Et Séni Mbaye s’en alla
La Médina de Dakar a perdu un autre peintre de talent, après le décès de Kré Mbaye en 2014. Son frère Seni Mbaye a rejoint le royaume des cieux, hier. Il a été inhumé au cimetière musulman de Yoff où il repose désormais.
D’un rêve de carrière militaire, tel que raconté dans une interview avec Sud Quotidien en 2015, Séni Mbaye a vécu comme peintre. C’est à croire que c’est de famille. Il est le frère de feu Kré Mbaye. Tous deux sont nés à la rue 17 de la Médina et étaient de brillants artistes. Ousseynou Mbaye de son vrai nom est décédé mercredi. Il a été enterré au cimetière musulman de Yoff, en présence du directeur des Arts, Abdoulaye Koundoul, venu représenter le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop. Ses amis du village des Arts où il était pensionnaire, depuis 1998, l’ont accompagné pour son dernier voyage. Certaines des toiles de Séni Mbaye que ses amis d’enfance appelés Wëz sont actuellement visibles sur le site www.psknews.com.
Avec le journaliste Pape Samba Kâne, le défunt artiste préparait une exposition virtuelle. ‘’Peu avant sa mort, nous avions convenu d'ouvrir, par une exposition de son travail des derniers mois, la galerie virtuelle de notre portail web psknews.com et avions commencé à "accrocher" les tableaux. Il lui restait à me communiquer les titres des œuvres. Mais l'homme propose Dieu dispose... Découvrons la flamboyante collection que Seni Mbaye, dans les derniers mois de sa vie, a laissé à la postérité. En attendent que son fils aîné Cheikhna (pour Cheikhna Cheikh Saad Bouh) Mbaye, nous communique les titres et autres informations sur ces tableaux - son père a pu lui en transmettre - que nous exposons en virtuel et en exclusivité comme l'artiste en avait convenu avec nous. Les artistes - hommes avant tout - meurent ; l'Art qu'ils laissent au monde, lui, ne meurt jamais’’, écrit M. Kâne.
Séni Mbaye était un homme qui adorait le jazz. Il était très cultivé, même s’il n’a pas fait d’études très poussées. Il a su très tôt ce qu’il voulait faire. ‘’Le peintre Séni Mbaye est allé à l’école. Un parcours « normal », comme il dit, mais, ce n’est pas là-bas qu’on lui a appris à jouer de son pinceau. Il griffonne déjà à l’époque, mais sans plus. Sans doute parce que le jeune garçon d’alors rêve d’une autre vie, car pour tout dire, il se verrait bien militaire. Il n’enfilera pourtant pas le treillis. Et lorsqu’il parle de son échec au brevet, on a comme l’impression que c’était voulu. Lorsqu’il dit aussi qu’il n’était pas très doué pour les études, on a du mal à le croire. Il dessine toujours un peu à ce moment-là, mais ce n’est pas très « sérieux ».
Un jour, alors que son grand-frère (le peintre Kré Mbaye décédé l’an dernier) lui parle d’aller faire un tour aux Beaux-arts, Séni l’écoute à peine, parce que, comme il dit, l’art ça ne fait pas vivre. Kré insiste, mais Séni est déjà loin. Il bricole un peu, s’amuse à toucher à tous les outils de leur père qui traînent à la maison, des burins, des truelles ou des râteaux. Il devient peintre, mais sans être artiste, et ses premiers clients sont des particuliers qui lui font assez confiance pour lui ouvrir les portes de leurs maisons : Séni Mbaye s’approprie les lieux et s’occupe alors de tout ce qui est décoration’’, selon Sud Quotidien. Le destin aidant, après un accident de Kré Mbaye, ils se retrouvent à travailler ensemble.
Ainsi débute une carrière professionnelle pour Séni Mbaye. De la décoration, du bricolage, de la peinture simple, il passe à la sculpture. Il aimait dire que «certaines formes sont déjà sculptées par le temps, et qu’il suffit parfois de quelques retouches…»
BIGUE BOB