Le Musée des Civilisations noires sera inauguré le 6 décembre. Il est prévu une grande fête à laquelle prendront part diverses personnalités. Il leur sera présenté une collection inaugurale qui témoignera de la présence et des actions de l’Afrique dans l’histoire du monde. Les grandes lignes de cette dernière ont été dévoilées hier, lors d’une conférence de presse.

‘’Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire’’, disait l’ancien président français Nicolas Sarkozy, lors de son mémorable passage à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Plus d’une dizaine d’années après, sa regrettable phrase irrite toujours certains. ‘’Le Musée des Civilisations noires sera la preuve vivante que l’Afrique est entrée dans l’histoire’’, a déclaré hier le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, à quelques jours de l’inauguration de cette institution. Le 6 décembre. Une conférence de presse a été tenue hier, en prélude à cet événement.

Les pays africains l’ont si bien compris que l’Union africaine a décidé de faire un musée, à l’image de celui du Sénégal, selon M. Coulibaly. ‘’Il faut partout dans le continent des institutions capables de renouer avec les ruptures culturelles du nord au sud, de l’est à l’ouest’’, a-t-il dit. ‘’Le fait que le projet soit d’abord réalisé au Sénégal me fait dire que c’est non seulement un projet panafricain, mais c’est également un projet noir, étant entendu que le Noir n’est pas essentialisé ici, mais plutôt installé dans une perspective historique’’, a-t-il expliqué.

C’est ainsi que l’exposition inaugurale sera imprimée sur ces tons. Elle ‘’manifestera l’œuvre de civilisation dont l’Afrique a été et continue d’être le foyer, sur le continent et dans les diasporas’’, a indiqué le directeur du Musée des Civilisations noires, Hamady Bocoum. Elle va se décliner en trois tableaux. Ainsi, ‘’elle est conçue pour manifester, en premier lieu, que le continent, qui est celui de la naissance de l’homme, est également celui ou fut proclamée, dans différentes déclarations majeures, la valeur de l’humain. On choisira ici de mettre l’accent sur la Charte du Mandé, la proclamation de l’Ubuntu et en même temps sera représenté l’apport de l’Afrique dans le développement de l’humanité en matière de sciences et de techniques’’, a-t-il ajouté.

Appropriation africaine des religions abrahamiques

Différents supports seront utilisés pour montrer le processus de l’hominisation. Des extraits de divers textes prouvant, si besoin en est encore, la ‘’profondeur, la continuité et la discontinuité de la production intellectuelle dans le temps de l’espace de l’Egypte ancienne à nos jours’’. Concernant le serment des chasseurs du Mandé, elle sera présentée sous une forme écrite et orale.

La deuxième partie sera consacrée à des œuvres et textes montrant ou prouvant ‘’la capacité africaine de produire des civilisations de la rencontre. Ainsi, à côté de la créativité continue des spiritualités endogènes, l’appropriation africaine des religions abrahamiques sera mise en évidence’’. Elle se fera à travers iconographie, cultures matérielles et textes rituels.

Enfin, l’exposition inaugurale du Musée des Civilisations noires montrera, dans une troisième phase, ‘’les terribles épreuves de l’esclavage qui ont manifesté la résilience, la résistance et le potentiel révolutionnaire dont témoignent les expériences des peuples africains’’. Le public pourra découvrira, avec cette thématique, des objets relatifs à la traite négrière. Certains, en outre, à travers cette proposition, des desseins kémites. Les organisateurs de cette exhibition vous l’accordent et reconnaissent qu’un des fils de Cheikh Anta Diop est choisi commissaire de l’une des expositions.

Ne craignez surtout pas pour la disponibilité des collections à montrer. ‘’On a aucun problème de collection’’, a dit sur un ton ferme Hamady Bocoum. Il a assuré de la présence de Toumaï. L’œuvre authentique sera exposée. Beaucoup de ministres de la Culture d’Afrique et d’Europe prendront part à la cérémonie d’inauguration de ce joyau offert au Sénégal par la République de Chine. Différents directeurs d’institution muséale sont également attendus à Dakar dont celui du Quai Branly. Une présence pertinente au moment où on parle de restitution d’objets du patrimoine africain détenus par la France.

BIGUE BOB