Les artistes invités à préserver la paix
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A quelques semaines de la Présidentielle du 24 février 2019, les artistes sénégalais sont invités à sensibiliser leurs compatriotes sur les violences électorales, afin de les éviter. Surtout qu’ils sont écoutés, regardés et copiés par leurs concitoyens.
Ils ont, en cette période électorale, le vent en poupe. Les artistes sont sollicités. Certains vont même jusqu’à s’engager aux côtés de leaders politiques avec qui ils battent campagne. C’est dans leur droit. Seulement, ils ne devraient pas oublier leur mission première : préserver la cohésion sociale. C’est à eux de rappeler aux leaders politiques et au peuple sénégalais certains principes et valeurs. Aujourd’hui, dans presque tous les partis politiques, il y a des artistes qui y militent et certains sont même très actifs. Ils doivent y jouer le rôle de régulateurs et ne pas toujours accepter de juste venir assurer l’animation et rentrer chez eux, surtout en cette période électorale.
‘’Il est naturel que les sociétés soient, par moments, agitées, qu’il y ait des divergences et des oppositions. C’est la nature même de la société. Chacun de nous a la responsabilité de veiller à la stabilité de la société. Un artiste est un visionnaire. Il a la capacité de prévenir des choses et attirer l’attention sur diverses choses positives ou négatives’’, a analysé le sociologue Djiby Diakhaté. Il était l’un des invités de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (Arcots) qui a organisé, hier, une conférence sur ‘’Activités artistiques et stabilité sociale’’. Une initiative qui entre dans le cadre de la célébration de la Journée internationale du théâtre prévue le 27 mars prochain, d’après le président national de l’Arcots, Pape Faye.
‘’Un artiste doit œuvrer pour la préservation de la paix, la prévention et non inciter à la violence. Les artistes doivent refuser de se tenir à faire de l’animation, quand on les invite à des prestations. Le théâtre est un art collectif et pour la collectivité’’, a défendu le dramaturge Marouba Fall. Ecrivain et président du Conseil d’administration des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès (Msad), colonel Moumar Guèye embouche la même trompette. Il a demandé aux artistes d’éviter des choses qui peuvent faire mal aux populations ou amener ces dernières à vous détester.
En outre, Djiby Diakhaté est convaincu qu’en chaque individu réside une parcelle de violence que l’art peut adoucir. A travers leur discours ‘’universel’’, les artistes en général, les comédiens en particulier pourraient faire rire ou pleurer ceux qui les suivent. De la même manière, ils arrivent à véhiculer des messages et les faire assimiler à ceux qui les écoutent. Ils sont les meilleurs canaux pour toucher les populations. L’universitaire et sociologue Fatou Sow Sarr en est convaincue. ‘’Je ne crois plus depuis longtemps que les femmes politiques sont les vecteurs de la transformation. La transformation politique passera par les artistes’’, a-t-elle dit. Son argument : ‘’Il faut transformer les imaginaires et cela ne peut passer que par les artistes.’’
Modérateur du jour de cette conférence, Dr Massamba Guèye est du même avis. Il a fait remarquer que quand les entreprises veulent vendre des promis, elles font appel aux artistes. Il a cité des exemples concrets dans ce sens. Malheureusement, ces derniers ne semblent pas en avoir conscience. Car, selon Fatou Sow Sarr, ‘’il y a une transformation des imaginaires. Mais laquelle ? Les téléfilms véhiculent des messages négatifs. C’est le matériel qui est mis en avant. Les conflits sont au cœur des trames’’. C’est bien dommage, s’est-elle désolée.
De l’avis de la sociologue, aujourd’hui, le principal combat qui mérite d’être mené est celui de la recomposition de la famille. Elle dit : ‘’Tant que la famille n’est pas rétablie, rien ne peut se faire. Il est triste de voir que beaucoup d’enfants ne vivent pas avec leurs parents ou ne les voient que rarement. Cela brise certaines choses comme l’amour, la sollicitude, la solidarité, etc., chez ces petits qui grandiront avec ces manquements.’’
BIGUE BOB