L’Ascc a célébré Djibril Diop Mambety
Comédien, scénariste et réalisateur sénégalais, Djibril Diop Mambety est décédé à Paris le 23 juillet 1998. L’Association sénégalaise des critiques de cinéma lui a rendu hommage, cette semaine, à Ensup Afrique.
2018 coïncide avec les 20 ans du rappel à Dieu du cinéaste sénégalais Mambety. A cette occasion, diverses manifestations sont organisées au Sénégal pour célébrer l’auteur de ‘’Badou Boy’’. C’est dans ce cadre que l’Association sénégalais des critiques de cinéma (Ascc) a organisé une séance de projection du film ‘’Le Franc’’, sorti en 1999 et réalisé par Mambety. C’est le cinéclub d’Ensup Afrique qui a accueilli la manifestation. Un film qui, comme l’essentiel de la filmographie de Mambety, renseigne sur l’engagement politique du cinéaste. En effet, ce film est sorti au lendemain de la dévaluation du franc Cfa survenue dans les années 1990. C’était la manière du réalisateur de dénoncer la situation que vivaient les Africains à cette période. Mais également, comme dans chacun de ses films, Mambety y raconte ‘’l’histoire de petites gens’’.
La première image est un gros plan d’une photo de Yaadikoon. Un ‘’héros’’ du cinéaste qui racontait, rapporte Baba Diop, que Yaadikoon était un enfant de la rue vivant sur la corniche de Dakar. Il était fort et protégeait les autres enfants qui vivaient avec lui. Mambety avait tellement d’admiration pour lui qu’il avait même monté la fondation Yaadikoon.
Très lié à la chanteuse saint-louisienne de jazz Aminata Fall, il l’a fait jouer dans ce film. D’ailleurs, d’après Baba Diop, les deux étaient tellement proches que la jazzwoman est l’une des rares personnes à avoir joué dans plusieurs films du réalisateur. Dièye Madièye, un artiste qui fabriquait lui-même ses propres instruments, a tenu le premier rôle dans cette fiction où la musique a une très grande place. Elle semble dialoguer avec un récital de Coran. Et c’est souvent quand on montre l’édifice de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Une manière de prouver qu’on est entré dans une ère où les gens croient plus en l’argent qu’en Dieu. Certains ne prient Dieu que quand ils ont des soucis d’argent.
En outre, cet hommage à Djibril Diop était une occasion pour l’Ascc de parler de l’œuvre de l’homme en général. C’est ainsi que les cinéphiles d’Ensup ont découvert, à travers des anecdotes de Baba Diop et du professeur de cinéma à l’Université de Bordeaux Thierno Ibrahima Dia, différentes facettes de l’auteur de ‘’La petite vendeuse de Soleil’’. Ils se sont vus conter des histoires lors de tournages sur le Djibril Diop comédien, mais également ont eu des explications sur la cinématographie de celui qui, dit-on, a révolutionné le cinéma africain. N’ayant fait aucune école de cinéma, le frère du chanteur Wasis Diop ne se fixait presque pas de limites. Il ne copiait les académiciens et ne ‘’respectait pas les techniques de filmer’’. C’est pour cela qu’il n’était pas très compris et souvent critiqué par ses collègues. Aujourd’hui, il est adulé et considéré comme un visionnaire. Il faisait du grand art.
B.BOB