Plus de 1000 victimes demandent un procès équitable et une indemnisation
Après le démarrage des auditions des parties civiles, dans l’affaire Habré en ce début de semaine, le comité international pour le jugement équitable de Hissène Habré (CPJEHH) a rencontré la presse mercredi. Composé de 1015 victimes directes et indirectes, ces derniers réclament une justice équitable et le respect de leurs droits.
Depuis le lundi 15 juillet 2013, 1 015 victimes directes et indirectes du régime de l’ancien président tchadien Hissène Habré se sont constituées parties civiles au sein des chambres extraordinaires. En effet, les juges d’instruction ont commencé à recueillir les déclarations des victimes, ou parents de victimes de crimes commis au Tchad, entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990. Hier, cinq des 1 015 victimes directs et indirects se sont adressées à la presse.
Selon elles, l’heure est venue de leur rendre justice. ''Nous demandons une justice équitable et que les victimes soient indemnisées. Car Habré est arrivé au Sénégal, après avoir vidé notre trésor. Nous avons demandé, dans notre constitution de partie civile, des mesures conservatoires sur l’ensemble des biens de Hissène Habré'', a dit Me Jacqueline Moudeina, avocate des victimes. Tout en soutenant que le Sénégal est devenu un exemple, en matière de justice internationale, Me Moudeina indique que ce procès de Habré marquera un tournant pour la justice en Afrique et sonnera comme un signal d’alarme pour tous les dictateurs qui seront un jour rattrapés par leurs crimes.
Toutefois, elle a regretté la politique de dénigrement menée, selon elle, par les avocats et famille de Habré. Pour sa part, le coordonnateur des avocats sénégalais, Me Assane Dioma Ndiaye, a souligné que les victimes ont donné tous les éléments nécessaires à la confirmation de la plainte déposée contre Habré. ''Nous sommes en phase d’information du procès de Habré. Nous demandons une justice équitable et aussi que les droits de Habré soient respectés. Nous avons donné les charges aux enquêteurs. Il ne reste qu’à la commission d’instruction de continuer à traiter l’affaire’’, a ajouté l’avocat.
Me Assane Dioma s'est également prononcé sur l’argent déposé par l’actuel président tchadien Idriss Déby. ''C’est l’État du Tchad qui a donné son soutien d’une valeur de 2 milliards et non le président, en tant que tel. Les États ont le devoir de financer les procès internationaux'', a précisé l'avocat. Lors de la table ronde des bailleurs pour le financement du procès Habré, le Sénégal a donné 2 milliards, a rappelé l'avocat. Clément Abaifouta (président de l’association des victimes des crimes), Abdourahmane Guèye, Ginette Ngarbaye, Hadjo Amina Moctar et Younous Mahadjir sont les victimes qui ont pris part à la rencontre.