Macky Sall poussé au reniement
À peine sorti de la longue et rude épreuve de la présidentielle, le nouveau camp présidentiel veut replonger le pays dans un autre débat sur la durée du mandat du chef de l'État. Alors que le vainqueur d'Abdoulaye Wade avait fermement promis de ramener la durée de l'actuel mandat à cinq (5) au lieu de sept (7), certains de ses alliés, dont Jean-Paul Dias, puis le Pr Malick Ndiaye, conseiller spécial de Macky Sall, lui demandent de se dédire.
Une promesse en balance. Macky Sall tiendra-t-il son engagement, pris entre les deux tours de la présidentielle, de diminuer son mandat de deux ans ? La question mérite d'être posée du fait de la montée au front de certains de ses lieutenants pour défendre que l'actuel président de la République n'a pas les moyens de respecter sa promesse. Après Jean-Paul Dias qui martèle que le leader de l'Alliance pour la République (APR) est élu sur la base de la constitution de 2007 pour un mandat de sept (7) ans renouvelable une seule fois, et donc, devrait s'y conformer, voilà que le Pr Malick Ndiaye et la député Mously Diakhaté en rajoutent une couche. En conférence thématique, hier, au siège de l'APR sis à Liberté 6, Dakar, M. Ndiaye a soutenu que Macky Sall exagère en promettant de réduire son mandat de deux ans. ''Macky Sall n'a pas le droit de réduire son mandat qui est réglementé par la constitution'', dit M. Ndiaye, conseiller spécial du président de la République. ''Une constitution qu'il a juré de respecter et de faire respecter'', a renchéri Mously Diakhaté, estimant que ce serait une violation flagrante de la constitution que de toucher à la durée du mandat présidentiel sans passer par le parlement. ''Il se peut que cet excès de générosité du président Macky Sall de diminuer son mandat, pour donner le bon exemple, ne soit pas approuvé à l'Assemblée nationale'', prévient le Pr. Malick Ndiaye. ''Est ce qu'il aura les moyens de modifier cette disposition de la Constitution qui fixe la durée du mandat présidentiel'', interroge le sociologue membre du directoire de la coalition Macky 2012.
À presque deux semaines des élections législatives, l'allié de Macky Sall pose le débat sur la nécessité de donner à celui-ci une majorité lui permettant de gouverner. Pour lui, M. Sall est le dépositaire de la légalité populaire, et ne pas lui donner tous les outils qu'il faut, c'est l'empêcher de dérouler correctement son programme Yoonu Yokkute (chemin du développement). ''On l'a élu pour qu'il exécute ce programme qui vise la reconstruction du pays sans quoi aucun développement ne peut se faire'', insiste Malick Ndiaye. ''Nous avons commis beaucoup de fautes lors des investitures, mais nous ne devons pas nous sanctionner : ce sera une double peine'', dit-il, invitant les électeurs à donner à son leader ''tous les instruments qu'il lui faut pour gouverner''. Y seront-ils encouragés par un wax waxeet (dédit) fatal à son prédécesseur ?
ASSANE MBAYE