Habib Faye encore célébré
La 27e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis s’est terminée en beauté, dimanche soir, à la place Faidherbe. Un hommage a été rendu à Habib Faye par le joueur de kora Ablaye Cissoko et d’autres artistes.
‘’On n’a pas de prétentions allant dans ce sens. On ne fait pas la différence entre le In et ce que nous faisons. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui préfèrent notre scène à celle du festival. On n’est pas le Off du festival. Cela n’a rien à voir. On ne fait pas partie du festival. On organise nos plateaux pendant le festival. C’est tout. On trouve notre bonheur en jouant sur notre scène. Si, peut-être, un jour, ça enchante les gens de nous voir sur la scène du festival, pourquoi pas ? Cela n’entravera en rien ce que nous faisons’’. Ce fut la réponse du feu bassiste Habib Faye, dans une interview avec ‘’EnQuête’’, lorsqu’il a été questionné sur la participation du duo qu’il formait avec Ablaye Cissoko au Festival international de jazz de Saint-Louis.
Deux ans après son décès, on constate que son nom, d’une manière ou d’une autre, reste associé à cet évènement. L’année dernière, à peine quelques jours après son décès, il y a eu une pluie d’hommages d’artistes étrangers invités sur la scène In. Cette année, après la talentueuse bassiste ivoirienne Manou Gallo, Ablaye Cissoko, qui a animé le dernier spectacle, lui a rendu hommage.
‘’Tribute to Habib Faye’’. Ainsi, pourrait être résumée la soirée de clôture, mardi soir, à la place Faidherbe, de la 27e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis. Il ne l’a pas fait seul. Le frère du défunt bassiste, Vieux Mac Faye, est monté sur scène pour interpréter un morceau avec Ablaye Cissoko et son orchestre. Et aussi le trompettiste Jules Guèye ainsi que le batteur Makhtar Samba. ‘’On a joué pour Habib et pour Saint-Louis’’, a dit Ablaye Cissoko, maître d’œuvre du spectacle. Qui a été de très haute facture.
Le joueur de kora et sa bande ont ravi le public. Pourtant, au départ, il n’était pas prévu qu’ils jouent, même si Ablaye Cissoko a précisé qu’il était invité à dire un mot pour rendre hommage à son défunt duettiste sur la scène, le jour de l’ouverture. C’est le groupe américain Lao Tizer Band qui devait être sur scène. Il constituait d’ailleurs la tête d’affiche du festival. Malheureusement, ils n’ont pas confirmé à temps, obligeant les organisateurs à reprendre l’acompte déjà envoyé pour ne pas avoir de mauvaises surprises à la dernière minute. Mais on n’a pas vraiment senti l’absence du groupe. Abdoulaye Cissoko, Jules Guèye, Vieux Mac Faye et Cie ont vraiment assuré.
Certains sont attristés par le fait que le festival n’appelle Ablaye Cissoko que quand il a des défections. Mais l’artiste, lui, relativise. ‘’Cela peut arriver dans tous les festivals et cela me fait plaisir de venir jouer, à chaque fois qu’il y a ce genre de problème’’, déclare-t-il. Le musicien est membre de l’Association Saint-Louis jazz, a tenu à préciser le président de ladite association, Me Diop. Donc, il n’est jamais exclu de la programmation.
Avant que la bande temporairement constituée pour rendre hommage à Habib Faye ne monte sur scène, un brillant trio a fait le show, sous la houlette du pianiste Lorenzo Naccarato. Avec un contrebassiste et un batteur, lui au piano, ils ont fait passer le public par diverses émotions. Ils sont passés des astres aux fonds marins. Ça a scintillé, ça a ‘’bloopé’’ et ça a même gazouillé à la place Faidherbe, dimanche soir. Lorenzo Naccarato, franco-italien né en Guyane, puise dans ses origines métisses pour composer sa musique. Très attaché à sa mère, il lui a rendu hommage sur la scène du 27e Saint-Louis jazz, laquelle édition est dédiée aux dames.
Une édition satisfaisante
En conférence de presse hier matin, Me Ibrahima Diop a dit sa satisfaction dans le déroulement de l’édition de cette année, malgré les maigres moyens. D’ailleurs, elle a failli ne pas se tenir. Encore qu’il faut voir dans quelles conditions elle s’est tenue. Il n’y a pas eu cette année de plateaux Off, comme ce fut le cas lors d’autres éditions. Il n’y a pas vraiment eu de ‘’stars’’. Mais l’essentiel, apparemment pour les organisateurs, était que la manifestation se tienne. Il n’empêche qu’ils sont conscients des risques qui planent sur la pérennisation de l’évènement. C’est pourquoi ils ont décidé que passer d’association à but non lucratif à fondation, afin de pouvoir prétendre à plus de financements.
Dans ce processus, leur principal partenaire dans l’organisation, la Bicis et le groupe Bnp Paribas, a promis de les soutenir. Le secrétaire général de la Bicis, Ali Ben Taher, l’a fait savoir hier. Ainsi, ils comptent maintenir leur support et développer le partenariat. Ce qui ravit Me Diop qui pense que leur sponsor leader pourrait leur permettre de capter de gros financeurs, quand la fondation sera mise en place. En attendant, il faut que l’assemblée générale extraordinaire agrée le projet. Le bureau actuel est en fin de mandat, donc on sera bientôt édifié sur cela. Car Me Diop n’a pas manqué de dénoncer que s’il y a des lenteurs, c’est dû au fait que certains ne sont pas d’accord sur la mutation. Mais ils devraient comprendre que cela s’impose. C’est la seule voie de salut pour cette association et ce festival.
BIGUE BOB (Envoyée spéciale à Saint-Louis)