Le Directeur de l'OCRTIS limogé
Cheikh Sadibou Keïta n'est plus le Directeur de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis). En poste depuis novembre 2012, il a été emporté par le bras de fer engagé contre l'actuel DG de la police.
''Le boss de l’Ocrtis sur siège éjectable'', titrait EnQuête, il y a quelques semaines. La décision est tombée hier. Cheikh Sadibou Keïta a été débarqué de son poste de Directeur de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis). Il est remplacé par le Commissaire de Police divisionnaire Mame Seydou Ndour. Ce changement à la tête de ce département stratégique de la police intervient dans un contexte de crise au sommet qui a mis aux prises le désormais ex-Dg de l'Ocrtis et son prédécesseur à ce poste, Abdoulaye Niang. Le pouvoir a été donc contraint de choisir entre les deux responsables engagés dans une bataille des tranchées autour du fauteuil de Directeur général de la Police qui a échu au commissaire Abdoulaye Niang.
Dès sa nomination, des voix se sont élevées au sein de la haute hiérarchie policière pour la contester, allant même jusqu'à envoyer des missives argumentées au président de la République, Macky Sall et au ministre de l'Intérieur, le général Pathé Seck. En effet, le Commissaire Niang a passé quelque 12 ans à la tête de l'Ocrtis, structure stratégique dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, où souvent il a été en butte à des quantités importantes de drogues représentant beaucoup d'argent. Sa nomination n'ayant pas été du goût de tout le monde, on a essayé de remettre en cause sa moralité, en citant son épouse comme supposé paravent de possibles deals.
L'entrée en jeu de ''Faustin''
C'est dans ce contexte qu'une information a été distillée par la presse, selon laquelle un haut gradé de la Police a été mouillé par le trafiquant nigérian dénommé Raymond Ike Akpo alias Faustin, serré par les limiers du Commissaire Keïta, boss de l'Ocrtis. Ce Nigérian, disait-on, avait proposé à l'autorité de l'Ocrtis de lui filer pour revente la drogue saisie, puisqu'il le faisait avec une autre autorité de la Police.
Toujours est-il que la passerelle a vite été jetée avec ce que révélait EnQuête, à propos des dénigrements faits par des membres de la haute hiérarchie policière du nouveau Dgpn Abdoulaye Niang, auprès du Président Macky Sall et du général Pathé Seck. Il s'est donc avéré que l'un des délateurs du Dgpn n'était autre que son remplaçant à l'Ocrtis, le Commissaire Keïta. Alors que la haute autorité citée par le Nigérian n'était autre que le Commissaire Abdoulaye Niang. Dès lors, il était évident qu'une véritable animosité existait entre les deux hommes. Tandis que le Commissaire Keïta recevait les foudres de la hiérarchie jugeant sa démarche excessive et déloyale.
Cette atmosphère délétère avait alors contraint le ministre de tutelle, le général Pathé Seck, à taper du poing sur la table. Au cours d'une réunion de mise au point avec le gratin de la Police nationale, il avait axé son discours sur ''la solidarité'' et ''l'esprit de corps'' qui sont consubstantiels à la fonction de policier. Il avait aussi insisté sur ''l'éthique'' et ''la déontologie'', qui fondent leur rôle de garant de la sécurité nationale. Tout en demandant que cessent les campagnes de ''dénigrement'' et le ''chantage'' qui sont en train de gangrener les différents corps des services de police.
Ce limogeage intervient alors que l'affaire des supposés officiers de police, impliqués dans un trafic de drogues, n'est pas encore vidée.