«Les juges ne sont au dessus de la loi»»
Face aux présidents des Cours suprêmes, le Président américain exhorte les pays africains à plus de démocratie. Ce qui ne peut se faire sans «une justice forte, indépendante et responsable».
C’est dans un cadre sobre, sans fioriture, que le président des Etats-Unis s’est entretenu avec les premiers présidents des Cours suprêmes africaines, hier. Arrivé vers midi à la Cour suprême de Dakar, Barack Obama a été reçu par le président de ladite structure, Pape Ousmane Sakho, en compagnie de ses pairs du Benin, du Botswana, de la Cote d’Ivoire, du Gabon, du Ghana, du Kenya, du Malawi, du Niger, de l’Ouganda, et de la Zambie. Face à ses hôtes, Barack Obama déclinera sa vision de la démocratie.
«La lutte pour la démocratie exige une justice forte, indépendante et responsable, parce que les juges ne sont pas au dessus de la loi», déclare le président des Etats Unis comme pour dénoncer les abus de pouvoir qui sont fréquents en Afrique. Pour BarackObama, «la justice est un pilier de la démocratie» qu’aucun pays ne peut s’aliéner. «Nos Etats sont plus forts lorsque qu’il y a un contre pouvoir. Si les gens ont des positions impopulaires, c’est aux tribunaux qu’ils s’adressent» ; qu’ils soient «pauvres, femmes, enfants», ajoute-t-il. Pour Pape Ousmane Sakho, «l’intervention de la justice s’applique dans des domaines aussi divers que la dévolution du pouvoir politique à travers le juge des élections, la protection des libertés individuelles, le contrôle de la bonne gouvernance financière».
Mais aussi «la participation à l’œuvre de développement par la sécurisation judiciaire des transactions économiques et la stabilité politique en raison de son rôle de régulateur social». Le président de la Cour suprême estime que la justice a besoins «des juges qui doivent non seulement être indépendants mais aussi être perçus comme indépendants». Car «à travers leur décision et actes, ils doivent œuvrer chaque jour, en toute responsabilité, au renforcement du processus démocratique, à l’instauration d’une société juste et équitable et la matérialisation de l’idée de la justice comme service public». Mais faudrait-il que cette justice africaine se libère de certaines pesanteurs qui l’empêchent d’atteindre cet idéal. Et le Président américain semble en être conscient.
«Ces gens (les présidents africains de Cour suprême) font face à des difficultés. Et j’ai voulu organiser cette rencontre pour que vous m’expliquez les difficultés que vous avez dans vos pays respectifs», a fait savoir Barack Obama. A la fin de son speech, le chef d’Etat américain a eu une discussion en privé avec ses hôtes durant une trentaine de minutes. Il quittera les lieux au environ de 13heures pour se rendre à son hôtel sous haute surveillance.
DAOUDA GBAYA