Publié le 23 Jul 2019 - 19:56
NOUVELLES DANSES SENEGALAISES

Germaine Acogny regrette ‘’la vulgarité’’

 

On n’a pas besoin d’être danseur professionnel pour constater que la manière de danser est devenue vulgaire, sous nos cieux. Mais quand un professionnel le dit, ça a un sens différent. Germaine Acogny regrette ce fait, comme elle l’a dit samedi, lors de l’inauguration de l’allée Léopold Sédar Senghor et de la salle de conférence Jacqueline et Lucien Lemoine de l’Ecole des sables qu’elle a créée à Toubab Dialaw.

 

La danseuse et fondatrice de  l’Ecole des sables à Toubab Dialaw, Germaine Acogny, jette un regard sur les nouveaux pas de danse créés au Sénégal. Elle signale qu’en tant qu’amoureuse de cette discipline artistique, tout ce qu’elle ne tolère pas, c’est la vulgarité qui ponctue aujourd’hui la danse au Sénégal. ‘’J’aime toutes les formes de danse, mais ce que je n’aime pas, c’est la vulgarité. Toute forme de danse, qu’elle soit traditionnelle, contemporaine, urbaine, danse de salon, ce que je n’admets pas, c’est la vulgarité’’, indique-t-elle.

C’était à l’occasion, le week-end dernier, de l’inauguration de l’allée Léopold Sédar Senghor et de la salle de conférence baptisée Jacqueline et Lucien Lemoine. Prenant l’exemple de la danse du ‘’sabar’’ autrefois, elle précise que ‘’lorsque nos mamans dansaient le ‘sabar’, c’était la classe, les chevilles apparaissaient à peine. Mais maintenant, on montre tout’’, regrette l’ancienne membre de Mudra Afrique. ‘’On n’a qu’à revenir à nos traditions. Cela ne veut pas dire qu’on régresse, mais je dis qu’il nous faut prendre exemple sur nos grands-parents qui avaient une certaine élégance’’, suggère-t-elle.

Par ailleurs, Germaine Acogny se félicite du travail que l’Ecole des sables abat depuis toujours. Ce dernier  lui a d’ailleurs valu la distinction reçue récemment de la Cedeao. Le prix d’Excellence des arts et des lettres, qui est, à ses yeux, une consécration. ‘’C’est un grand pas d’avoir dédié le prix d’Excellence des arts et des lettres à une femme, danseuse de surcroit, chorégraphe... C’est un grand pas d’être reconnue devant une quinzaine de chefs d’Etat. Pour moi, c’est le prix le plus prestigieux’’, s’est-elle réjouie.

Pourtant, elle a reçu le Bc Awards, le plus grand prix d’interprétation de la danse aux Etats-Unis. Mais elle ne le considère comme étant le plus important de sa carrière. Dans sa conception des choses, rien n’égale les reconnaissances qui viennent de son continent. ‘’Certains pensent que ce qui vient d’ailleurs est mieux, mais moi,  je considère que ce sont les prix africains qui sont bien mieux. Le Yennenga, par exemple, je le considère plus haut et même égal à Cannes’’, dit-elle. C’est pourquoi elle a lancé un appel aux Africains qui, selon elle, doivent ‘’se considérer’’.  Cela signifie que les Africains doivent se mettre au même niveau que les autres  car, à l’en croire, ‘’ce ne sont pas les autres qui vont nous mettre à ce niveau-là’’. 

En outre, l’Ecole des sables  qui baptisait ce week-end une allée portant le nom du président poète Léopold Sédar Senghor  a choisi ce dernier pour des raisons particulières. ‘’Léopold Sédar Senghor était poète et président, et a créé cette nation sur la base de la culture. Il a voulu faire du Sénégal la Grèce de l’Afrique où il y a les écrivains, les arts plastiques, la danse, la musique sous une forme moderne. C’est tout à fait normal qu’on lui dédie cette allée’’, explique-t-elle. Elle a baptisé la salle de conférence de son académie Jacqueline et Lucien Lemoine, ce couple haïtien amoureux du Sénégal. Germaine Acogny  a rappelé qu’ils étaient  d’extraordinaires personnalités du théâtre et de la littérature, adoptées par le président Senghor. Mais également, ils ont été, selon elle, ‘’les parents spirituels de plusieurs artistes comme le poète Amadou Lamine Sall. Nous avons vécu à leurs côtés et ils nous ont beaucoup appris’’.

Suffisant, pour elle, pour leur dédier ‘’la salle de conférence où nous travaillons l’intellect, cette salle où nous créons’’.

PAPE MOUSSA GUEYE

 

Section: 
ANNIVERSAIRE COUMBA GAWLO SECK : Les 40 glorieuses de la diva 
THIAROYE 1944-2024 : Le Sénégal face à son histoire, la France face à ses responsabilités
VERNISSAGE DE L'EXPOSITION "VOIX DU SILENCE : TRACE ET RÉSONANCE" : Lever le voile sur l'avortement clandestin
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024