Publié le 19 Dec 2013 - 07:14
IBRAHIMA LÔ (DIRECTEUR DU LIVRE ET DE LA LECTURE)

 «Le Fonds d'aide à l'édition a besoin d'un mécanisme transparent»

 

Par rapport aux précédentes éditions de la Foire internationale du Livre et du Matériel didactique, quels innovations et changements pour 2013 ?

En termes d’originalité, je dois insister sur le cachet populaire que nous souhaiterions, sur instruction du Ministre, donner à l’activité… En principe, dès ce mercredi mais surtout le week-end, nous attendons une forte participation de la cible scolaire et universitaire. Nous sommes d’avis qu’il faut travailler à mettre le livre à la disposition des utilisateurs, toutes tranches d’âges concernées… surtout celle des plus jeunes, pour qui nous ambitionnons d’aider à combler les gros déficits en lecture et en écriture.

Nous avons aussi essayé de décentraliser l’offre de service de la Fildak en allant vers les régions. Bambey et, en particulier, son Université Alioune Diop et la ville de Kaolack, avec l’antenne d’expression régionale de l’enseignement, nous servent de terrain d’expérimentation de cette volonté.

Ça, c’est une innovation importante puisque, pour une fois, les personnes intéressées par le livre auront à disposition une grande partie de ce que l’on propose ici en temps réel j’allais dire, puisque ce sont des écrivains, des éditeurs, des ouvrages, des activités d’animations et d’échanges, des conférences qui vont se dérouler dans ces différentes localités.

Ensuite ?

Un troisième point d’innovation serait au niveaux des prix décernés. Traditionnellement, le Ministère organise la remise de deux prix mais cette fois ci, grâce à un partenariat avec l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), nous remettrons un 3e prix, le Prix Aminata Sow Fall pour la Créativité. Le choix de cette illustre marraine témoigne de notre engagement au service de la belle écriture, de l’instruction et de la revalorisation de la culture africaine.

Une dernière innovation serait l’effort que nous avons fait pour étendre la participation des éditeurs étrangers à cette édition, qui est relativement plus importante que ce qui s’est fait par le passé. En tout, ce sont 18 pays représentés : 8 de l’espace UEMOA, des pays du Maghreb, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique du nord avec les USA et le Québec, notamment.

Par rapport au matériel didactique, qu’est-ce que ça implique en terme de moyens ou encore d’engagement quand il s’agit de vulgariser ces supports moins connus du grand public ?

Le livre, c’est avant tout le support, et ce support peut se présenter sous des formes très variées au cours de l’Histoire humaine. Aujourd’hui, l’évolution technologique continue et le livre, traditionnellement sous support papier, connaît d’autres formes qui, naturellement, sont le fruit des TIC et qui ont un avenir incontestable.

C’est cette innovation là que la Fildak est, entre autre, chargée de promouvoir, c’est-à-dire de mettre à la disposition du public. Pour exemple, nous lancions hier (Ndlr : lundi) une librairie numérique africaine ici même. Il s’agit d’un dispositif d’un éditeur installé au Sénégal qui prévoit de mettre dans une librairie virtuelle tout ce que l’édition sénégalaise compte comme réalisations pertinentes et durables...

En quoi est-ce important ?

Il est clair que pour un pays en développement comme le nôtre, même si l’accès à la technologie n’est pas aussi grand que ce que l’on peut retrouver ailleurs, je ne pense pas exagérer en affirmant qu’au moins ¼ de la population a accès à l’internet via les portables… Potentiellement, cela veut dire autant d’utilisateurs qui, en se connectant, ont la capacité de consulter cette librairie numérique africaine. L’accès à la connaissance est un enjeu fondamental pour nos différents pays.

Des initiatives de ce genre permettent à nos citoyens de se retrouver dans ce que le monde d’aujourd’hui propose comme solution. Il nous est arrivé de rater de nombreux rendez-vous dans l’histoire mais celui ci, le rendez-vous d’un monde qui se globalise grâce aux outils technologiques, je crois que nous sommes suffisamment outillés pour le rallier en même temps que tous les autres.

Par rapport au Fonds d’aide, vous plaidez pour qu’on puisse davantage le consacrer aux ouvrages de qualité. Ne craignez-vous pas d'être accusé de favoritisme, étant donné que la question de l’appréciation du contenu est, par essence, subjective ?

Oui, le Ministre nous a réitéré un certain nombre d’orientations stratégiques de sorte que nous nous retrouvons, de plus en plus, à renforcer en capacités les différents opérateurs de l’édition, en particulier les éditeurs et les écrivains, mais de manière à accorder encore plus d’intérêt à la production du ‘’bon’’ livre.

L’idéal serait donc d’accentuer l’investissement pour l’acquisition du ‘’bon livre’’. Cela suppose, en amont, que tout le monde ait été suffisamment renforcé en compétences pour être en mesure de produire ce ‘’bon’’ livre et de se donner les moyens de le promouvoir au niveau des cibles, particulièrement de la tranche juvénile de lecteurs…

Pour vous, c'est l'essentiel...

Le plus important, ce ne sont pas les accusations faites à notre encontre. Il nous faut refuser de nous faire peur à nous-même. J’ai dit en plusieurs occasions qu’il est possible que sur un certain nombre de questions que nous administrons, affleurent des désaccords…Et c’est heureux que nous ne soyons pas d’accord sur tout ! Le plus important est de consigner ces désaccords et ensuite essayer d’avancer…

Pour en revenir au ‘’bon’’ livre, le Fonds d’aide à l’édition, de notre point de vue, doit être régi autrement. Il faut mettre en place un mécanisme transparent, démocratique si l’on veut, mais en tout cas qui permette aux ayants-droit d’avoir regard sur l’administration de ce Fonds d’Aide. À partir de ce moment, la question du favoritisme, si jamais elle s’est posée (mais) permettez-moi d’en douter, aura moins de relief possible dans l’administration des deniers publics. 

 

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