La basse d’Etienne Mbappé pour l’hommage à Habib Faye
Comme on pouvait s’y attendre, c’est sans grande surprise que la 26e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis a démarré dans une ambiance émouvante. La disparition d’Habib Faye étant passée par là. Mais aussi celle de Didier Lockwood et de Khabane Thiam, membre fondateur de l’association Saint-Louis Jazz.
‘’En faisant mes bagages pour venir à ce festival, je m’étais dit que je n’allais apporter qu’une seule guitare et qu’une fois sur place, je ferais appel à un très bon ami à moi et collègue qui m’en prêterait une de secours et qui partagerait la scène avec moi. C’est sur ces entrefaites que je reçois un message sur mon téléphone m’annonçant le décès de ce cher ami qui n’est autre qu’Habib Faye. C’est incroyable pour moi d’être dans son pays et qu’il ne soit pas là. Alors, ce soir, tout ce qu’on va jouer, ce sera certes pour vous (le public) mais aussi et surtout pour mon ami. Habib, ton absence, pour moi, est très bizarre. Mais bon…’’
Paroles pleines d’émotions prononcées avant-hier jeudi par Etienne Mbappé, bassiste camerounais, sur la scène In de la 26e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis.
Le silence était de rigueur pour ce maigre public composé de puristes buvant les paroles de ce monument de la basse. Ce, malgré l’enthousiasme et la joie qu’il avait réussi à installer à la fin de la prestation de son premier titre de la soirée. Un public qui ne pouvait ne pas penser à Habib Faye à ce moment précis, car aussi bien l’instrument, la dextérité des doigts qui se promenaient sur la basse, tout renvoyait à lui. Pouvait-il en être autrement, quand on sait qu’Habib Faye était au cœur de l’animation de ce festival international de jazz. Si ce n’est pas dans le In, c’est dans le Off ou encore dans les masters class que la Bicis et la Fondation Bnp Paribas organisent à chaque édition, à l’intention de l’orchestre du Prytanée militaire de Saint-Louis.
C’est à l’entame de cette 26e édition, avec le protocole de la cérémonie d’ouverture, que les officiels avaient fini d’installer cette ambiance émotive, imprimant à la manifestation de cette année un cachet d’hommage. Le doyen Golbert Diagne, préposé au micro central, a fait observer une minute de silence à l’endroit des disparus liés à ce festival. Hormis Habib Faye, il y a eu le Français Didier Lockwood. Ce violoniste de jazz, qui avait déjà pris l’engagement d’être à cette présente édition, est décédé le 18 février dernier. Mais son groupe sera là pour honorer le contrat et permettre à Saint-Louis Jazz de lui rendre hommage. Auparavant, un des membres fondateurs du festival et de l’association Saint-Louis Jazz, Khabane Thiam, est décédé en fin décembre 2017 dans un accident de la circulation, de retour de la 10e édition du Festival national des arts et de la culture (Fesnac) de Louga.
Au-delà de la minute de silence, les officiels ont tous rendu hommage à ces disparus, dans leur allocution. Que ce soit le président de l’association Saint-Louis Jazz, le maire de la ville et ministre de l’Hydraulique Mansour Faye et le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, venu présider la cérémonie d’ouverture de cette 26e édition. Avec un accent particulier pour Habib Faye dont la disparition est intervenue la veille du démarrage de cette édition et dont l’enterrement est prévu aujourd’hui samedi.
Comme quoi, on est parti pour une 26e édition d’hommages, car jamais le festival Saint-Louis Jazz n’a été aussi endeuillé.
Cependant, cette ambiance de mélancolie n’a pas empêché le professionnalisme de reprendre le dessus. Et c’est d’ailleurs ce qu’Etienne Mbappé a fait comprendre au public, en lui offrant en clôture de cette première soirée un spectacle de qualité. ‘’Par respect pour le public, quel qu’en soit le nombre, et par respect pour cet ami talentueux qu’était Habib et qui était très professionnel’’.
En première partie d’Etienne Mbappé et de son groupe qu’il a surnommé ‘’Les Prophètes’’, il y a eu Reis, Demuth et Wiltgen, un groupe luxembourgeois. Un trio qui s’est aidé d’un piano, d’une contrebasse et d’une batterie pour offrir de belles ballades au public en guise de mise en bouche.
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Organisation de Saint-Louis Jazz L’association veut se muer en fondation L’annonce a été faite hier par Me Ibrahima Diop, Président de l’association Saint-Louis Jazz. ‘’L’association compte opérer une mue en devenant une fondation avec 100 millions comme fonds de dotation dont le quart sera libéré à sa création’’, a-t-il soutenu à l’endroit de M. Abdou Latif Coulibaly, Ministre de la Culture venu présider la cérémonie d’ouverture. Cette adresse à l’endroit du ministre en charge des arts dans sa globalité est motivée par le fait de solliciter un appui de sa part pour qu’il puisse en toucher un mot à son collègue de l’Intérieur, pour que le dossier soit traité dans les meilleurs délais. Cette volonté de se muer en fondation, le président de l’association Saint-Louis Jazz l’explique par le fait de vouloir se professionnaliser davantage et d’être un interlocuteur beaucoup plus crédible, statutairement parlant, vis-à-vis des partenaires. Une demande qui ne semble pas gêner outre-mesure le ministre de la Culture qui, au-delà de l’assurance du soutien de son département, a suggéré au président de l’association Saint-Louis Jazz de se rapprocher de ses services pour bénéficier de toute l’assistance administrative et juridique dans l’élaboration des textes de cette fondation. L’événement de cette année, pour ce qui ne doit pas l’être d’ailleurs, c’est la présence du ministre de la Culture à la cérémonie d’ouverture. Ce qui n’a pas eu lieu depuis fort longtemps. Le premier magistral de la ville, Mansour Faye, a tenu à le souligner, en soutenant que ‘’depuis cinq ans à la tête de cette mairie, c’est la première fois que je reçois un ministre de la Culture venu présider la cérémonie d’ouverture du Festival international de jazz de Saint-Louis’’. Dire que c’est l’un des plus grands festivals de jazz d’Afrique. |
Mame Talla Diaw (Envoyé spécial)
