Publié le 4 Jun 2012 - 16:23
PLACE TIANANMEN

Centaines d'interpellations en Chine pour le 23e anniversaire

 

 

Des centaines de militants des droits de l'Homme ont été interpellés en Chine, dans une atmosphère tendue, à l'occasion du 23e  anniversaire de la répression du mouvement prodémocratique de Tiananmen. Pékin a, par ailleurs, exprimé son mécontentement après un appel de Washington à libérer les protestataires du printemps 1989 encore détenus.

 

L'anniversaire de Tiananmen reste une date sensible pour le régime communiste, et particulièrement cette année alors que les luttes de pouvoir se multiplient en coulisse avant le 18e congrès du parti communiste chinois (PCC) cet automne, qui verra une nouvelle génération de dirigeants accéder au pouvoir.

Plus de deux décennies après le mouvement dont la sanglante répression par l'armée avait fait des centaines, voire des milliers de morts, la Chine considère toujours celui-ci comme une « rébellion contre-révolutionnaire » et refuse d'envisager des compensations pour les proches des victimes. « Le gouvernement et le Parti sont arrivés à une conclusion très claire sur cet incident » , a souligné Liu Weimin, porte-parole de la diplomatie chinoise.

 

Près d'une dizaine de personnes restent emprisonnées pour leur implication dans les manifestations du « deuxième printemps de Pékin », pour lesquelles plus de 1 600 Chinois avaient été condamnés à des peines de prison, selon la fondation Duihua (Dialogue), dont le siège est aux Etats-Unis. Le gouvernement s'efforce d'empêcher toute discussion publique ou commémoration des événements de 1989, et le sujet reste tabou pour les médias officiels. Sur les réseaux sociaux, toute recherche portant sur la date du 4 juin, le nombre 23 (pour 23e  anniversaire) ainsi que le mot « bougie » était bloquée lundi 4 juin.

 

UN MILLIER DE MANIFESTANTS ARRÊTÉS À PÉKIN

A Pékin, près d'un millier de personnes venues de différentes régions ont été arrêtées dans les jours précédant le 4 juin et renvoyées dans leur province d'origine, a rapporté un pétitionnaire. « Un grand nombre de bus ont été amenés à la gare du Sud de Pékin samedi soir pour interpeller les pétitionnaires , selon Zhou Jinxia, qui est originaire du Liaoning (nord-est). Il y avait entre 600 et 1 000 pétitionnaires venus de toute la Chine. Ils ont relevé nos identités et ont commencé à nous renvoyer dans nos villes natales » .

 

Malgré la surveillance policière, plus de 80 militants des droits civiques se sont réunis sur une place de Pékin munis de banderoles et entonnant des slogans demandant une réhabilitation du mouvement de 1989. « Nous avons crié  'à bas la corruption' » , a déclaré le militant Wang Yongfeng, originaire de Shanghai.

 

Des photos postées sur l'internet de ce rassemblement montrent des manifestants munis de grandes pancartes sur lesquelles on peut lire : « Souvenez-vous de notre combat pour la démocratie, la liberté et les droits ainsi que des héros qui ont connu un sort tragique » .

 

APPEL À LIBÉRER LES PRISONNIERS TOUJOURS DÉTENUS

Une manifestation similaire a eu lieu la semaine dernière à Guiyang (sud-ouest), où la police a par la suite arrêté au moins quatre organisateurs, selon l'organisation Chinese Human Rights Defenders (CHRD). Comme les années précédentes, la surveillance des dissidents a été renforcée, a indiqué l'un des plus célèbres d'entre eux, Hu Jia, sur son microblog.

 

La seule commémoration autorisée sur le sol chinois a eu lieu le 4 juin au soir à Hong Kong, territoire britannique rétrocédé à la Chine en 1997 qui jouit d'un statut spécial garantissant la liberté d'expression et de rassemblement. Une veillée aux chandelles à la mémoire des victimes pourrait y réunir 150 000 personnes, selon les organisateurs.

 

La Chine a dénoncé l'appel lancé dimanche 3 juin par le département d'Etat américain à libérer les protestataires du printemps 1989 toujours détenus dans les prisons chinoises. Ceci constitue, selon elle, une ingérence « dans les affaires intérieures de la Chine et des accusations infondées contre le gouvernement chinois » , a indiqué Liu Weimin, porte-parole de la diplomatie chinoise, exprimant le « vif mécontentement »  de son pays.

 

 

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