Publié le 10 Dec 2015 - 03:55
CONDAMNE AUX TRAVAUX FORCES A PERPETUITE

Mamadou Sow a poignardé son ami à 7 reprises

 

La Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda a condamné, ce lundi, Mamadou Sow à passer le restant de sa vie en prison. Il a été reconnu coupable de meurtre.

 

Hier, après la lecture de l’acte d’accusation par le greffier, Me Henri Valentin Blaise Gomis, avocat de l’accusé, a soulevé une exception de nullité de la procédure. Selon lui, il y a eu une arrestation arbitraire suivie de la violation de l’article 101 du code de procédure pénale. Il a signalé qu’il n’a pas été avisé, dans les 24 heures, par le juge d’instruction pour assister son client. Cette disposition du code de procédure pénale n’a pas été appliquée. « Or, dit-il, la présence d’un avocat pour assister son client est un droit fondamental de la défense. »  D’ailleurs, il a souligné que c’est ce qui avait poussé la Cour d’assises de Ziguinchor à annuler le procès-verbal d’interrogatoire de première comparution, en date du 13 septembre 2011 et de toute la procédure subséquente en application des dispositions de l’article 164 dudit code.

Mais prenant la parole, le ministère public a martelé qu’il n’y a pas eu de violation de la loi ni d’arrestation arbitraire. « Car, il y a une partie du procès-verbal qui a été annulée et une nouvelle enquête a été entamée pour élucider le meurtre. A l’issue de cette enquête, il s’avère que Mamadou Sow est bel et bien l’auteur du meurtre commis sur la personne de Amadou Sow. » C’est ainsi que le procureur Yoro Moussa Diallo a demandé au tribunal de rejeter les exceptions soulevées par la défense. L’audience a ainsi été suspendue. A la reprise, la Chambre criminelle du tribunal a suivi le procureur dans son réquisitoire et a rejeté les exceptions soulevées par Me Gomis. L’accusé a été appelé à la barre pour être jugé.

L’accusé refuse de répondre au président Abdourahamane Ndiaye

Mais devant les questions du président de la Chambre criminelle du tribunal, Abdourahamane Ndiaye, l’accusé, est resté muet, sous le prétexte qu’il a été jugé et relaxé en 2009 par la Cour d’assises de Ziguinchor. Donc, il n’avait pas de réponses à fournir par rapport à ce procès. Dans son réquisitoire, Yoro Moussa Diallo, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Kolda, a souligné que « si l’accusé a refusé de parler, c’est parce que tout simplement il regrette d’avoir poignardé à sept reprises son ami jusqu’à ce que mort s’ensuive ».

Selon lui, le fait que Mamadou Sow ait pris la fuite, après les faits, pour aller se réfugier en Guinée Bissau, pendant deux ans, avant de revenir au bercail, prouve nettement qu’il savait pertinemment qu’il était tombé dans les filets de la justice.  « Son acte barbare et inhumain atteste son intention de donner la mort. Ce qui est manifeste. Parce qu’il s’est acharné, en donnant sept coups de couteau à la victime sur le dos, la poitrine et sur le ventre. Même s’il préfère rester bouche cousue pour se tirer d’affaire, il ne pourra pas échapper à la sanction. Car le certificat médical atteste qu’il y avait des plaies profondes qui ont entraîné la mort d’Amadou Sow. » C’est ainsi qu’il a requis les travaux forcés à perpétuité contre l’accusé.

« Une affaire basée sur des indices »

Prenant la parole, l’avocat de l’accusé, Me Gomis, a martelé que « la Chambre criminelle du tribunal ne peut se baser sur de simples indices pour retenir son client dans les liens de la détention. Parce que, de l’enquête préliminaire jusqu’à la barre du tribunal, il n’y a pas eu de témoins oculaires qui peuvent apporter au tribunal des éléments probants pouvant pousser les juges à entrer en voie de condamnation ». Fort de ce constat, il a demandé au tribunal d’acquitter son client au bénéfice du doute. Mais il n’a pas été suivi par les juges de la Chambre criminelle du tribunal qui ont condamné Mamadou Sow aux travaux forcés à perpétuité.

Pour rappel, les faits se sont produits le 10 septembre 2009 dans le village de Touba Mouride, localité située dans le département de Bounkiling à Sédhiou. Ce jour-là, Mamadou Sow et son ami Amadou Sow ont quitté le village de Barkédji pour se rendre à Touba Mouride. Durant toute la journée, les deux amis ont consommé de l’alcool, jusqu’à ce qu’une altercation éclate entre eux. Les deux amis ont alors quitté le village pour aller se battre dans la brousse. Au cours de la bagarre, Mamadou Sow a poignardé son ami, selon les enquêteurs. La victime est décédée de ses blessures. L’accusé l’a abandonné en brousse et pris la fuite. Direction la Guinée Bissau où il est resté pendant deux ans. Pendant tout ce temps, il était recherché.

Dès son retour au bercail, le natif de Barkédji a été arrêté par des militaires en patrouille, avant d’être remis à la disposition des gendarmes de Bounkiling. L’homme, né en 1973, a été déféré au parquet de Kolda puis conduit à la citadelle du silence, avant d’être jugé ce lundi 7 décembre 2015.

EMMANUEL BOUBA YANG (KOLDA)

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