Amnesty réclame Wade et Ngom devant la justice...
Pour l'organisation internationale de défense des droits humains, qui présentait son rapport annuel hier sur le Sénégal, l'ex-président Abdoulaye Wade et son ministre de l'Intérieur doivent répondre des crimes commis durant leur magistère.
Les douze ans d’Abdoulaye Wade à la tête du pays sont marqués par l’impunité, les entraves aux libertés, la répression par les forces de l’ordre... C'est le constat établi par Amnesty international (AI) dans son rapport annuel présenté mercredi à la presse. Et durant cette période, l'organisation de surveillance des droits humains a dénombré au Sénégal «22 personnes décédées du fait de la torture, de mauvais traitements ou d’un usage excessif de la force par les forces de sécurité». Parmi ces victimes, 7 personnes ont été tuées lors de manifestations diverses contre un troisième mandat du président sortant.
Entre juin 2011 et mars 2012, des centaines de personnes ont été blessées durant les manifestations et certaines ont été arrêtées dans des conditions atroces. A cet effet, le président d’Amnesty international Sénégal, Seydi Gassama, demande que la lumière soit faite sur ces affaires. Mais surtout, que les personnes qui ont donné l’ordre de tirer ou de torturer répondent à la justice. «La répression contre la candidature de Wade a fait des centaines de victimes. Des personnes ont été torturées, ce qui a fait un total de huit morts dont sept civils et un policier. Il faut qu’il y ait justice contre les personnes qui ont donné l’ordre à savoir l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom et le président Wade», a dit M. Gassama.
Amnesty international a dressé un tableau sombre pour le Sénégal durant l’année 2011. Des journalistes convoqués à la DIC (division des investigations criminelles), des manifestations interdites, en violation flagrante de la Constitution, des leaders politiques et de la société civile arrêtés et malmenés. «Il n’y a presque jamais de poursuite pour les cas de torture et de mauvais traitements», s'indigne Seydi Gassama. «Pire, des aveux extorqués sous la torture continuent d’être acceptés comme preuves par beaucoup de juges sénégalais en violation flagrante des dispositions de la Convention des Nations-unies contre la torture dont le Sénégal est signataire», ajoute le représentant d'Amnesty.
Pour lutter contre les entraves aux poursuites judiciaires contre des personnes citées dans ces actes dits dégradants, Amnesty international recommande aux autorités de réformer le Code de justice militaire, qui constitue un frein à la mise en cause des membres des forces de sécurité. Dans cette foulée, Amnesty International appelle le nouveau pouvoir à voter le Code de la presse et à lutter contre la torture en apportant une aide aux observateurs des lieux de privation de liberté.
ALIOU NGAMBY NDIAYE