Publié le 22 Aug 2013 - 14:45
RADIOLOGIE DE L’HÔPITAL FANN

Un service au scanner noir des patients 

 

Réputé être le meilleur en termes d'imagerie médicale, le service d'imagerie médicale du Centre hospitalier universitaire de Fann (CHU Fann) ne donne cependant pas totalement satisfaction aux patients. D'aucuns décrient un personnel peu accueillant, du copinage, des lenteurs... Reportage.

 

Les entrées et sorties sont filtrées devant la porte. Le contrôle est strict à l'entrée principale du Centre hospitalier universitaire de Fann (CHU Fann) donnant sur l'avenue Cheikh Anta Diop. Une fois cette barrière franchie, à l’intérieur de la structure sanitaire, des panneaux sur les allées indiquent l'emplacement de chaque service. Les patients ou visiteurs qui ne savent pas lire sont obligés de se renseigner auprès d'agent de l'établissement ou de personnes rencontrées sur les lieux. A quelques mètres de la porte d'entrée, plus précisément à droite, se trouve le service d'imagerie médicale.

Le lieu est noir de monde ce jour où EnQuête s'y rendu. Dans le hall principal, des patients sont assis sur des chaises, d'autres debout par manque d'assises. Ils sont nombreux. Et s'apprêtent à vivre un véritable parcours du combattant pour se faire une radio dans ce service. Même si les radios se font sur rendez-vous, il faut se lever très tôt pour s'y rendre, sinon on risque d'y passer la moitié de la journée. Il faut tirer un ticket indiquant un numéro de passage, se signaler à des préposés - la plupart des femmes – à l'orientation qui réceptionnent le bulletin d'analyse, l'introduisent dans un des guichets pour visa, pour ensuite paiement du coût de la prestation dans un autre, avant de regagner le service concernant le patient. Cela peut prendre une éternité.

La durée, liée en partie à des lenteurs, irrite nombre de patients qui se disent témoins de passe-droits qui n'auraient rien à voir avec les cas urgents.

Alice Hann est assise sur une chaise, jambes croisées, l'air fatigué. ''Je suis là depuis 9 heures. Et jusqu'à présent (il était 12h 27 mn quand elle se confiait) je n'arrive pas à faire mon scanner'', se désole-t-elle. Et s'explique : ''Je n'ai trouvé que sept personnes. Trois sont parties et nous, nous attendons toujours. A chaque instant, les techniciens sortent et passent parfois 10 minutes avant de revenir. Au Sénégal, le personnel médical ne respecte pas les patients et c'est vraiment dommage'', peste-t-elle.

A côté d'Alice, le vieux Moussa Sakho enfonce le clou. ''Je crois qu'on doit apprendre à ces enfants à bien faire leur travail. Ils ne sont pas du tout qualifiés'', soutient M. Sakho. Ce sexagénaire confie avoir quitté à 6 heures du matin sa ville natale Rufisque pour ne pas rater son rendez-vous et pouvoir rentrer à temps. C'est raté. ''Ce n'est pas une première fois, l'année dernière, dit-il, je suis venu accompagner mon fils qui devait faire une radio simple. On nous a fait poireauter jusqu'à 13 heures. Quand j'entre dans la salle pour demander à quelle heure nous devons passer, (les agents) me répondent avec une grande arrogance. L'administration doit régler ce problème qui perdure.''

 

''Nous souffrons deux fois'

Dans ce service d'imagerie médicale, les ordres d'arrivée ne seraient pas respectés par le personnel. D'où la frustration chez des visiteurs qui dénoncent un manque de respect. ''Je ne peux pas comprendre qu'une personne puisse dormir tranquillement chez elle jusqu'à 10 heures, et que dès qu'elle arrive, elle passe sa radio avant les premiers venus. C'est une injustice. Ces gens doivent avoir honte'', fustige Bacary Kandji. ''Si tu avais cette opportunité, tu allais la saisir'', lui lance une dame assise derrière lui. ''Tu dois avoir honte'', rétorque M. Kandji, avant de marteler : ''Il faut respecter les règles établies.'' Un début de dispute entre patients. D'autres s'en mêlent mais c'est pour savonner la dame qui finalement s'est retirée des lieux. ''Ce n'est pas de sa faute. C'est le personnel qui est incompétent. Nous souffrons deux fois. Nous venons à l’hôpital pour nous soigner mais nous avons l'impression que tout ce dont nous souffrons se complique ici'', observe Aïda Cissé, venue faire une échographie.

 

Un personnel ''non accueillant''

Debout et adossé au mur, Alex Diattara accompagne sa mère qui doit passer une radio. Mais ce trentenaire n'est pas du tout content de l'accueil qui leur a été réservé. ''Je ne sais pas comment ces gens sont arrivés à ce stade. Un personnel doit être accueillant, ouvert. Mais parfois, quand on leur parle, (les agents) ne répondent pas. Ils ne lèvent même pas les yeux pour te regarder. Comment peut-on soigner alors qu'on n'est pas bien éduqué. C'est un manque d'éducation voire de l'indiscipline'', s'emporte M. Diattara. Embouchant la même trompette, Alpha Ndiaye va plus loin. Selon lui, si le personnel n'est pas accueillant, c'est parce qu'il ''est ignorant''. ''Ils refusent de parler aux gens pour ne pas que l'on découvre leurs lacunes. La majeure partie du personnel n'est pas passé par l'université, donc il ne faut pas leur en vouloir'', ironise Alex Diattara.

 

 

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