La déferlante des jeunes coaches
De nombreux clubs en Ligue 1 sénégalaise font de plus en plus confiance aux jeunes entraîneurs sur le banc de leurs équipes. Cette année encore, le Casa Sport, Niary Tally et l’As Douanes ont suivi la tendance. Ces nouveaux coaches ont fini de s’installer et commencent à s’imposer.
Le rajeunissement des coaches sur le banc de clubs de la Ligue 1 sénégalaise prend de l’ampleur. La nomination d’Athanase Tendeng, lundi dernier, comme coach du Casa Sports, témoigne une fois de plus de la réalité de ce phénomène dans l’élite du football au Sénégal. Patrice Bodian, arrivé à l’As Douanes au début du mois d’août, et Demba Mbaye, à Niary Tally depuis la semaine dernière, lui ont emboîté le pas. Bien avant eux, des techniciens comme Youssoupha Dabo (Guédiawaye FC), Abdel Kader Djilal Bahloul (Linguère) et Aly Male (US Gorée) ont rejoint récemment le championnat professionnel. Cette nouvelle génération vient donc investir ce champ qui était, pendant longtemps, la chasse gardée des vieux briscards.
Cette nouvelle situation est normale, selon le journaliste du quotidien sportif Stades, Demba Varore. Ce spécialiste du football local pense que ‘’c’est naturel qu’au fil des années, il y ait un rajeunissement des coaches au niveau des clubs de L1). Des sessions de formation de 2e degré se sont tenues en 2013 et cette année à Kaolack. Ainsi, de nouveaux entraîneurs ont reçu ce diplôme leur permettant de coacher en Ligue 1’’. Parmi ces diplômés figure le nouveau coach du Casa âgé de 36 ans et qui a remplacé sur le banc Demba Ramata Ndiaye. Ce vieux routier, grâce à qui le club Ziguinchorois a remporté son premier titre de champion du Sénégal en 2012, a dirigé pendant longtemps cette équipe. A la fin de la saison écoulée, avec la défaite (3-0) en finale de la Coupe du Sénégal contre Niary Tally, les dirigeants du Casa Sport ont préféré mettre un terme à leur compagnonnage.
Aly Male, la référence ?
Cette nouvelle vague de coach a eu à faire de belles choses sur le banc de clubs de l’élite. Mais le fait marquant demeure l’exploit d’Aly Male sur le banc de l’Us Gorée, la saison passée. Le jeune entraîneur des Insulaires a réussi la prouesse d’être champion du Sénégal, pour sa première titularisation sur un banc de L1. Même si ce fait n’est pas nouveau. Car bien avant lui, un jeune coach comme Pape Boubacar Gadiaga avait été champion avec Diambars dans le championnat professionnel. Cependant, c’est après la récente performance du néo technicien goréen qu’on note que des dirigeants de clubs de L1 accordent de plus en plus leur confiance aux jeunes coaches.
La vieille garde est toujours là
Cela ne veut pas pour autant dire que le type de management des entraîneurs plus anciens est en décadence, estime Chérif Kandji, ancien entraîneur des HLM (National 2). Il fait lui aussi partie de cette vieille école, mais ne reconnaît pas une suprématie des nouveaux. ‘’Je ne pense pas que ce soit un échec par rapport aux anciens. J’ai fait la même formation que les Athanase Tendeng et autres’’, souligne-t-il. ‘’On ne peut pas utiliser l’argument de la victoire d’Aly Male en 2016 pour expliquer que la jeune garde a pris le pouvoir. Quand on regarde depuis le début du championnat professionnel, ce ne sont pas des jeunes qui ont le plus gagné. C’est trop tôt pour tenir de telles affirmations. Pour moi, c’est encore mitigé. Certains présidents de clubs loueront certainement leur dynamisme et leur rigueur’’, indique Demba Varore. Il ajoute qu’à ‘’l’Us Gorée, l’arrivée de Bassouaré Diaby (ancien entraîneur des Lionnes) avec son expérience a permis de relancer la machine. A un moment donné, les dirigeants avaient songé à le (Aly Male) licencier, après 6 matchs sans victoire. Mais ils ont pris cet expérimenté entraîneur pour le mettre directeur technique du club. Et ce dernier a même dit que ce n’était pas un hasard que son arrivée ait changé les résultats de l’US Gorée. Il y a eu donc ce mélange entre la jeunesse et la fougue de Aly Male et l’expérience de Bassouaré Diaby’’ au service du club insulaire, la saison précédente.
Ce n’est donc nullement l’incompétence des anciens qui a favorisé la venue des jeunes, reconnaît cet observateur assidu du championnat local. Car ‘’ces papys sont toujours là. Lamine Dieng est parmi les entraîneurs les plus âgés. Même s’il n’a pas encore de club, il a été sollicité durant l’intersaison par plusieurs écuries. Boucounta Cissé s’est engagé en tant que coach du Stade de Mbour. Karim Séga Diouf, qui est peut-être le doyen, est au Ndiambour’’, rappelle-t-il. ‘’Il ne faut donc pas les mettre dans la même situation que les autres’’, souligne le journaliste.
‘’Il faut un second souffle’’
Toutefois, Demba Varore pense qu’il faut du ‘’sang neuf et un second souffle’’ sur les bancs de la Ligue 1. Car ces vieux entraîneurs seront appelés ‘’à aller à la retraite d’ici 2 ou 3 ans’’. Leur âge avancé ne le leur permettra plus. ‘’Un travailleur a droit de se reposer. Ils ne peuvent pas donc coacher jusqu’à 70 ou 75 ans’’, indique-t-il.
OUMAR DEMBELE (STAGIAIRE)