La colère gronde chez les jeunes de Tombouctou
Des sages de Tombouctou ont dissuadés des jeunes de manifester mardi contre la destruction de mausolées de saints et de mosquées par les islamistes d'Ansar Eddine.
Ils craignaient un bain de sang. D'après plusieurs témoins, des sages de Tombouctou ont dissuadé, mardi 3 juillet, des jeunes de manifester contre la destruction des mausolées de saints musulmans de cette ville mythique par les islamistes armés d'Ansar Eddine (Défenseur de l'islam).
Des jeunes avaient prévu de marcher mardi pour exprimer leur colère après la destruction de sept des seize mausolées de saints musulmans et de la porte d'une mosquée, datant du XVe siècle, par des hommes d'Ansar Eddine. « Nous avons demandé aux jeunes de ne pas manifester parce que nous craignons que ces gens-là [les islamistes, NDLR] ne les tuent. Et nous allons prier pour que Dieu nous sorte de cette situation », a déclaré un patriarche du quartier de Bella Farandi, simplement identifié comme Kamiss et joint depuis Bamako.
Selon Ahmad et Cheick, deux jeunes de différents quartiers, des « anciens » de la ville se sont rendus lundi soir dans des maisons pour exhorter au calme afin d'éviter un bain de sang, les islamistes étant susceptibles d'utiliser leurs armes contre les populations en cas de manifestation.
"Dieu leur fera payer leurs actes"
« Nous avons voulu réagir et marcher ce (mardi) matin pour leur montrer notre désapprobation de leurs actes. Mais les anciens de la ville ont fait le porte-à-porte pour nous demander de les laisser faire », en disant « que Dieu leur fera payer leurs actes », a expliqué Ahmad. « Nous avons respecté leurs conseils et nous allons attendre », a-t-il ajouté, sans préciser ce que les jeunes feraient dans les jours à venir. D'après divers témoins, les islamistes n'avaient pas démoli mardi d'autres sanctuaires ou édifices religieux de Tombouctou. La ville est surnommée « la cité des 333 saints », en référence aux personnages vénérés de son passé qui y sont enterrés.
Tombouctou est un ancien centre culturel et intellectuel d'Afrique sahélienne, inscrite le 28 juin par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité en péril. Les démolitions des mausolées et d'une porte de la mosquée Sidi Yayia, un des saints les plus vénérés de la ville, ont provoqué des réactions indignées non seulement au Mali mais dans le monde entier.