La santé des adolescents et des jeunes au menu
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En matière de santé de la reproduction, les adolescents et les jeunes ont besoin d’informations. Conscients du phénomène croissant, avec une sexualité de plus en plus précoce et débridée, les professionnels de la santé veulent renforcer les compétences, avec l’introduction de nouveaux modules sur les instituts de prévoyance maladie (Ipm) à l’université.
Il n’est plus question, pour les professionnels de la santé qui n’ont pas les moyens de renforcer leurs compétences, d’envier les autres. Ils ont la chance de se former à Dakar. La 12e édition de l’Université francophone de Dakar en promotion de la santé est ouverte, du 20 au 25 octobre. Elle permet, selon le président de l’Ong AcDev, coordonnateur de ladite université d’été de Dakar, Docteur Cheikh Tidiane Athié, de faire dispenser des cours de haute facture aux professionnels et gestionnaires de programmes de santé et à tous ceux qui seraient intéressés par la santé communautaire publique. L’innovation de cette année, c’est qu’ils ont introduit de nouveaux modules. Il s’agit de modules sur les instituts de prévoyance maladie (Ipm).
‘’On a commencé à mener, cette année, des panels. Le premier qu’on va organiser, c’est en collaboration avec le Programme national de lutte contre la tuberculose, sur la situation de cette pathologie. Le deuxième portera sur les médicaments de la rue’’, explique Dr Athié. Pour lui, la pérennisation de l’université n’est pas évidente. Mais, de plus en plus, ils sont en train de professionnaliser l’université, de faire en sorte que les institutions sénégalaises s’intéressent à cela et se l’approprient. C’est de la seule façon, dit-il, qu’ils pourront y arriver. Parce que, informe-t-il, depuis trois ans, l’Agence de la couverture maladie universelle, la Coopération française, les Ipm, le Pnt et d’autres structures s’intéressent à cette université, car elles y trouvent un cadre de formation, selon leurs préoccupations. ‘’Nous sommes en train de bien le faire avec nos partenaires du ministère de la Santé’’.
‘’Avec une sexualité de plus en plus précoce, de plus en plus débridée…’’
C’est sur le thème ‘’Santé de la reproduction des adolescents et des jeunes’’ que ces universitaires vont mieux accentuer leur formation. De l’avis du coordonnateur, ce choix s’explique du fait que le sujet est d’actualité. D’autant que les programmes qui sont mis en œuvre sont certes importants, mais insuffisants. ‘’Les jeunes ont des besoins croissants en matière de connaissance, d’accès à des structures qui répondent à leurs préoccupations. Mais tout ceci manque. Face à ce phénomène croissant, avec une sexualité de plus en plus précoce, de plus en plus débridée, il urge maintenant d’informer les gens sur des pistes qu’il faut avoir, pour aller vers l’information. Nous devons aussi élaborer des stratégies pour le développement du dialogue des parents et des enfants. Il faut aller vers la mise en place de structures simples où les jeunes trouveraient des réponses à leurs préoccupations en matière de santé sexuelle et de la reproduction’’, souligne le médecin.
Dans ce dessein, ils ont déjà ouvert des centres conseils occupés par des sages-femmes qui ont tout l’équipement nécessaire et le personnel, avec des jeunes pairs éducateurs qui apportent des conseils et leur soutien en matière de consulting. Même des soins pour les infections sexuellement transmissibles (Ist), souligne le médecin, des dépistages du sida, des services adaptés aux jeunes y sont assurés.
Dans la même veine, le responsable de la recherche au ministère de la Santé et de l’Action sociale, Docteur Samba Kor Sarr, souligne qu’ils ont un important programme de recherche sur la santé des adolescents et des jeunes qui rentre dans l’Initiative santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent. Cette initiative couvre, aujourd’hui, presque toute la sous-région.
‘’C’est un consortium qui travaille pour montrer qu’en utilisant les organisations communautaires comme les ‘bajenou gox’, il est possible d’améliorer les indicateurs dans les domaines de la santé des adolescents. On est dans une recherche qui devrait faire au moins 4 ans. On a également un autre programme de recherche que nous venons de gagner, avec l’appui du Canada, qui rentre dans le cadre de ‘Comment améliorer le système de communication en santé de la reproduction chez les ados jeunes’. Nous sommes en train de travailler sur un autre programme de recherche qui porte sur ‘Comment développer une communication scientifique, dans le cadre de l’amélioration de la santé de la mère de l’enfant, de l’adolescent et des jeunes’’’, fait-il savoir.
Par ailleurs, s’agissant de la problématique des ressources humaines, Dr Sarr a soutenu que le ministère essaye de développer des actions de renforcement de capacités pour l’ensemble des acteurs. Il veut faire en sorte que chaque Sénégalais puisse développer des actions favorables à la santé. ‘’La problématique de la santé va devenir une préoccupation de la collectivité. Un seul département ministériel ne peut pas régler le problème de santé des populations. Il faut faire en sorte que cela soit une problématique communautaire. Que tous les acteurs s’impliquent’’.
A son avis, il va falloir remettre en selle la communauté, dans l’optique d’aller plus vite et de façon plus coordonnée, pour une bonne prise en charge de la santé dans sa globalité. Mais ne pas penser qu’en ayant autant de médecins et d’infirmiers, on peut régler le problème. Il faudrait, selon Dr Sarr, développer une activité de communication qui fera de sorte que chaque élément de la population soit lui-même un acteur de la santé.
VIVIANE DIATTA