Publié le 5 Jan 2015 - 11:06
APRES LE PUTSCH AVORTE EN GAMBIE

Les droits-de-l’hommistes alertent contre les représailles

 

Après le coup d’état manqué du 29 au 30 décembre 2014, l’heure est aux représailles en Gambie. Les organisations de défense des droits de l’Homme sonnent l’alerte.

 

L’enfer aux familles et présumés complices des auteurs du coup d’état manqué en Gambie. ‘’Le président Jammeh aurait brandi comme menaces les corps des présumés responsables du coup d’Etat, juste après son retour au pays. Des dépouilles qu’il refuse encore de remettre aux proches des victimes’’, confie Aboubacry Mbodji de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme. Dans un communiqué conjoint sorti ce week-end, l’ONG Article 19, la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH), Amnesty international, la RADDHO et la SIDH se disent préoccupés par la ‘’répression sans discernement dans une logique de terreur tous azimuts en Gambie’’.

Ces organisations qui ont réitéré une ferme opposition à toute forme d’accession au pouvoir par des procédés non constitutionnels, condamnent cependant les actions du gouvernement gambien après le coup d’Etat manqué. ‘’Des actes qui ont consisté en des arrestations arbitraires en Gambie, du seul fait de la proximité avec les présumés auteurs du coup d’Etat manqué’’, dénoncent-elles. C’est  ainsi que des ‘’dizaines de personnes parmi lesquelles des mères de familles, des civils et militaires ont été arrêtés et détenus par les forces de l’ordre’’, renseigne les droits-de-l’hommistes. Craignant le pire, ils lancent un appel pressant aux Nations unies, à l’Union Africaine et à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Ces organisations doivent, selon les défenseurs des droits de l’Homme, aider à ‘’l’ouverture d’une enquête transparente et impartiale sur les violations graves et répétées des droits humains commises en Gambie au cours de ces deux dernières décennies’’. Des violations qui font suite aux vagues de répressions successives contre les journalistes, les défenseurs des droits humains, les militants de partis politiques et de mouvements citoyens. ‘’De tels actes ont contraint de nombreux citoyens gambiens à opter pour l’exil forcé’’, regrettent les défenseurs des droits de l’Homme. Suite à la demande d’extradition des supposée complices des putschistes en Guinée-Bissau, les organisations recommandent ‘’au gouvernement bissau-guinéen de ne pas extrader les personnes arrêtées sur son territoire vers la Gambie, où celles-ci risquent la peine de mort ou simplement d’être exécutées’’.

La Guinée-Bissau dément la présence de présumés putschistes dans son territoire

A ce niveau, les autorités bissau-guinéennes ont démenti à travers un communiqué la présence sur leur territoire d'auteurs présumés de l'attaque du 30 décembre contre le président gambien. Elles ont condamné cet assaut. ‘’Jusqu'à aujourd'hui, aucun militaire impliqué dans la tentative de coup d'Etat survenue en Gambie n'a franchi la frontière nationale, encore n’est mis en prison’’, lit-on dans la note.

 En outre, les organisations des droits de l’Homme exhortent les autorités gambiennes, aussi bien le gouvernement que les forces de sécurité et de défense, à ‘’agir dans le plein respect des droits humains, conformément à leurs engagements vis-à-vis des instruments juridiques internationaux et régionaux’’.  Depuis son arrivée au pouvoir par coup d’Etat en juillet 2014, Yahya Jammeh dirige la Gambie d’une main de fer. En 20 ans, son règne a été traversé par des tentatives de coup d’Etat qui ont tous échoué. Le dernier intervenu dans la nuit du 29 au 30 décembre 2014, dirigé par Lamine Sanneh, ancien porte-parole de l’armée gambienne, a particulièrement fait vaciller le régime de Jammeh pendant une longue journée.  

AMADOU NDIAYE

 

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