunal des référés, pour obtenir que les personnes qui occupent le terrain soient tout simplement expulsées du site. Délibéré le 9 juillet prochain.
FATOU SY