Le temps des conciliabules entre le Sénégal et la Mauritanie
Passé le cap des annonces triomphales sanctionnant les découvertes de gaz le long de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, l’heure est aux négociations. Ainsi, dans le secret qu'ils veulent total, les deux pays et la société Kosmos Energy sont à bâtons rompus dans des discussions truffées de pièges. Pour trouver la formule convenable d'exploitation et de partage des grosses quantités de gaz estimées à plus de 450 milliards de mètres cubes étendus sur 1 200 kilomètres carrés.
EnQuête a réussi à percer une partie du voile épais qui entoure ces négociations secrètes entre le Sénégal, la Mauritanie et Kosmos Energy. Et selon des sources proches du dossier, les discussions butent sur un point principal: Qui du Sénégal ou de la Mauritanie va abriter les installations techniques devant permettre l'extraction et le traitement de ce gaz? Une question sur laquelle les deux pays n'arrivent pas encore à se départager. Car, vue l'étendue du réservoir du gisement gazier, avec deux nouvelles découvertes aux puits de Gueumbeul 1 (Sénégal) et de Ahmeyim (Mauritanie), Kosmos Energy veut mettre au point un projet de Gaz naturel liquéfié (GNL). Mais cette société ne veut pas dupliquer son infrastructure dans chacun des deux pays pour éviter un doublement et des surcoûts inutiles. Pour cela, un seul pays devra abriter les installations de liquéfaction.
Mais pour le moment, ni le Sénégal encore moins la Mauritanie ne veut lâcher le morceau au voisin. Car, le pays devant abriter une installation d’usine de liquéfaction du gaz, part avec un avantage remarquable en termes d'investissements. C'est là tout le problème des conciliabules entre le Sénégal et la Mauritanie qui ont récemment tenu un round de pourparlers en toute discrétion à l’hôtel King Fahd de Dakar, entre le 9 et le 13 mai dernier. Conscient du risque que constituerait un ébruitement du contenu de ces discussions, Kosmos Energy a fait signer des clauses de confidentialité en début 2016, au moment de ficeler un protocole d’entente avec les compagnies nationales des hydrocarbures du Sénégal et de la Mauritanie que sont la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN) et la Société mauritanienne des hydrocarbures et du patrimoine minier. Affaire à suivre…