Publié le 27 Oct 2025 - 17:27
EXPOSITION AUX CATASTROPHES ET RISQUES  

L’enquête alarmante de l’ANSD

 

La première enquête nationale auprès des ménages sur les Risques environnementaux et la Vulnérabilité des Populations selon le Genre (ENREVG) au Sénégal en 2025 révèle qu’au cours des 12 derniers mois précédant l'enquête (du 10 avril au 9 juin 2025), 95,1 % de la population (15 ans ou plus) a connu au moins un risque ou une catastrophe. Qu’il s’agisse de vagues de chaleur, tempêtes de poussière, inondations, accidents de circulation, orages violents, effondrements de bâtiment et tempêtes, entre autres menaces.

 

Globalement, plus de neuf Sénégalais sur dix âgés de 15 ans ou plus (95,1 %) déclarent avoir été exposés à au moins un risque ou une catastrophe au cours des 12 derniers mois. Ces chiffres proviennent de la première enquête nationale auprès des ménages sur les Risques environnementaux et la Vulnérabilité des Populations selon le Genre (ENREVG) au Sénégal en 2025 menée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes).

Ainsi, au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête (du 10 avril au 9 juin 2025), 95,1 % de la population (15 ans ou plus) a connu au moins un risque ou une catastrophe, renseigne le document. Près de 64 % en a connu au moins trois. La même tendance s’observe quel que soit le sexe.

L’exposition est légèrement plus élevée en milieu rural (95,4 %) qu’en milieu urbain (94,9 %). Dans l’ensemble, les hommes (95,8 %) sont davantage exposés que les femmes (94,4 %). La même situation est observée quel que soit le milieu de résidence.

L’analyse selon la région montre que globalement plus de 7 personnes sur 10 âgées de 15 ans ou plus sont exposées à au moins un risque ou une catastrophe, quelle que soit la région au cours des 12 derniers mois.

En effet, les niveaux les plus élevés sont observés dans les régions de Sédhiou (99,4 %), Kédougou (99,2 %), Saint-Louis (99,1 %), Fatick (99,0 %), Kaolack (98,9 %), Diourbel (98,8 %), Matam (98,3 %), Dakar (97,9 %) et Kaffrine (97,8 %). Par contre, les régions de Ziguinchor (78,8 %) et Tambacounda (79,1 %) affichent les proportions les plus faibles.

L’analyse selon le sexe indique qu’à l’exception des régions de Fatick et Kaffrine, ce sont les hommes qui sont plus exposés que les femmes.

Les résultats de l’enquête mettent en évidence une certaine vulnérabilité des populations de 15 ans ou plus due à leur exposition aux risques/catastrophes. Les aléas les plus fréquemment observés au cours des 12 derniers mois sont les suivants : vagues de chaleur (70,9 %), tempêtes de poussière (55,8 %) et inondations (44,1 %). À l’opposé, les phénomènes tels que les gouffres, les tempêtes de grêle et les glissements de terrain sont rares.

L’analyse selon le sexe fait aussi ressortir de légères différences avec une exposition légèrement plus élevée chez les hommes que chez les femmes, sauf pour les orages violents, rafales descendantes, les effondrements de bâtiment et les tempêtes de grêle.

Accès aux informations d’alerte précoce

Il ressort aussi des résultats que, parmi les personnes exposées aux risques/catastrophes, 43,4 % ont eu accès aux informations d’alerte précoce et les ont comprises. Les habitants des zones urbaines (49,4 %) y accèdent et les comprennent davantage que ceux des zones rurales (34,3 %).

En zone urbaine, les proportions de femmes (50,2 %) ayant accédé et compris ces informations sont légèrement plus élevées que celles des hommes (48,5 %). En revanche, en zone rurale, ce sont les hommes qui y accèdent le plus (36,4 % contre 32,6 %).

Au niveau régional, les proportions les plus élevées sont observées dans les régions de Kaolack (88,8 %), Saint-Louis (59,6 %), Diourbel (57,9 %), Ziguinchor (49,8 %), Dakar (48,1 %) et Fatick (44,6 %). À l’opposé, les niveaux les plus faibles sont enregistrés à Sédhiou (5,7 %), Kédougou (9,9 %), Louga (12,0 %) et Tambacounda (19,7 %).

Dans les régions de Dakar, Diourbel, Kaolack et Thiès, les proportions de femmes ayant accédé et compris les informations d’alerte précoce sont plus élevées que celles des hommes. À l’inverse, dans les autres régions, ce sont les proportions d’hommes qui prédominent.

Les catastrophes/risques pour lesquels les populations exposées ont le plus reçu une information d’alerte précoce avant leur survenance sont les vagues de chaleur/chaleur extrême (79,3 %), les tempêtes de poussière, épisode de brume, air pollué, fumée, nuages bruns et autres litho-météores (69,5 %) et les inondations (57,7 %).

Par ailleurs, la proportion de femmes qui reçoivent des informations d’alerte précoce est plus faible que celle des hommes pour les catastrophes/risques suivants : la défaillance de l'infrastructure (29,9 % contre 30,2 %), les épisodes de vents extrêmes (25,0 % contre 28,6 %), la salinité/épisode d'intrusion d'eau de mer (23,7 % contre 26,1 %), les accidents de circulation (17,8 % contre 21,4 %), la sécheresse (15,9 % contre 17,0 %) et les noyades (14,1 % contre 14,6 %).

Mesures de précautions prises

Parmi les personnes exposées aux risques/catastrophes, 76,3 % ont mis en place des mesures de précaution pour se préparer à d’éventuelles catastrophes. La différence selon le milieu de résidence est relativement faible.

Au niveau régional, les proportions les plus élevées de personnes âgées de 15 ans ou plus ayant pris des mesures de précaution sont observées à Kaolack (96,3 %), Fatick (89,7 %), Ziguinchor (88,2 %), Matam (87,7 %), Kolda (87,4 %), Diourbel (87,2 %) et Dakar (78,4 %). En revanche, les proportions les plus faibles sont notées dans les régions de Saint-Louis (48,5 %), Tambacounda (54,5 %), Kaffrine (55,7 %) et Kédougou (56,4 %).

Dans l’ensemble, les femmes sont plus enclines que les hommes à adopter de telles mesures de mitigation contre d’éventuelles catastrophes, quel que soit le milieu de résidence. Au sein des régions, les proportions les plus élevées sont notées chez les femmes résidant dans les régions de Fatick, Kaolack, Kédougou, Louga, Matam, Thiès et Ziguinchor. En revanche, le contraire est observé dans les régions de Dakar, Diourbel, Kaffrine, Kolda, Sédhiou et Tambacounda.

Parmi les populations exposées aux catastrophes/risques, 77,0 % ont mis en place des mesures de précaution contre les vagues de chaleur/chaleur extrême, 63,5 % l’ont fait contre les tempêtes de poussière, épisode de brume, air pollué, fumée, nuages bruns et autres litho-météores, et 50,1 % contre les inondations.

En outre, les catastrophes/risques pour lesquels les femmes prennent moins de mesures de précaution comparées aux hommes sont : la mortalité animale massive/événement pathologique (10,0 % contre 13,4 %), les accidents de circulation (12,5 % contre 15,6 %), la sécheresse (15,4 % contre 16,6 %), la défaillance de l’infrastructure (24,6 % contre 26,0 %), les épisodes de vents extrêmes (26,4 % contre 27,4 %), les inondations (49,1 % contre 51,3 %), la salinité/épisode d'intrusion d'eau de mer (19,0 % contre 19,7 %) et les tempêtes de poussière, épisode de brume, air pollué, fumée, nuages bruns et autres litho-météores (63,2 % contre 63,8 %).

Mesures de conservation de l’eau, des aliments ou des médicaments

Globalement, parmi les personnes exposées aux risques/catastrophes, 29,1 % ont mis en place des mesures de conservation de l’eau, des aliments ou des médicaments. Ces pratiques sont davantage observées en milieu urbain (31,9 %) qu’en milieu rural (24,8 %).

L’analyse régionale révèle que les proportions les plus élevées de population âgée de 15 ans ou plus ayant adopté de telles mesures s’observent dans les régions de Fatick (61,3 %), Ziguinchor (42,1 %), Thiès (38,4 %) et Dakar (35,8 %). En revanche, les niveaux les plus faibles sont relevés à Kédougou (7,6 %), Tambacounda (9,6 %), Louga (15,6 %), Saint-Louis (16,5 %), Matam (17,7 %), Kaolack (21,2 %), Kaffrine (21,6 %) et Diourbel (23,6 %).

L’analyse selon le sexe met globalement en évidence que la proportion de femmes (31,5 %) qui prennent des mesures de conservation est plus élevée que celle des hommes (26,5 %), et ce, quel que soit le milieu de résidence ou la région, à l’exception des régions de Kaffrine et Kolda, où la tendance s’inverse.

La proportion de la population exposée à des catastrophes/risques au cours des 12 derniers mois, ayant mis en place des mesures de conservation de l’eau, des aliments ou des médicaments, est plus élevée pour les vagues de chaleur/chaleur extrême (83,8 %), les tempêtes de poussière, épisode de brume, air pollué, fumée, nuages bruns et autres litho-météores (69,4 %) et les inondations (50,2 %).

De plus, les catastrophes/risques pour lesquels les femmes prennent plus de mesures de conservation de l’eau, des aliments ou des médicaments, comparées aux hommes, sont : les vagues de chaleur/chaleur extrême (85,3 % contre 81,9 %), la salinité/épisode d'intrusion d'eau de mer (22,7 % contre 22,2 %), les orages violents, rafale descendante, foudre (21,0 % contre 19,2 %) et la sécheresse (15,3 % contre 12,8 %).

Conséquences des risques/catastrophes : effets sur la santé des populations

L’enquête montre que 7,6 % de la population exposée aux risques/catastrophes au cours des 12 derniers mois a rencontré des obstacles pour accéder aux soins médicaux ou aux produits d’hygiène, avec des niveaux plus élevés en milieu urbain (8,7 %) qu’en milieu rural (6,0 %).

Les proportions de populations (15 ans ou plus) qui ont été davantage victimes de ces obstacles sont plus élevées dans les régions de Kaolack (17,9 %), Diourbel (13,2 %), Matam (11,4 %), Dakar (11,1 %) et Louga (8,0 %). Cette proportion est plus élevée chez les femmes que chez les hommes, notamment dans les régions de Ziguinchor (4,1 % contre 2,7 %), Sédhiou (2,6 % contre 1,0 %), Kédougou (1,4 % contre 0,2 %), Kaolack (18,9 % contre 16,6 %), Diourbel (14,0 % contre 12,1 %) et Dakar (11,3 % contre 11,0 %).

Parmi les populations exposées aux catastrophes/risques, 80,4 % ont rencontré des obstacles pour accéder aux soins médicaux ou aux produits d’hygiène à la suite d’une inondation, 78,8 % à la suite d’une vague de chaleur et 71,5 % après la survenance d’une tempête de poussière, épisode de brume, air pollué, fumée, nuages bruns et autres litho-météores.

En outre, les catastrophes/risques à la suite desquels les femmes ont rencontré le plus d’obstacles pour accéder aux soins médicaux ou aux produits d’hygiène, comparées aux hommes, sont : les vagues de chaleur/chaleur extrême (79,2 % contre 78,3 %) et la sécheresse (32,0 % contre 30,7 %).

CHEIKH THIAM

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