‘’Une minorité veut prendre le pays en otage’’
Le Chef de l’Etat a présidé hier le Conseil présidentiel sur le Plan d’actions du pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (PNSSEE). Une occasion pour le président Macky Sall de donner une leçon de patriotisme aux enseignants tout en se montrant ferme. Il a aussi écarté les risques d’une année blanche.
Tantôt il s’est fait conciliant tantôt le Chef de l’Etat s’est montré très ferme envers les enseignants à qui il a fait la leçon hier, lors du Conseil présidentiel sur le Plan d’actions du pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (PNSSEE). Le Président Macky Sall trouve déraisonnable que les enseignants brandissent l’arme de l’année blanche. ‘’Il ne faut pas être ‘’jusqu’au boutiste’’ pour dire tout de suite et maintenant sinon on ne reprend pas la direction des classes’’, a martelé le Chef de l’Etat. Il s’est inscrit en faux contre les syndicalistes qui déplorent l’absence de dialogue. ‘’La question, ce n’est pas d’être reçu au Palais car le gouvernement dialogue en permanence avec les syndicats’’, a soutenu le président tout en soulignant qu’il y a différentes formes de dialogue comme les conseils présidentiels, la remise de doléances lors de la fête du 1er mai etc.
Revenant sur la plate-forme revendicative des syndicats enseignants, il a rappelé la question des reclassés de 2006 et la surimposition concernés par 1600 personnes ; 2341 cas étant déjà réglés. Toutefois, il a laissé entendre que tout ne peut être résolu du fait que le Sénégal doit naviguer dans des équilibres très précaires.
Macky Sall : ‘’Avons-nous le droit de sacrifier les enfants ?’’
C’est pourquoi, il invite les enseignants à travailler avec le gouvernement sur les conditions de levée des mots d’ordre de grève, en appelant les grévistes au sens de la responsabilité. ‘’Avons-nous le droit de sacrifier les enfants dont les parents ne peuvent pas envoyer leurs enfants dans le privé ou à l’étranger?’’, s’est interrogé le Chef de l’Etat. Il a ajouté qu’au regard des moyens investis dans l’éducation en terme d’infrastructures, de lycées, collèges, universités… les enseignants n’ont pas le droit de tout sacrifier à cause de quelques doléances qui n’ont pas été satisfaites. ‘’On ne peut pas tout régler tout de suite et maintenant, mais jamais gouvernement n’a été aussi attentif aux revendications des travailleurs’’, a réitéré le Chef de l’Etat qui se dit syndicaliste.
‘’J’ai les mêmes sensibilités que vous sur le plan social. Quelque part, je suis aussi syndicaliste que vous, mais un syndicaliste au service de tout le Peuple. Car je dois défendre tout le monde : les travailleurs, les paysans, le patronat, tout le monde’’, a-t-il déclaré. Insistant toujours sur le sens de responsabilités des enseignants, il a souligné que ces derniers ne sont les seuls à avoir des doléances. ‘’Tout le monde a des revendications. Ne regardez pas votre seule plate-forme’’, a lancé M. Sall. Au-delà des enseignants, il a invité tous les agents de l’Etat à faire preuve de compréhension.
Ce, d’autant plus qu’il a relevé que le Sénégal a des moyens très limités avec des recettes fiscales ne dépassant pas 1 500 milliards dont la moitié, soit 750 milliards, est consommée par les seuls fonctionnaires au nombre de 120 000 agents. ‘’Tous les jours, ils veulent me mettre un couteau à la gorge alors qu’ils ne constituent que 1% de la population’’, a déploré le Président. Et de poursuivre : ‘’Il n’y a pas que vous. Vous êtes une minorité (…) secteur privé et public compris. 120 000 personnes qui veulent prendre en otage le pays ! Pourquoi ? Parce qu’ils sont syndiqués ? Ça, je dis non.’’
Revenant sur la crise scolaire, le président a assuré qu’il n’y aura pas d’année blanche. Parce que, dit-il, ‘’nous avons des patriotes qui sont conscients de leur rôle historique de contribuer à la défense de l’école sénégalaise’’.
FATOU SY