Les mauvais chiffres du Sénégal
La société civile fait un bilan pas du tout satisfaisant de la lutte contre l’insécurité alimentaire au Sénégal. Pour y remédier, elle invite les collectivités locales à s’engager dans le financement.
‘’Tous contre la faim et la malnutrition’’. C’est le slogan de la Plateforme société civile SUN Sénégal, pour lutter contre l’insécurité alimentaire. L’organisation s’est engagée à apporter sa contribution pour relever les défis liés à la nutrition et à la sécurité alimentaire, à travers la sensibilisation. Lors d’un atelier national de restitution de son document de stratégie de plaidoyer hier, à Dakar, les membres de la Plateforme ont fait un bilan pas du tout reluisant de la nutrition dans notre pays. Ainsi, l’on apprend que le taux de l’insécurité alimentaire au Sénégal est de 25% au-dessus de la moyenne en Afrique de l’ouest qui est de 15%. Un enfant sur cinq est en retard de croissance dû à la malnutrition. Quant au taux de malnutrition aigüe, il de 6%, selon les acteurs.
Tout en précisant que la situation n’est pas alarmante, le Secrétaire exécutif national de la Plateforme, Abdou Diouf affirme que depuis dix ans le taux de réduction est stagnant et est à 0%.
Pour réussir leur mission, les acteurs comptent organiser des caravanes nationales afin de sensibiliser les populations et surtout les élus locaux. Ces derniers sont les principaux concernés car ‘’la question de la nutrition est une compétence transférée’’, a rappelé M. Diouf. Il soutient qu’il faut que le plaidoyer soit adressé aux collectivités locales pour qu’elles participent au financement. Cette initiative de la société civile sénégalaise s’inscrit dans la perspective du Sommet mondial de Rio (Brésil) en août 2106 sur la ‘’nutrition pour la croissance’’.
La Plateforme a reçu un financement de 120 mille dollars (60 millions de francs CFA) pour mettre en œuvre le projet ‘’Actions de plaidoyer et d’engagement des décideurs en faveur de la nutrition au Sénégal’’. L’objectif principal est de ‘’Contribuer d’ici à 2020, à l’amélioration durable de l’état nutritionnel et de sécurité alimentaire des populations sénégalaises, informe-t-il.
Des enfants qui meurent encore au Sénégal à cause de la nutrition ? Il y en a selon, toujours M. Diouf. Ce qui est inacceptable à ses yeux au moment où on parle de Plan Sénégal émergent (PSE). ‘’On ne peut pas réaliser le PSE, s’il y a des enfants malnutris qui ne pourront pas aller à l’école’’, soutient-il. Entre des produits périmés et le manque d’hygiène alimentaire, il estime que le Sénégal est un pays paradoxal car ‘’on ne produit pas ce qu’on mange et on ne mange pas ce qu’on produit’’.
Abdourahim Barry (Stagiaire)