‘‘La peine de mort n’est pas la panacée’’
Invité hier sur le plateau de l’émission Grand jury de la Radio futurs médias (Rfm), Me Khassimou Touré a écarté l’idée du rétablissement de la peine de mort et a plaidé pour un Conseil supérieur de la magistrature plus ouvert.
Regard de l’homme de l’art sur la criminalité au Sénégal. L’avocat au barreau de Dakar, Me Khassimou Touré, est d’avis que le tournant induit par la mondialisation n’a pas épargné le Sénégal. Il plaide pour une étude théorique qui permettrait de cerner les contours de la question. ‘‘La problématique est celle de l’homo senegalensis. Il faut l’étudier. Il y a un nouveau Sénégalais qui a émergé avec un nouveau comportement, on ne peut pas évacuer le problème sans que des études sérieuses sur l’homo senegalensis soient menées’’, plaide-t-il. La robe noire interpelle ainsi psychologues, sociologues, juristes, hommes de presse, forces de l’ordre.
‘‘En diagnostiquant le mal, 50% du problème sera résolu. On ne pas le régler sans le connaître’’, estime l’avocat. Quant aux sanctions qui doivent être appliquées aux présumés assassins des récents crimes, Me Touré estime que la ‘‘peine de mort n’est pas la panacée’’. Son argument ? La corrélation statistique inexistante entre ‘‘l’absence d’une peine de mort qui accroît la criminalité ou son instauration qui la diminuerait’’. A la place, il propose des peines de perpétuité incompressibles et rejette la naissance du débat sur une consultation référendaire concernant la peine capitale. D’ailleurs dans un cadre plus générale, Me Touré estime que ‘‘la justice sénégalaise est bienveillante, près des justiciables’’, bien qu’elle doive s’adapter aux exigences de l’heure.
Magistrature : ‘‘ne pas personnaliser le débat’’
La prolongation de l’âge de la retraite de certains magistrats qui cristallise les tensions entre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l’Exécutif ne laisse également pas indifférent la robe noire. Me Touré pense que ce dernier pouvoir exerce ‘‘une certaine prégnance sur le judiciaire’’, à cause du pouvoir de nomination des juges et celui d’allocation des crédits. Pour ce cas précis, l’avocat pense que les pouvoirs publics auraient pu engager les discussions avant toute réforme. ‘‘Une décision est mieux acceptée lorsque consensuelle’’, a-t-il défendu.
Il propose une application équilibrée de toute réforme ; invite à ne pas diriger les critiques contre un seul individu ; et demande l’ouverture du CSM aux autres forces vives de la nation. ‘‘Ce n’est pas l’âge qui m’intéresse. Il faut généraliser pour tout le monde. Soit 65 ans ou 68 ans. Mais il ne faut pas personnaliser le débat. Un retrait est dans l’ordre du possible. Le CSM doit être réformé. Il faudrait l’ouvrir à tous les segments de la société, il est hermétique, rigide, sclérosé. La justice est une demande sociale. Il ne faut pas en faire un vase clos’’, conclut la robe noire.