Publié le 25 Jul 2019 - 22:50
REFORME INSTITUTIONNELLE

Maxime, le Sg omniprésent

 

Il ne faut jamais tuer Maxime trop tôt. Passé de secrétaire général de la présidence à celui du gouvernement, certains l’avaient voué au Golgotha. Mais Maxime Jean Simon Ndiaye semble trop précieux pour le président Macky Sall, pour être voué aux gémonies. Avec la nouvelle clé de répartition des services de l’Etat, il n’y a plus de doute. L’ancien secrétaire général de la présidence devient incontournable dans le dispositif.

 

Si le secrétaire général de la présidence de la République est introuvable, son homologue du gouvernement, lui, est bien là. Maxime Jean Simon Ndiaye serait même trop présent, selon des sources proches du pouvoir. A tort ou à raison, certains l’accusent de s’immiscer même dans les prérogatives de certains de ses collègues. Nos interlocuteurs citent nommément la porte-parole du gouvernement, Ndèye Ticket Ndiaye, avec qui il entretiendrait des relations exécrables. Le péché de la dame serait d’être coupable de plusieurs légèretés, au goût de M. Ndiaye.

A en croire nos interlocuteurs, l’ancien Sg de la présidence épie tout le monde dans le gouvernement. Il fait faire des bulletins sur tous les membres de l’institution. Ce qui n’est pas pour plaire à certaines grosses pontes du régime.

L’on se rappelle que, récemment, une certaine presse avait beaucoup épilogué sur la signature d’un communiqué du Conseil des ministres par Maxime, à la place de Ndèye. C’était le cas, notamment, le 19 juin 2019. Mais l’accusation a vite été balayée par des membres du palais qui invoquaient plutôt ‘’un voyage’’ du porte-parole attitré pour justifier la signature des communiqués par le tout-puissant collaborateur du président.

Homme de confiance de Macky Sall, Maxime Jean Simon Ndiaye a gagné encore des galons, depuis quelques jours, dans l’establishment présidentiel. Dans son édition du 8 juillet, le quotidien gouvernemental ‘’Le Soleil’’ écrivait : ‘’L’essentiel des entités de la défunte Primature est allé au secrétaire général du gouvernement.’’ Pour le journaliste Pape Sané, ce dernier n’est ni plus ni moins qu’un Premier ministre qui ne dit pas son nom. Ce qui ne devrait pas être une surprise, selon le journaliste de ‘’Source A’’. Qui développe : ‘’Avec la dernière réforme, il fallait s’attendre à la naissance d’un nouvel homme fort. Dans tous les gouvernements du monde, les présidents ont besoin d’un homme fort, pour les seconder dans les tâches de l’Exécutif. Un gouvernement sans un homme fort ne peut pas répondre à certaines exigences. Et ce qui est clair avec ce nouvel attelage gouvernemental, c’est que cet homme fort n’est personne d’autre que Maxime Jean Simon Ndiaye. Qu’on le dise ou pas.’’ Cette affirmation semble, en tout cas, crédible, à la lecture de l’édition du quotidien national susmentionné.

Il ressort, en effet, de ce document exclusif que Maxime pèse désormais : cinq directions, quatre bureaux, plusieurs cellules, dont celle en charge du contrôle des véhicules administratifs, le Conseil national de lutte contre le sida, l’Autorité de régulation des marchés publics, entre autres.

En fait, Maxime est désormais l’architecte du gouvernement. ‘’Il faut savoir que même avec la Primature, le secrétariat général était le métronome. En l’absence de Pm, il prend les pleins pouvoirs et a la mainmise sur l’Administration. Il est la courroie de transmission entre le Pr et les ministres. Il est le représentant du Pr auprès des autres ministres. Qu’on le veuille ou pas, il est le troisième homme fort de cette République, même si on ne le dit pas’’, écrit M. Sané.

‘’Il a quand même la confiance du président de la République et c’est le plus important’’

Maintenant, Maxime a-t-il l’étoffe pour être le nouvel homme fort, le numéro deux du régime ? Notre interlocuteur est plus ou moins nuancé. De l’avis de Pape Sané, administrativement, oui. Mais il faut savoir, s’empresse-t-il d’ajouter, que ‘’l’ère des hauts commis de l’Etat est révolue, depuis l’époque de Wade. Macky Sall est venu l’accentuer. On devrait dire que Maxime a l’étoffe, parce qu’il a une brillante carrière administrative. Mais, politiquement, est-ce que l’homme est outillé pour incarner cet homme fort ? Je ne le pense pas. Mais il a quand même la confiance du président de la République et c’est le plus important’’.

En tout état de cause, il faudra aussi retenir que Maxime est loin d’être un enfant de chœur. Dans le régime, non seulement, il a su faire des carrières, mais il en a aussi défait. ‘’Il fait partie de la race de ces gens qu’on qualifie de personnes froides. Ce sont des gens qui sont là pour exécuter les ordres du président. C’est quelqu’un qui est prêt à aller au charbon pour casser toute velléité de contestation du chef de l’Etat’’, renseigne Pape Sané.

En réalité, en l’absence de Pm, il arrive d’ailleurs que le chef de l’Etat désigne Maxime pour piloter ou coordonner certaines tâches transversales qui dépassent les compétences d’un seul département. C’est le cas pour ce qui est de la rationalisation des agences d’exécution et entités assimilées, soit par fusion, soit par mutation juridique en société anonyme ou en établissement public. ‘’Le président de la République a, à cet effet, instruit le ministre secrétaire général du Gouvernement et le ministre des Finances et du Budget de lui dresser, dans les meilleurs délais, le plan de rationalisation de ces entités et, subséquemment, d’envisager un plan de redéploiement des personnels de ces entités ou un plan social, selon le cas’’, informait le communiqué du Cm signé par Jean Maxime lui-même.

Ainsi donc, par les temps qui courent, le gourou du président est, selon nombre de témoins, celui avec lequel la proximité est un atout pour une longévité dans la galaxie Sall.

Mais aussi puissant soit-il, Jean Maxime ne compte pas que des amis. Dans le palais tout comme dans le gouvernement. Ses méthodes, froides, austères, à la limite, antipathiques, ne sont pas pour plaire à tous les gens du ‘’Macky’’. Pour ses sympathisants, Maxime est un travailleur rigoureux, très à cheval sur les principes qui régissent le fonctionnement de l’Administration. Pour ses détracteurs, il est simplement sournois et insensible. 

Né en 1969, Maxime Jean Simon chemine avec le chef de l’Etat depuis au moins son passage au ministère de l’Intérieur, sous le régime du président Abdoulaye Wade, au début des années 2000. Depuis lors, les deux hommes ne se sont presque jamais quittés.

REFORME INSTITUTIONNELLE

Dionne, le Sg fantôme

Mahammed Boun Abdallah Dionne est éloigné du pays depuis son départ de la Primature, pour raison médicale. Même si certains rechignent encore à croire à une telle explication, plusieurs sources attestent que Dionne est bien souffrant.

Sa nomination comme secrétaire général de la présidence de la République du Sénégal avait suscité moult commentaires. Certains y avaient déjà vu une manière intelligente de le dégrader sans le froisser, lui qui avait été un Premier ministre si fidèle. Depuis lors, très rares sont les apparitions de Mahammed Boun Abdallah Dionne. En public comme dans les rendez-vous officiels de la République. Lors de la cérémonie de remise des cahiers de doléances déjà, à l’occasion de la Fête internationale du travail, d’aucuns ne manquaient d’ailleurs pas d’épiloguer sur son absence. Lui qui avait l’habitude de s’assoir juste à côté du chef de l’Etat. Ce jour-là, c’est le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, qui lui avait ravi la vedette, aux côtés du président Macky Sall.

Depuis, Dionne a complètement disparu des radars. Laissant derrière lui toutes sortes de supputations. Ce, malgré la raison ‘’médicale’’ avancée pour justifier son absence de plus d’un mois. Un de ses proches confirme, mais révèle à ‘’EnQuête’’ que l’homme a été un peu déçu avec la suppression du poste de Pm qu’il occupait depuis 2014. D’ailleurs, l’un de ses plus grands pourfendeurs, Ousmane Sonko, sincèrement ou ironiquement, lui souhaitait dernièrement ‘’un prompt rétablissement’’, en s’empressant d’ajouter que l’ex-Pm ‘’ne se serait vraisemblablement pas remis du coup de Jarnac constitutionnel que son ‘’ami’’ (Macky Sall) lui a donné, malgré son ardeur et son dévouement à couvrir ses illégalités’’.

Quoi qu’il en soit, depuis sa nomination comme Sg suivie de la suppression de son poste de Pm, Mahammed Boun Abdallah Dionne n’est plus aussi présent dans l’espace public. Tout comme dans les arcanes de l’Etat. Ses accrochages avec les adversaires politiques ont complètement disparu de la scène. Et autant les Sénégalais s’interrogent sur son absence, autant on s’interroge sur la personne qui assure son intérim.

‘’En fait, il n’y a pas du tout à s’inquiéter, confie cette source proche du palais. La  maison présidentielle, à l’en croire, est très bien gardée par le secrétaire général adjoint de la Présidence, en l’occurrence Oumar Samba Ba’’. En fait, l’institution peut avoir jusqu’à trois Sga. Un qui est chargé des affaires sociales et politiques, un autre qui doit s’occuper des affaires administratives et enfin un Sga chargé affaires économiques. Outre Oumar Samba, Dionne, en rejoignant la présidence, a emmené dans ses bagages son ancien directeur de cabinet à la Primature, Diatourou Ndiaye. Tout un staff qui va devoir, en l’absence de leur mentor, se démultiplier pour une bonne gestion des affaires sensibles de la présidence.

En fait, le poste de secrétaire général est hautement stratégique. En atteste la prérogative que lui accorde la loi d’être même délégataire de la signature du chef de l’Etat. Aussi, assiste-t-il aux Conseils des ministres, aux Conseils présidentiels et aux Conseils interministériels. Il participe également aux séances de travail présidées par le président de la République. Pour mener à bien sa mission, il dispose d’un chef de cabinet, d’un secrétariat, de chargés de missions, entre autres.

‘’Le secrétaire général assiste, en relation avec le directeur de cabinet, le président de la République dans ses tâches de détermination et de conduite de la politique de la nation. Il dispose, pour ce faire, d’une équipe de conseillers spéciaux et de conseillers techniques nommés par arrêté du président de la République et organisés en cellules’’, lit-on dans le décret portant fonctionnement de la présidence de la République.   

MOR AMAR

 

Section: 
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