Etudiants et boutiquiers plient bagages
Prévu pour hier, à 18 heures, la mesure des autorités du Centre des œuvres universitaires de fermer le Campus social a été respectée cette fois-ci.
En cette fin d’après-midi du 31 août 2015, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar présente un visage peu habituel : les rues d’habitude bondées de monde sont quasiment vides. Les quelques étudiants restés sur les lieux sont en train de partir. Bagages en mains, ils se bousculent devant les portes de sortie des pavillons. Les taximans en profitent pour faire de bonnes affaires. Ils sont stationnés devant tous les bâtiments et remplissent leurs voitures. Mais l’évènement du moment, c’est l’embarquement de la caravane des étudiants de Kolda.
Quatre bus de soixante-dix places sont alignés devant la Direction du Coud et le Pavillon A. Tout autour des véhicules, des bagages de toutes sortes sont déposés. De grosses valises, sacs de voyage, matériaux domestiques (bouteilles de gaz, ventilateurs, postes téléviseurs…), le désordre est digne d’un bazar. Ce type de voyage est bien connu des étudiants qui viennent des régions éloignées de la capitale sénégalaise. En effet, lors des fêtes comme la tabaski, korité et les vacances de Noël, les étudiants de la même localité organisent des caravanes pour rejoindre leur terroir. La joie des voyageurs se lie sur leurs visages.
Les raisons qui poussent les étudiants à organiser ces convois sont essentiellement pécuniaires et sociales. Souvent les prix du transport avec les caravanes sont moins chers que ceux des transporteurs qui prennent départ dans les gares routières. Trois des quatre bus stationnés devant le pavillon A vont à Kolda. Le convoi a été organisé par l’Association pour la promotion de Kolda (Asseprok). Selon son président Aliou Kandé, le voyage a été subventionné par certaines autorités de la Région à travers des dons de bons de carburant.
‘’Quand on voyage seul, on dépense au minimum huit mille francs CFA, mais avec la caravane, on cotise six mille francs seulement et puis les bagages sont gratuits’’, explique Mamadou Saliou Baldé. Toute souriante et enthousiaste, Yacine Bâ elle aime surtout l’ambiance qui animera les bus durant le voyage nocturne. ‘’Aujourd’hui, on va passer une nuit excellente car dès le départ, les gens vont commencer à chanter, faire des blagues, on ne ressentira même pas la longueur du trajet. Vraiment c’est génial !‘’ se réjouit l’étudiante en Espagnol. Ce sentiment qu’elle exprime est le mieux partagé chez les voyageurs qui espèrent arriver ‘’au pays natal’’ ce matin.
‘’Les boutiques aussi ferment’’
A l’Université Cheikh Anta Diop, tout le monde est obligé de prendre des vacances. La fermeture du campus social hier, ne concernait pas que les étudiants. Les gérants de cantines ont été obligés de fermer leurs boutiques jusqu’à la prochaine réouverture de la cité universitaire. Hier, vers 18 heures passées de quelques dizaines de minutes, la grande majorité des cantines étaient déjà fermée, mais cela n’a pu empêcher des éléments de la sécurité du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) de circuler pour vérifier l’effectivité de la mesure. ‘Dépêchez-vous ! Fermez les boutiques ! Vous avez dépassé l’heure fixée !’’ ordonne un des agents du Coud aux quelques boutiquiers récalcitrants qui profitait de la présence des clients.
‘’Chaque année, c’est comme ça. C’est difficile, dans la mesure où on arrête notre travail pour être en chômage technique. Mais si les autorités du Coud estiment que c’est indispensable de fermer, nous, on ne peut que se plier à leur décision’’, se console Abdou Aziz Ndiaye. Le détenteur d’une cantine de papeterie et de photocopieuses d’ajouter : ‘’Je vais en profiter pour me reposer même si c’est une situation handicapante car je risque de dépenser toutes mes économies.’’ Ce sentiment d’Aziz est largement partagé par ses quelques voisins restés encore sur leur lieu de travail. ‘’Je vais en profiter pour rendre visite à mes parents à Ziguinchor’’, lance son ami d’à côté. En attendant la réouverture prévue au mois d’octobre prochain, l’endroit le plus bouillant de la ville de Dakar observe un silence de cathédrale.
ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)