À Gao, "tout le monde est prêt à voter : les jeunes, les anciens et même les vaches"
Alors que le Mali élit son nouveau président le 28 juillet, la journaliste de FRANCE 24 Philomène Rémy sillonne le pays, de Bamako à Gao, pour comprendre les enjeux de cette élection. Lisez, chaque jour, son carnet de route.
Le Gao d'aujourd'hui n'est plus du tout le Gao du 26 janvier. Voilà ce que notre équipe a pensé immédiatement en entrant dans cette ville du Nord-Mali. Les magasins sont à nouveau ouverts, les femmes ont toutes retrouvé leur mobylette, si précieuse pour aller au marché, et les hommes sont à nouveau libres de fumer.
Cette population qui a subi l'occupation du MNLA puis du Mujao semble avoir retrouvé le sourire. Tous se préparent pour l’élection de dimanche. Mais les signes de la campagne électorale restent discrets dans la ville. Ici, il n'y a aucune affiche géante comme on peut en trouver dans la capitale Bamako. "Une campagne à la mesure de la taille de Gao" comme nous l'expliquait Cheick, originaire de la ville. Mais la mobilisation est très importante, plus forte que dans la capitale. Selon les derniers chiffres officiels, près de 80% des électeurs sont allés retirer leur carte biométrique. Comme nous l'a joliment dit l'un des sages de la ville, Kada Data Maiga : "Tout le monde est prêt : les jeunes, les anciens et même nos vaches".
"Ça va trop vite"
Un avis que ne partage par forcément le maire de la ville, monsieur Diallo. Pour lui, tout est un peu trop précipité: "Ça va trop vite. Tout ça pour toucher les subventions et les dons de la communauté internationale". Plus de 3 milliards d'euros de promesse de dons ont été faits par la communauté internationale au Mali. Mais le gouvernement de transition ne peut y accéder.
Évidemment quelques problèmes de logistique demeurent comme celui de l'électricité. Ici, il n'y a que 3 heures de courant par jour. Mais exceptionnellement ce soir, il y en aura toute la nuit. La seule inquiétude qui règne autour de l’élection à Gao est celle d’un attentat kamikaze. Il ne faut pas oublier que Gao a été la cible de plusieurs attaques ces derniers mois. Un lourd dispositif sécuritaire a été mis en place pour dimanche. À l'origine de ce dispositif, l'État malien. Les forces onusiennes de la Minusma et les forces françaises de l'opération Serval n'apparaîtront qu'en deuxième et troisième rideaux, en appui des forces maliennes.
Ce dimanche, 42 000 électeurs sont attendus dans les 87 bureaux de vote de Gao.
FRANCE24