La détresse des sinistrés de l’école Salif Ndong
A quelques jours de la fête de Tabaski, les 58 familles relogées à l’école élémentaire El hadji Salif Ndongo de Djiddah Thiaroye Kao ne savent plus où donner de la tête. Elles attendent les moutons promis et espèrent rentrer chez elles. Reportage.
L’école élémentaire El hadji Salif Ndongo de la commune de Djiddah Thiaroye Kao est non seulement connue pour ses résultats scolaires, mais, aussi comme l’infrastructure qui, chaque année, accueille le plus grand nombre de sinistrés. Cette année, 58 familles victimes des inondations y ont trouvé refuge, depuis bientôt un mois. Loin des joyeux potaches en train de jouer dans la cour, des matelas étalés un peu partout jonchent le sol. Plus loin, des femmes font la vaisselle ; d’autres lavent le linge. Les salles de classe accueillent entre 3 et 6 familles. Une chaleur infernale y règne. Les inévitables matelas sont éparpillés un peu partout. Les tables-bancs sont rangés au fond des salles.
Ici, la célébration de la fête de Tabaski hante le sommeil, outre l’envie folle de retourner chez soi. ‘’Nos maisons sont inondées. On ne sait plus comment faire pour y retourner. Il y a de l’eau partout dans notre quartier. On aurait souhaité aller passer la Tabaski chez nous, mais en tant qu’être humain, on ne peut échapper à la Volonté divine. Pas plus tard qu’hier (avant-hier), je me suis rendu à notre maison, mais l’eau y est toujours’’, explique Alpha Maita. Ce maître coranique, venu du quartier Touba Thiaroye, a à sa charge une vingtaine de talibés. ‘’A l’heure où je vous parle, je n’ai pas de mouton. Et nous sommes nombreux, dans ce cas. Il y a plus de 6 maîtres coraniques qui ont plus d’une centaine de personnes à prendre en charge, sans parler des autres familles. Nous sommes preneurs de toute aide qu’on pourra nous apporter. Le maire de Pikine avait promis à chaque famille un mouton. On attend et on espère toujours’’, dit-il.
Certes, la hantise de trouver un mouton est là, mais certains sont plus intéressés par un bon système de canalisation qui permettra de sortir définitivement du joug des eaux de pluie. ‘’Si cela ne dépendait que de moi, j’allais passer la nuit chez moi. Mais que faire ? On a reçu beaucoup d’aides dans cette école, mais on n’en demande davantage. Ce qui hante notre sommeil, c’est comment reconstruire nos maisons. Moi qui vous parle, j’ai reçu 80 000 F CFA d’aide avant-hier. Avec l’argent, j’ai acheté deux camions de sable. Je pense qu’il me faut au moins 15 à 20 camions de 16 m3 pour remblayer la maison. Nous demandons des canalisations. On n’a pas les moyens de le faire. Que l’Etat nous aide dans ce sens’’, supplie Modou Diop, une personne du troisième âge, trouvé dans une autre salle de classe. Lui aussi attend le mouton promis.
Cette autre dame s’angoisse à l’idée de ne pas recevoir le bélier promis. ‘’J’espère que ce ne sera pas une promesse de campagne. On a tendance à voir des politiciens en perte de vitesse exploiter des sinistrés pour se refaire une santé politique. Je ne sais pas si le maire Abdoulaye Timbo va me lire ou pas, mais nous lui demandons de respecter cette promesse, sinon, il va nous faire davantage de mal’’.
Les assurances de la mairie
La mairie de Pikine compte respecter sa promesse, du moins si l’on en croit Matar Diop, adjoint au maire. Joint par EnQuête, il a déclaré : ‘’Demain (aujourd’hui) incha Allah, toutes les 58 familles relogées dans cette école vont recevoir chacune 50 000 F CFA pour acheter son mouton. Je vous en donne la garantie. Vous pouvez venir vous-même faire le constat.’’
CHEIKH THIAM