Tanaff étrenne son musée multifonctionnel
Afin de promouvoir les traditions et les cultures casamançaises, l’organisation Balouo Salo, basée en Italie, a décidé de la construction, dans la commune de Tanaff, d’un musée multifonctionnel. Démarrés depuis novembre dernier, les travaux de ce centre avancent à pas de géant.
L’édifice commence à prendre forme. Il est implanté à côté de l’artère principale de la commune de Tanaff et occupe une superficie de 650 m2. Les travaux de construction qui se poursuivent sur le site, sont d’ailleurs très avancés. L’édifice comprend une salle de formation, une salle de réunion, un musée, des bureaux, un espace ouvert, une aire de spectacle et une place publique. La partie muséale se compose d’un espace d’environ 200 m2 où seront exposés et illustrés des objets symboliques de la culture casamançaise. Ce musée sera le seul de toute la région sud du Sénégal.
Selon les dirigeants de l’organisation Balouo Salo à l’origine du projet, cet édifice permettra de décentraliser le tourisme et de favoriser le développement économique, social, culturel et intellectuel dans cette partie du pays.
D’un point de vue technologique, les initiateurs du projet soutiennent que le centre est réalisé par superposition de sacs remplis de sable et greffés les uns aux autres avec du fil barbelé. Cette technologie, à les en croire, n’utilise pas de ciment, ce qui réduit considérablement les coûts de construction et améliore l’isolation de la structure du froid et de la chaleur. Etant donné que la qualité de vie se mesure en fonction des conditions du milieu dans lequel nous vivons, cette architecture sera capable de réguler naturellement la température, d’isoler de la chaleur et du froid.
‘’Ce sera comme avoir un climatiseur naturel. C’est un véritable bijou technologique’’, s’est réjoui le président de Balouo Salo. Raoul Vecchio indique ainsi que l’épaisseur des murs, qui est de 60 cm, offrira une isolation thermique importante. Et la finition réalisée avec un mélange spécial de sable, d’argile et de paille permettra d’améliorer davantage les capacités hygrométriques du bâtiment. L’ensemble de la construction sera recouvert d’une grande toiture qui a été conçue pour favoriser la ventilation naturelle. Ce qui fait dire à l’architecte que c’est un bijou technologique qui peut changer la vie des communautés, leur permettant de vivre dans des endroits plus confortables, à des prix plus bas. Ainsi, sans ciment, les milieux naturels seront préservés, évitant de contribuer aux changements climatiques.
En effet, c’est la production de ciment utilisé dans la construction qui est à l’origine de 60 % des changements climatiques qui ont aujourd’hui un impact négatif sur les conditions de vie des communautés, du fait de la désertification et de la salinisation de la Casamance, d’après le président de Balouo Salo.
Une équipe formée pendant plus de 3 mois
Cet édifice, selon Raoul Vecchio, est le fruit d’un partenariat entre son association et la commune de Tanaff. Il est entièrement financé par l’organisation qui bénéficie d’un fonds public de contributeurs provenant du monde entier, animés par un souci de solidarité. C’est pourquoi le projet reçoit l’attention des médias internationaux, principalement ceux du Japon, des Etats-Unis et d’Europe.
Ce musée aura un impact sur la région et les communautés de Tanaff. Celles de Baghère, de Simbandi Brassou et de Dioudoubou seront les premières à en bénéficier. Car une équipe issue de la population locale sera formée par Balouo Salo aux métiers d’architecture durable et naturelle, pendant plus de trois mois. D’ailleurs, les bénéficiaires ont déjà reçu leurs diplômes délivrés par l’organisation. Ils seront les seuls en mesure de proposer de nouveau cette technologie dans d’autres contextes. D’après le directeur du chantier, Mamath Ndiaye, par ailleurs représentant de Balouo Salo au Sénégal, ce projet est quelque chose que l’on n’a jamais vu au Sénégal. Des déclarations qui corroborent avec les paroles des visiteurs sur le site, qui soutiennent qu’ils sont surpris par le travail qui est en train d’être fait sur les lieux.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)