Publié le 2 Dec 2016 - 18:27
REPORT DU PROCES DANS L’AFFAIRE NDIAGA DIOUF

Barth devra attendre

 

Le procès de Barthélémy Dias prévu hier, a été renvoyé en audience spéciale au 25 janvier prochain. Ce second renvoi a été sollicité par la défense qui veut mieux s’imprégner du dossier.

 

Comme une épée de Damoclès, l’affaire Ndiaga Diouf va continuer à planer sur la tête de Barthélémy Dias jusqu’à l’année prochaine. Car le procès, prévu hier, a été finalement renvoyé au 25 janvier 2017. C’est le second renvoi et, cette fois-ci, il a été sollicité par la défense. En fait, hier, lorsque le président Ndary Diop a convoqué les prévenus à la barre, seuls Barthélémy Dias, Habib Dieng, Baboucar Faye et Abdoulaye Diène se sont présentés. Pas l’ombre des 9 autres prévenus. ‘’Les autres sont dehors ! Ils sont retenus par les gendarmes’’, a lancé Me Moustapha Dieng au président de l’audience. Sur ce, le juge a interpellé un gendarme et lui a remis une feuille portant la liste des prévenus. Quelques instants après, le même gendarme est revenu bredouille.

Prenant acte de ces absences, le juge a ensuite noté la constitution des avocats marquée par un renfort de la défense. Dès qu’il a fini, Me Aïssata Tall Sall a sollicité un renvoi du procès pour des raisons de commodité, soutenant que la salle est étroite. ‘’Une audience spéciale me semble plus raisonnable’’, a sollicité l’avocate socialiste, tout en demandant au tribunal de fixer l’audience au-delà du mois de décembre, compte tenu de ses ‘’contraintes professionnelles’’. Son confrère Me Amadou Sall a abondé dans le même sens mais, en motivant sa demande par le souci de mieux s’imprégner du dossier, vu qu’il est nouvellement constitué ainsi que certains de ses confrères. ‘’Toutes les dates sont bonnes, mais il faut choisir une qui convienne à tout le monde et il me semble que la date du 7 décembre est trop proche, car nous ne pourrions pas consulter le dossier’’, a déclaré l’avocat libéral.

Toutefois, cette requête n’a pas eu l’heur de plaire au premier substitut Aly Ciré Ndiaye qui ne s’est pas privé de taper sur la table. ‘’Ce n’est pas un argument sérieux. Vous ne pouvez pas dire que n’aurez pas le temps de consulter le dossier. C’est un dossier qui date de 2011’’, a martelé le maître des poursuites, suscitant à son tour la colère des avocats qui se sont mis à protester contre ces propos du parquetier. Un débat de sourds s’installant, Me Sall a repris la parole pour demander au substitut de retirer ses propos ‘’irrespectueux’’ envers les avocats. ‘’Je ne retire rien. Le dossier n’a jamais été inaccessible’’, a maintenu le magistrat. Se solidarisant de son confrère, Me Moustapha Dieng d’asséner : ‘’J’abonde dans le même sens que Me Sall. C’est manquer de respect aux avocats en disant que l’argument n’est pas sérieux. Pourtant, lorsque le parquet avait demandé le renvoi pour la levée de l’immunité parlementaire de Barthélémy Dias, nous n’avions rien dit.’’ Prenant la parole, en tant qu’ancien, Me Ousseynou Fall a fait remarquer qu’on ne peut leur imputer la faute s’ils n’ont pas vu le dossier, alors que l’affaire remonte à 2011. ‘’C’est un dossier sérieux qui demande une audience spéciale’’, a-t-il conclu.

‘’C’est un renvoi ultime et ferme’’

 Reprenant la direction des événements, le président a demandé aux parties de s’accorder pour une date qui conviendrait à tout le monde. Finalement, après concertation, la date du 25 janvier a été choisie. ‘’C’est un renvoi ultime et ferme. Qu’on ne vienne pas me dire qu’on veut citer un tel témoin’’, a mis en garde le président.

A signaler que les témoins dont Abdoulaye Faye du Parti démocratique sénégalais (PDS) se sont présentés à l’audience ainsi que la partie civile, Alioune Diouf, père de Ndiaga Diouf. Dans cette affaire, Barthélémy Dias et ses coprévenus doivent répondre de la mort de Ndiaga Diouf, tué lors de l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur par des nervis. Le député-maire socialiste est poursuivi pour coups mortels, coups et blessures volontaires et détention d’armes sans autorisation administrative. Ses coprévenus sont également poursuivis pour menaces verbales de mort, rassemblement illicite suivi d’actions diverses.

ME AÏSSATA TALL SALL, AVOCATE DE BARTHELEMY DIAS

Les citations seront envoyées aux ‘’commanditaires’’

Y a-t-il des commanditaires dans l’affaire de l’attaque en décembre 2011 de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur ?  En tous les cas, hier, après le renvoi du procès de Barthélémy Dias, Me Aïssata Tall Sall a laissé entendre que des citations seront envoyées aux commanditaires désignés par leur client. 

‘’C’est vrai que Barthélémy a parlé de commanditaires. C’est sa position et nous la partageons. Il nous revient à nous ses avocats de procéder à toutes les diligences, c'est-à-dire tous les actes de convocation nécessaires pour que les commanditaires soient à la barre le 25 janvier’’, a réagi Me Aïssata Tall Sall hier, au sortir de la salle d’audience. Elle a ajouté qu’elle va se concerter avec ses confrères pour envoyer les citations qu’il faut.

Par ailleurs, concernant la qualification de ce dossier, l’avocate socialiste a pris le contre-pied de son client et camarade socialiste. Elle refuse de l’assimiler à de la mascarade politique. Mascarade politique ? ‘’Moi je ne parlerai pas de mascarade politique. Depuis hier, j’appelle au calme dans cette affaire. C’est un dossier judiciaire qui mérite d’être traité avec toute la dignité qui sied pour les professionnels de justice que nous sommes’’, a-t-elle déclaré. Toutefois, la camarade de parti du prévenu n’exclut pas pour autant la politique. ‘’On ne peut pas ne pas penser qu’il y a des relents politiques dans cette affaire et nous le démontrerons le 25 janvier. Nous donnerons la primeur de cette démonstration au tribunal face auquel nous serons ce jour-là.’’

FATOU SY

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