Le DG de Agrophytex réclame 1 milliard F Cfa au «Quotidien»
Après les journaux «Libération» et «L’Observateur», hier, c’était au tour du «Quotidien» du groupe Avenir communication de faire face au tribunal correctionnel pour les faits de diffamation au préjudice de Abdou Kader Guèye, directeur général de la société Agrophytex.
«Abdou Kader Guèye et six autres personnes placés sous mandat de dépôt pour arnaque sur l’engrais». Les journaux «Libération», «L’Observateur», et le «Quotidien» avaient relayé cette information, dans leur édition du 6 avril dernier. Seulement, il s’est révélé qu’il s’agissait d’une intox qui avait mis dans tous ses états le directeur général de la compagnie Agrophytex. S’étant senti diffamé par ces trois canards, Abdou Kader Guèye les a traînés en justice pour diffamation.
La justice a déjà tranché pour «Libération» et «L’Observateur», déclarés coupables et condamnés chacun à 30 millions de francs Cfa. Les journalistes incriminés ont écopé de six mois assortis du sursis. Hier, c’était au tour des journalistes du «Quotidien» de faire face à la justice. Le journal du Groupe Avenir communication avait écrit que le Dg de Agrofitex avait gagné une partie du marché de livraison d’engrais pour la campagne agricole écoulée et ne l’a pas bien exécutée. ‘’Chargé d’exécuter une partie de la commande d’engrais que l’État avait financée, pour une valeur totale de 17 milliards de francs Cfa, cet homme d’affaires n’avait pu exécuter que le tiers environ de sa part de marché, contraignant les pouvoirs publics à bloquer le reliquat de 6 milliards qu’ils devaient lui verser’’, avait écrit le journal. Malgré le démenti publié au lendemain de la parution de l’article, M. Guèye a intenté une action judiciaire. À la barre, l’ex-directeur de publication du «Quotidien», Mamadou Biaye et l’auteur de l’article, Mouhamed Guèye, ont dit avoir été trompés de bonne foi. ‘’Lorsque nous avons eu l’information, nous l’avons recoupée et nos sources nous l’ont confirmée’’, a soutenu Mamadou Biaye. L’auteur de l’article a abondé dans le même sens. ‘’J’ai fait preuve de professionnalisme, en recevant l’information. Car j’ai fait des recoupements, mais c’était dans la précipitation’’, a-t-il déclaré avant d’ajouter : ‘’Je réponds pour le contenu de l’article. La manchette ne me concerne pas’’. Quant à Madiambal Diagne, il a laissé entendre qu’il n’a rien à assumer par rapport à l’article. Il estime être un cheveu dans la soupe, parce qu’il n’est ni auteur de l’article, ni Dirpub, mais administrateur.
''Ce n’est pas chez moi qu’on peut parler de corruption''
Mais le plaignant pense que l’administrateur du GAC est l’unique coupable dans cette affaire qui, dit-il, lui a causé un lourd préjudice. ‘’Lorsqu’on m’a présenté Madiambal Diagne, le 4 avril chez Amet Amar, il m’a dit que j’avais besoin d’une communication parce que je n’étais pas bien connu des Sénégalais malgré mes actions’’, a révélé M. Guèye. L’air amer, il poursuit : ‘’Alors que je lui avais remis un journal et ma photo, le 6 avril, je me rends compte qu’il m’a jeté aux chiens.’’ S’inscrivant dans la logique de leur client, Mes Samba Ametti et Baboucar Cissé ont accusé les journalistes de mauvaise foi. Ils ont allégué que les prévenus ont été manipulés par les concurrents de leur client qui, disent-ils, ‘’ont mené une campagne’’. Laquelle campagne aurait consisté à l’écarter dans la distribution des engrais. Pour le préjudice, les conseils de la partie civile ont réclamé un milliard de francs Cfa de dommages et intérêts. En réponse aux robes, Madiambal Diagne a asséné : ‘’Nous avons été de bonne foi. Nous aurions été payés, on aurait persisté dans l’erreur. Ce n’est pas chez moi qu’on peut parler de corruption et d’achat de conscience’’. Délibéré 17 octobre prochain.