Les ponctions, ‘’un casus belli’’
L’information (la rumeur pour d’autres) a créé une surprise chez les enseignants. La ponction que le gouvernement a encore opérée sur les salaires a suscité l’indignation. Le Cusems parle de casus belli. Le Grand cadre prépare la riposte. Du côté du gouvernement, on se renvoie la balle entre ministères.
L’école sénégalaise fait-elle partie des damnés de la terre ? Alors qu’on croyait la paix revenir le temps de terminer l’année, les perturbations se pointent encore à l’horizon. Et cette fois-ci, c’est la ponction sur les salaires qui risque de mettre l’huile sur le feu. Le gouvernement a en effet fait des retenues sur salaire pour le mois de mai. Le coordonnateur adjoint du Grand cadre n’en revient pas. ‘’Il y a eu effectivement des ponctions sur les salaires. Et tout ceci de manière irrégulière et sauvage. C’est de la tricherie et du vol organisé’’, s’écrit Oumar Waly Zoumarou.
Il estime que s’il doit y avoir une ponction sur salaire, ça doit se faire sur la base des textes. Or, il a entendu du côté du ministère des Finances dire qu’on peut même avoir des retenues sur salaire avoisinant les 225 000 F Cfa. Ce qui est une injustice pour lui parce qu’il ne connaît pas un enseignant du moyen-secondaire dont le 1/3 du salaire peut faire 225 000 F Cfa. Ce qui veut dire que des enseignants vont se retrouver avec une solde négative à la fin du mois. ‘’Il y a un abus manifeste’’. De ce fait, il reste convaincu que le gouvernement ne veut pas de stabilité dans l’espace scolaire. Sinon, il n’aurait pas agi de la sorte, surtout, poursuit-il, ‘’à un moment où les esprits s’étaient calmés et les pensées occupées par les examens’’.
‘’Nous tendons vers un 7ème plan d’actions qui est le boycott des examens. Si l’Etat ne se rétracte pas, nous ferons face’’, promet Zoumarou qui, ironisant, affirme que le gouvernement a besoin de la grève pour avoir du travail. Il faut qu’il y ait des négociations pour que le ministre ait un travail. Zoumarou accuse même l’Etat de collecter de l’argent avec les ponctions pour faire face aux sommes à verser pour les années de validation. ‘’L’Etat prend chez les enseignants pour reverser aux enseignants.’’
‘’Ce sont eux qui ont géré. Ils savent s’il y a ponctions ou non…’’
Du côté du Cusems, on n’a pas encore l’information officielle sur la ponction. Et on évite donc de ‘’réagir sur la base de rumeurs’’. On préfère également ne pas envisager cette éventualité. Mais dans tous les cas, si cela se confirmait, ‘’l’Etat aura posé un casus belli’’, avertit Ndongo Sarr.
Du côté du gouvernement, l’on se renvoie la balle. Le ministère de l’Education nous a renvoyé auprès du ministère de l’Economie et des Finances, parce que soi-disant, c’est une question d’argent. Ce sont eux qui connaissent. Au ministère d’Amadou Ba, la réplique ne s’est fait pas attendre. ‘’Ce sont eux qui ont géré. Ils savent s’il y a ponctions ou non, parce que ce sont eux qui prennent les décisions. Et ce sont eux qui ont communiqué jusque-là’’, soutiennent des fonctionnaires du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan.
BABACAR WILLANE