Publié le 3 Jul 2013 - 23:31
LE PATRON DE MAGIC LAND ENCOURT 03 ANS

Saleh et ses deux employés chargent les enseignantes

 

Trois mois de prison ferme. C’est la peine que le parquet a requis hier contre le propriétaire de Magic Land Youssef Saleh et ses deux employés, jugés hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour la mort accidentel d’un élève de trois ans audit parc d‘attraction.

 

Qui est le responsable du tragique accident qui a coûté la vie au petit Daouda Traoré et blessé ses deux camarades de classe Ibrahima Bâ et Ibrahima Diaby ? Les responsables de Magic Land ont-ils pris toutes les mesures de sécurité nécessaires pour éviter l'accident survenu le vendredi 21 juin, dans ce parc d’attraction ? Pour cette seconde question, le représentant du parquet a répondu par la négative, à l’image des conseils des parties civiles, notamment Me Aïssata Tall Sall qui considère qu’il y a une défaillance mécanique, administrative et humaine. Le parquetier, pour sa part, a fondé sa conviction sur les constations de la gendarmerie. Dans leur mention, les pandores avaient noté que sur les 16 silos composant la Grande roue, les neuf avaient une anomalie : Une porte soudée, pour l'un et des grilles de protection manquantes pour les autres. Selon la responsable de la surveillance, les enfants de moins de 12 ans n’ont pas le droit d’utiliser la ‘’Grande roue’’. C’est fort de ces défaillances que le parquetier a requis trois mois ferme contre Yousseph Saleh et ses deux employés, Mamadou Cissé et Assane Sylla.

Lors de leur interrogatoire d’audience, les prévenus ont tenté d’imputer la faute aux enseignantes accompagnant les élèves, notamment Mme Loly Touré qui se trouvait dans le silo où l’accident s'est produit. Selon le propriétaire, certes tous les silos ne marchent pas, mais il y a un entretien au quotidien. ‘’L’accompagnant doit s’asseoir pour éviter un accident’’, a expliqué Yousseph Saleh. Et d’ajouter : ‘’ Dieu seul sait ce qui s’est passé en haut (lorsque la Grande roue était au sommet), mais la maîtresse s’est certainement levée et l’enfant a eu peur’’. Chargé de fermer les portes des silos, Assane Sylla a abondé dans le même sens. Il a justifié l’accident par un problème d’équilibre, alors que son collègue a accusé la dame d’avoir fait fi de ses consignes. ‘’Elle a insisté pour que les enfants montent. Lorsqu’ils sont montés, le silo a vacillé’’, a-t-il expliqué. La suite est racontée par Loly Touré : ’’au troisième tour, j’ai entendu des craquements. Le silo a basculé et mes pieds étaient en l’air. La porte s’est ouverte et Daouda est tombée à travers les grilles de protection’’. Visiblement perturbée, elle n’a pas pu continuer son récit, à cause d’un malaise. Néanmoins, Loly Touré a nié avoir reçu des consignes. Les autres témoins ont également affirmé avoir été surpris par des craquements, un bruit assourdissant et des cris. Après la chute, le jeune Daouda Traoré, âgé de trois ans, s’était retrouvé avec un traumatisme crânien, avant de succomber à ses blessures, le mardi suivant.

 

Le père réclame 50 millions pour bâtir une fondation pour l’Enfance

C’est pourquoi, Me Baboucar Cissé a réclamé la somme de 50 millions de francs CFA pour les héritiers de Daouda Traoré. D’après Me Aïssata Tall Sall, le père de la victime prévoit de mettre sur pied une fondation pour l’Enfance, avec cet argent et qui sera dédié à son fils. Outre M. Traoré, Me Sall a réclamé 20 millions pour les deux autres enfants blessés et 10 autres pour le compte de l’école Marc Perrot. Elle a aussi demandé au tribunal d’ordonner une expertise psychologique pour les deux enfants. Et surtout la fermeture de la ''Grande roue’’. ''Je vous en conjure, fermez cette roue de la mort’’, a imploré Me Sall.

Par contre, selon la défense, seule la constitution de partie civile des deux garçons blessés est recevable. Me Mbaye Jacques Ndiaye estime aussi que la responsabilité de Yousseph Saleh n’est que civile dans cette affaire. Le conseil considère que M. Saleh n’a commis aucune négligence, sinon il n’allait pas être décoré à Paris. Mieux, lui et ses confrères considèrent également que la responsabilité pénale de Assane Sylla et Mamadou Cissé n’est pas établie. Ils pensent plutôt que les vrais responsables, ce sont les maîtresses accompagnatrices qui n’ont pas su surveiller les élèves. Le tribunal rend son délibéré le 4 juillet prochain. D’ici là, les prévenus sont retournés en prison, car le tribunal leur a refusé la liberté provisoire.

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