Le parc de Hann cédé aux forces françaises ?
Macky Sall avait promis de rendre public les accords militaires entre la France et le Sénégal et c'est fait. Seulement, le document révèle une curiosité liée à la mise à disposition ‘’exclusive’’ du parc de Hann aux forces Françaises.
Curieux, ce legs du parc de Hann aux forces Françaises présentes au Sénégal ! Cette mention qui figure dans les accords militaires signés entre Macky Sall et Nicolas Sarkozy, le 18 avril 2012 à Paris, suscite bien des interrogations. En tout cas à la section 3 du régime des installations mises à disposition des forces françaises, il est clairement mentionné que ‘’la partie sénégalaise met gracieusement à la disposition des forces françaises stationnées ou en transit les installations suivantes, à titre exclusif : le Camps de Ouakam, la station d’émission interarmées de Rufisque, le parc de Hann’’.
Interpellé sur la question, un officier supérieur de l’Armée, contacté pour avis, n’a pas caché sa surprise : ‘’Je ne connais pas de base française au parc de Hann, il n’y en existe pas et je ne crois pas que le Sénégal ait mis à la disposition des forces françaises ce parc. C’est certainement une erreur’’. Pourtant la réalité contenue dans le ‘’traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre la République du Sénégal et la République française’’, dont EnQuête détient copie est bien têtue. Mieux, les logements du parc de Hann sont également mis à la disposition de la partie française à titre exclusif, lit-on un peu plus loin dans le même document. Le parc forestier et zoologique de Hann qui constitue un havre de verdure au cœur de Dakar, tient particulièrement à cœur les populations environnantes et les Dakarois. Il se situe à environ 6 km du centre ville de Dakar entre la route des Pères Maristes, la route du front de terre et le chemin de fer. Il couvre une superficie de 60 ha dont une partie abrite les bâtiments des services forestiers. On y compte aujourd’hui plus de trois cents (300) espèces de la flore Sénégalaise et le parc zoologique comprend plus de 130 animaux. Sa pépinière produit deux à trois millions de plans chaque année.
Outre ces zones ‘’exclusifs’’ mis à la disposition des Français, le Sénégal met ‘’gracieusement’’ à la disposition de ses hôtes de l'Hexagone en tenues, mais ‘’à titre non exclusif’’, la partie militaire de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, celles ‘’des emprises de la base navale des forces armées sénégalaise occupées par les forces française (unité marine, direction des travaux, direction interarmées du service de santé des armées, centre médical interarmées et Poste protection sécurité défense)’’. ‘’Les villas d’autorités de la Pointe de rade, les logements de la cité Saint Saint-Exupéry, les logements de l’unité marine, les logements du camp de Ouakam, les logements du parc de Hann (et) les logements de la station d’émission interarmées de Rufisque’’ sont aussi mis ‘’gracieusement’’ à la disposition de la partie française.
Le matériel français exempté d’impôts et de taxes
De façon plus générale, les nouveaux accords de défenses entre la France et le Sénégal portent sur ‘’un partenariat en matière de coopération militaire, afin de concourir à une paix et une sécurité durables sur leur territoire ainsi que dans leur environnement régional respectif’’. Selon l’article 4 du protocole, les domaines et formes de ce partenariat portent sur les ‘’échanges de vues, d’informations et renseignements relatifs aux risques et menaces à la sécurité nationale et régionale’’. ''L’organisation, équipement et entraînement des forces le cas échéant pour un soutien logistique, des formations et des exercices bilatéraux’’ sont aussi prévus dans cet accord. Il en est de même pour la formation des membres du personnel sénégalais par leur accueil ou leur admission en qualité d’élève ou de stagiaire dans les écoles de formation militaire françaises ou soutenues par la France.
Sur les ‘’facilités accordées aux forces françaises’’ prises en compte dans les annexes, le ‘’matériel et les approvisionnements nécessaires aux activités et au fonctionnement des forces françaises stationnées ou en transit bénéficiant de la franchise des droits et taxes d’entrée, sont exemptés d’inspection avant embarquement prévue du PVI (Programme de vérification des importations, NDRL), mais demeurent soumis à la Déclaration préalable d’importation (DPI)’’.
Les accords, c’est Wade pas Macky
Pour rappel, lors de l’interview accordée, il y a quelques jours à Ziguinchor, à des organes de presse du Sénégal, le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, avait réitéré le principe de la publication des accords signés avec son homologue français, mais avait précisé que ces accords ont été négociés par le pouvoir d'Abdoulaye Wade. Macky Sall avait ajouté que ‘’le seul aspect sur lequel il y avait un malentendu entre l’ancien gouvernement du Sénégal et le gouvernement français portait sur les logements retenus par les militaires français’’. En effet, pour le gouvernement sortant, il s’agissait de faire payer le loyer aux Français, tandis que ceux-ci pensaient devoir garder l’équivalent du montant du loyer pour assurer la maintenance des bâtiments. Macky Sall a finalement demandé aux Français de maintenir leurs bâtiments et que le Sénégal n’avait pas besoin du versement ce loyer. Le nouveau président sénégalais n’avait pas manqué de préciser : ‘’Je n’ai touché à aucune virgule, ce sont les accords qui ont été signés par l’ancien régime. C’est le même accord qu’il y avait du temps du président Abdoulaye Wade en dehors du loyer pour les Éléments français du Sénégal’’.
Amadou NDIAYE