Publié le 21 Jul 2013 - 19:18
15 ANS DE TRAVAUX FORCES POUR OMAR KA

 Bagarre tragique entre un agriculteur et un berger

 

“Un délabrement du genou gauche en arc long sur 12 cm et profond de 3 cm environ. Une plaie de la cuisse profonde d’environ 2 cm de long et 13 cm en arc. Ouverture de la face avec fracture mandibulaire profond sur 6cm et long de 12cm''. Telle est la nature des blessures constatées par le médecin chef de Richard-Toll sur le corps sans vie d’El Hadj Diop. Le travailleur saisonnier est mort par choc hémorragique.

Ces blessures ont été occasionnées par les coups de machette d'Omar Kâ, appréhendé et placé sous mandat de dépôt, le 26 septembre 2011, pour meurtre. Vendredi, après les débats devant la Cour d’assises de Saint-Louis, l’avocat général Saliou Mbaye a requis 10 ans de travaux forcés. Il a estimé que l’intention d’attenter à la vie est réelle dans ce dossier. ''L’accusé, a-t-il dit, a porté trois coups de coupecoupe à la victime''. Avant de poursuivre : ''Par rapport à la légitime défense, ce fait justificatif ne saurait prospérer, faute de proportionnalité entre l’attaque supposée avec des coups de bâton et la riposte avérée avec au moins trois coups de coupe-coupe''.

Ainsi, il a balayé l’excuse de la provocation. A l’en croire, aucun élément du dossier n’a établi la réalité de ce moyen de défense, car le seul supposé témoin, Abdoul Bâ, cité par l’accusé, n’a été entendu, à aucune étape de la procédure, ayant fui depuis le jour du meurtre.

L’avocat à la défense, Me Alioune Abatalib Guèye, a plaidé l’excuse de provocation. ''Mon client a été pourchassé, roué de coups de bâton par la victime et son corps est tacheté de plaies rouges, comme l’a attesté le médecin et les gendarmes dans le procès-verbal'', a soutenu Me Guèye. La robe noire de préciser que la victime est morte par choc hémorragique. Pour lui, dans cette affaire, son client n’avait aucune intention de tuer El Hadj Diop et qu’il est constant qu’il n’y a pas de disproportionnalité dans les coups. ''Mon client n’a fait que subir son destin et je demande à la cour de requalifier les faits en coups mortels, sans avoir l’intention de donner la mort''. Pourchassé et roué de coups de bâton, l’accusé assène à la victime des coups de coupe-coupe.

Le jeudi 22 septembre 2011, les gendarmes de Ross Béthio ont reçu un appel téléphonique faisant état de la mort d’El Hadj Diop. Entendu, Omar Kâ a expliqué que le jour des faits, pendant qu’il était en train de s’affairer autour d’une génisse, il a aperçu El Hadj Diop qui pourchassait le reste du troupeau dont il a la charge. Quand ce dernier l’a vu, il s’est mis à l’injurier et l’a poursuivi avec un bâton. Lorsqu’il l’a rattrapé, il s’est mis à le rouer de coups de bâton. Pour se défendre de la furie de son assaillant, il a arraché le coupe-coupe d’Abdoul Bâ qui est venu se baigner dans le canal, pour intimider la victime. Mais celle-ci, a-t-il poursuivi, a continué à lui asséner des coups, jusqu'à ce qu'il lui porte plusieurs coups de coupe-coupe, dont un à la tempe. Selon le berger, en dehors d’Abdoul Bâ, aucun témoin n’a assisté à la bagarre. A la barre, l’accusé a demandé pardon et s’est excusé de son geste. 

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