Ce que disent les experts
La journée a été longue hier pour les acteurs de l’aéronautique au Sénégal. Plusieurs réunions se sont tenues du côté de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar pour essayer de savoir ce qui s’est réellement passé. Et selon nos sources, la thèse de ‘’l’abordage’’, terme technique utilisé pour désigner le fait que deux avions se soient frôlés en l’air, est dès à présent retenu.
Abordage ? Cette hypothèse est pour le moment la plus probable pour expliquer la disparition de l’aéronef de Senegalair. Autour de l’Agence nationale de l’Aviation civile et de la Météorologie (Anacim), les experts de l’aéronautique ont pu étudier des données radars des aéroports de Dakar, Bamako, Ouagadougou etc. Ils ont pu établir que l’aéronef de Senegalair et le Boeing 737 de Ceiba se sont croisés aux environs de 18 heures. Selon plusieurs témoignages recueillis aussi bien au niveau de l’équipage de Ceiba que de passagers, à un moment donné, environ 45 minutes après le décollage du Boeing depuis l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, un bruit sec a été ressenti à l’intérieur de l’avion, qui, selon toute probabilité, a supporté le ‘’tourbillon’’ occasionné par ‘’un partage d’espace trop proche’’.
La taille et la résistance de l’appareil ne seraient pas étrangères à cela. Mais les pilotes ne veulent prendre aucun risque après cet incident. Ce, d’autant plus que le protocole qui organise leur travail les oblige à se plier aux exigences de sécurité lorsqu’ils ont des doutes sur les risques de défaillances. C’est pourquoi, nous signale-t-on, le vol de Ceiba, qui devait faire escale à Cotonou, a dû piquer directement à sa base à Malabo en Guinée Equatoriale. Le crash de l’aéronef de Senegalair aurait lieu quelques instants après cet abordage, soupçonnent bien les techniciens, qui déclarent que les investigations qui sont en train d’être menées ne devraient pas tarder à livrer leurs conclusions définitives qui, du reste, ne seront pas éloignées des pistes déjà dégagées.
Pour le moment, ce sont des moyens importants qui sont mis en place pour tenter de reconstituer les pièces du puzzle. Trois avions se relaient sur le ciel pour essayer de retrouver des pièces à plus de 100 kilomètres des côtes de Dakar. Il s’agit d’un avion de l’Armée française, un autre du Portugal ainsi que d’un avion sénégalais. La Marine sénégalaise est mise à contribution. Pour le moment, les recherches sont vaines. Aucune pièce n’a été retrouvée alors que la zone à inspecter est vaste. ‘’C’est difficile. Même dans les pays développés, quand il y a de pareils évènements, c’est toujours difficile de récupérer les pièces de l’avion, a fortiori des corps’’, confie un technicien de l’aviation.
Yakhya Mamadou Diop : Si jeune, si brillant ! Né en 1973, marié et père de trois enfants, Yakhya Mamadou Diop quitte la terre des hommes, à 42 ans. Si les exigences de la communication d’Etat font que certaines précautions sont prises pour ne pas traumatiser sa famille, celle-ci, établie à Sacré-Cœur 2, se prépare au deuil, foi en bandoulière. Hier déjà, l’émotion était vive chez les proches de Yakhya Mamadou Diop, qu’ils soient de la famille, collègues, anciens camarades de classe etc. Les témoignages chez ses collègues sont unanimes : ‘’il était très professionnel’’. Comme l’indiquent déjà les forums sur internet depuis que les premières informations ont commencé à être diffusées, nombreux sont les Sénégalais qui ont relevé sa disponibilité et son éthique. ‘’Il prenait son temps avec les patients et consultait souvent gratuitement alors qu’il travaillait pour une institution privée’’, confie un de ses anciens patients. Très endurant physiquement, il avait ces dernières années cessé d’avoir une vie privée pour se consacrer à son travail. ‘’Il avait la passion de la médecine’’, confie une connaissance. Yakhya Mamadou Diop a fait une partie de ses études universitaires en Tunisie avant de rejoindre la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2001 pour une spécialisation en Anesthésie-Réanimation. Il y décroche une Certificat d’études spécialisées (CES) qui est d’ailleurs devenu, depuis trois ans, le Diplôme d’études spécialisées (DES). Exerçant effectivement cette profession depuis une dizaine d’années, il a surtout travaillé à SOS Médecins où sa blouse se confond avec cette boîte. Bien qu’exerçant dans le privé, ce médecin qui a fait la Cathédrale de Dakar (1979-1985) avant de rejoindre le Prytanée militaire de Saint-Louis (1985-1992), était très actif dans le social. D’une humeur très rarement perturbée, serein, endurant et sérieux, sa disparition est une très grande perte pour le milieu très renfermé des Anesthésistes et le Sénégal. |
Mame Talla Diaw