Publié le 12 Aug 2025 - 15:05
PRÉSIDENTIELLE EN CÔTE D’IVOIRE

Le pouvoir active la justice et invoque le terrorisme

 

Après les manifestations pacifiques du Front commun de l’opposition ivoirienne, le président de la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO, Julius Maada Bio, s’est déplacé à Abidjan pour jouer les bons offices. Un déplacement qui intervient dans un contexte marqué par des appels à la mobilisation et des arrestations en cascade pour notamment de présumés faits de terrorisme. 

 

La situation qui prévaut en Côte d’Ivoire est prise très au sérieux par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). À la suite de la manifestation du Front commun de l’opposition, l’organisation a dépêché son président pour prendre langue avec l’un des principaux belligérants, à savoir le président Ouattara.

Sur son compte X, Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone et président en exercice de la Conférence des chefs d’État, revient de manière laconique sur sa rencontre à Abidjan avec son homologue ivoirien. ‘’Nous avons discuté de questions importantes concernant notre sous-région et exprimé notre engagement à renforcer la collaboration au sein du bloc régional. Ensemble, nous nous engageons à promouvoir une plus grande sécurité, une plus grande stabilité et une prospérité économique pour tous’’, a-t-il déclaré.

La CEDEAO joue les bons offices

Cette visite intervient dans un contexte marqué par une ébullition de l’actualité politique au pays d’Houphouët-Boigny. Outre la marche de l’opposition qui a drainé des milliers de manifestants opposés à la quatrième candidature de Ouattara, cette situation est marquée par des poursuites visant de hauts dignitaires de l’opposition ivoirienne, dont un ancien ministre de la Défense. Il leur est reproché différents chefs, dont actes de terrorisme, complot contre l’autorité de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel, dégradation volontaire de véhicules et incendie volontaire de véhicules appartenant à autrui. 

Les faits remonteraient au vendredi 1er août 2025, dans la commune de Yopougon. ‘’Une horde d’individus encagoulés et détenant des machettes, des gourdins, des armes à feu et des cocktails incendiaires ont perpétré des actes de violence au cours desquels ils ont incendié un bus de la Sotra, dégradé un véhicule de la police nationale et molesté ses occupants’’, informe un communiqué du tribunal de première instance d’Abidjan.

L’opposition dénonce l’exclusion de ses principaux leaders

Selon le parquet de la capitale, l’enquête ouverte à la suite de ces événements, qui auraient précédé les manifestations pacifiques, a permis d’interpeller, entre autres, les nommés Kouamé Josué alias ‘’Général Frazaho’’, Zoh Inza alias ‘’Zoulou’’, Gnegbre Kado Jean-Claude alias ‘’Jaguar’’, Zaholy Pascale, Fofana Souleymane alias ‘’Solo’’, Gnegbre Gbadjale Jean-Alain, Gnegbre Ouaga Ange Deshor alias ‘’Gbe-Susteme’’, Kuisse Elphège Fréjus alias ‘’Kirikou’’ et Brou Adom Jean-Louis.

‘’Au cours des différentes auditions, ceux-ci ont cité Lida Kouassi Moïse, ancien ministre de la Défense, et Koné Boubacar, ambassadeur à la retraite, comme étant les instigateurs de ces violences’’, lit-on dans le communiqué du parquet.

Des arrestations en cascade

L’objectif, souligne l’autorité chargée des poursuites, était de provoquer une situation de terreur ou d’intimider la population après l’annonce de la candidature du président de la République à l’élection présidentielle d’octobre 2025. ‘’Le mode opératoire consistait ainsi à incendier des bus, des stations d’essence, le siège de la commission électorale locale et les locaux de la mairie annexe de Yopougon Niangon à gauche’’, charge le procureur, qui annonce que les accusés ont été déférés et une information judiciaire ouverte contre les personnes susvisées. 

Depuis l’annonce de la quatrième candidature d’Alassane Ouattara, l’opposition s’organise et appelle à des mobilisations populaires pour dire non à ce qui est considéré comme le mandat de trop, mais aussi pour s’opposer à l’exclusion de plusieurs figures de l’opposition à l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Lors des dernières manifestations, les partis ont réclamé des élections ‘’démocratiques, libres, transparentes et inclusives’’. Ils ont également dénoncé vigoureusement l’inéligibilité de plusieurs de leurs leaders majeurs, notamment Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, considérant ces décisions judiciaires comme des manœuvres politiques.

À noter que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) ont formé un ‘’front commun’’ pour exiger l’inclusion de leurs candidats et des réformes électorales.

À deux mois environ du scrutin, les partis sont engagés dans des tractations pour mettre en place des coalitions fortes pour faire face au président sortant.

Le pouvoir réfute les accusations 

Face à cette montée de l’adrénaline, ils sont nombreux, les partis et autres organisations de la société civile, à inviter les protagonistes à des concertations pour des élections crédibles et apaisées. 

Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP de Ouattara) soutient, pour sa part, que l’exclusion des candidats n’est pas une manœuvre politique, mais le résultat de décisions de justice indépendantes. La majorité met en garde contre les violences politiques en période électorale et dit travailler pour une élection apaisée.

Leader économique de la zone CEDEAO, la Côte d’Ivoire fait ainsi l’objet de toutes les attentions aussi bien en Afrique de l’Ouest que dans le monde. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la sous-région fait déjà face à de nombreuses crises sécuritaires, avec notamment les scissions des États du Sahel et le péril terroriste qui n’épargne aucun pays. 

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