Publié le 4 Sep 2015 - 02:16
MISE AU POINT DE SERIGNE MBAYE THIAM

“Je n’ai pas dit que les résultats seront catastrophiques, d’ici à 2028” 

 

Les échanges entre le ministre de l’Education nationale et les différents acteurs du système éducatif, à Koalack, ont permis hier de lever des équivoques.

 

Au cours d’un comité régional de développement tenu hier à Kaolack, les enseignants ont fait des remarques au ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam sur ses propos tenus, lors du conseil présidentiel sur les assises de l’Education. Des déclarations qui faisaient état de résultats mauvais au baccalauréat, jusqu’en 2028. Mais hier, le concerné s’est défendu d’avoir tenu de tels propos. “Personne ne peut vous dire qu’il a entendu le ministre dire ça. Je vais répéter ce que j’ai dit. Je ne peux pas le dire, car j’ai accordé une interview au quotidien Le Soleil dont le titre est : “Les résultats ne sont pas aussi mauvais que l’on ne pense.”

Il y a aussi le programme sectoriel. L’intitulé, c’est moi qui l’ai pro- posé au président de la République. Ça s’appelle programme d’amélioration de la qualité. Cela veut dire que la qualité existe, il faut l’améliorer. Donc, je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de qualité. Mais elle est insuffisante. Et nous devons l’accepter.”Pour mieux se faire comprendre, le ministre a précisé davantage sa pensée : “Ce que j’ai indiqué, c’est que les investissements dans l’éducation et notamment les investissements dans la qualité sont des investissements de rentabilité à très long terme.

C’est lent”. Un problème lié à l’insuffisance des intrants et à leur qualité. “J’ai indiqué que nous avons des problèmes de qualité qui tiennent à l’insuffisante formation des enseignants. Au manque de matériels pédagogiques didactiques, aux conditions d’enseignement et d’apprentissage, à l’instabilité du système, entre autres. Tout le monde sait que les deux premiers intrants de qualité : c’est la formation de l’enseignant et la disponibilité du matériel pédagogique et didactique”.

Par ailleurs, le ministre a répondu à ceux qui l’accusent de diaboliser les enseignants. Il a écarté toute mauvaise intention, tout en maintenant sa déclaration. “Pour guérir un mal, il faut d’abord accepter qu’il existe. Je n’ai pas jeté l’opprobre sur les vacataires et les volontaires. Si nous nous regardons droit dans les yeux, nous savons que cette politique a été dévoyée aussi bien par les politiciens, les parents d’élèves, les syndicalistes et toute la société. Dans nos villages, nos quartiers, on a pris des enseignants qui n’auraient jamais dû être des enseignants.”

“C’est vous qui avez demandé que l’on forme les enseignants”

Serigne Mbaye Thiam a fait remarquer aux enseignants qu’ils disent exactement ce qu’il a dit. Par conséquent, ses propos, pense-t-il, ne peuvent pas être interprétés comme une attaque contre les corps émergents. “Vous avez exprimé le besoin de former ces enseignants. L’année passée, 16 000 enseignants ont été formés. Et le nouveau stock est de 21 000 enseignants. Cela fait 37 000 enseignants, donc plus de la moitié des effectifs que nous avons dans l’élémentaire. Vous-mêmes, vous admettez qu’il y a problème. C’est ça que j’ai dit. Il y a un problème de formation des enseignants. Nous tous, nous avons demandé à des inspecteurs d’académie, à des IEF de prendre des gens comme volontaires ou vacataires ; des gens à qui on n’aurait pas confié nos propres enfants.”

Après le constat, viennent les mesures correctives. Le successeur d’Ibrahima Sall rappelle que son ministère a joué sur le niveau de recrutement (BAC à la place du BFEM), le temps de formation (9 mois au lieu de 3 semaines). Et sur- tout sur la rigueur des méthodes de sélection et de formation des élèves-maîtres. Serigne Mbaye Thiam a d’ailleurs profité de l’occasion pour encourager la société civile, particulièrement la COSY- DEP qui a initié la campagne “Ubbi tey jang tey” qui, dit-il, est un processus à poursuivre.

Perturbation dès la rentrée ?

Cependant, les enseignants, Ousseynou Diop en premier, ont fait comprendre au ministre que pour que ‘Ubbi tey jang tey’ soit une réa- lité, il faut que le gouvernement rem- plisse sa part du contrat. Ce, en respectant les accords. Le cas contraire, on pourrait bien assister à une perturbation, dès la rentrée. Abondant dans le même sens, Tamsir Bakhoum a rappelé aux autorités l’urgence d’aller vers la matérialisation des accords du 30 avril 2015. “Si les conditions de vie des enseignants sont améliorées, la tendance sera renversée”, a-t-il promis. Sur ce point, la tutelle souligne qu’il n’y a aucun dossier en instance. “Le DRH l’a confirmé : 9 227 dossiers sont traités”, annonce le ministre.

Le Grand Cadre n’existe pas formellement

Depuis la signature des accords du 30 avril entre le gouverne- ment et les enseignants, le Grand cadre s’est divisé en deux entités. L’une dirigée par Mamadou Lamine Dianté qui était d’ailleurs le coordonnateur du Grand cadre originel. L’autre commandée par Abdou Faty qui a initié la dissidence avec d’autres. Depuis, les deux cadres se font représenter dans les rencontres. Hier, les deux représentants des organisations rivaux se sont livrés à des allusions l’un contre l’autre. Le ministre Serigne Mbaye Thiam a voulu clore le débat. Il leur a lancé ceci sans plus de commentaire: “le Grand Cadre n’existe pas formellement.” 

AIDA DIÈNE, ENVOYÉE SPÉCIALE 

 

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